Politique
Notre Invité Afrique de ce vendredi 22 juillet est le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme. Zeid Ra’ad Zeid Al-Hussein a terminé jeudi, une visite de quatre jours en République démocratique du Congo, la première depuis le début de son mandat. Le haut-commissaire s’est rendu dans les Kivus, à Goma, Bukavu, pour terminer par Kinshasa la capitale. Il répond aux questions de Sonia Rolley.
RFI : Au vu de la restriction de l’espace politique que vous dénoncez, la multiplication des violations des droits de l’homme à caractère politique, pensez-vous qu’il peut y avoir un dialogue ou même des élections crédibles dans le pays ?
Zeid Ra'ad Zeid Al-Hussein : Je pense qu’il sera extrêmement difficile d’avoir un dialogue qui ait du sens. Un dialogue crédible ne peut se dérouler que quand toutes les parties pourront exprimer leur sentiment, sans risque de représailles ou d’être emprisonnées. Donc, même si je soutiens l’appel du président à un dialogue inclusif, il est inconcevable qu’il puisse se tenir sans que les conditions ne changent. J’ai reçu l’assurance de la part des chefs des différents services de sécurité qu’ils respectent les droits de l’homme. Et ma réponse a été que, quand je verrai dans les marchés, les rues, les différentes villes du pays, une ouverture de l’espace politique, je serai le premier à me féliciter de ces déclarations. Mais pour le moment, non, je ne pense pas que la restriction de l’espace politique actuelle permette un dialogue viable tel que requis.
Quelles sont les mesures que vous avez recommandées aux autorités pour permettre l’ouverture d’un dialogue crédible ? Vous avez notamment évoqué la libération de prisonniers.
Effectivement et les autorités avec lesquelles j’ai parlé ont dit qu’elles accueilleraient favorablement une liste de noms que nous allons leur soumettre. Nous nous sommes également concentrés sur un certain nombre de problèmes comme le besoin de ne pas faire un usage excessif de la force dans le contrôle de la foule et notamment l’utilisation d’armes létales. Et ils nous ont parlé d’une nouvelle réglementation sur le contrôle des masses. Comme je le dis, nous avons bien accueilli les déclarations qui nous ont été faites, mais on ne pourra réellement s’en féliciter que quand il y aura un réel changement.
S’il n’y a pas ce changement que vous souhaitez, est-ce que vous seriez favorable à des sanctions ciblées contre des responsables des services de sécurité ?
Je suis bien placé pour en parler puisque j’étais à la tête du comité de sanctions pour la RDC, tous les moyens, dans le respect de la loi, qui peuvent permettre de changer les comportements, doivent être envisagés. Nous aimerions plutôt avoir un dialogue positif, persuader, mais si les droits de l’homme sont violés et qu’on pense que des pressions sous forme de sanctions ciblées sont nécessaires, je n’ai aucune objection, et parfois je pense même que c’est nécessaire.
Au mois de juin, selon l’ONU, 70 % des violations recensées dans le pays par vos services sont du fait des agents étatiques. Or on sait que la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) collabore, coopère avec ces mêmes forces de sécurité. Si la tendance se poursuit, ne faudra-t-il pas revoir cette coopération ?
Je comprends votre question. Je crois que ce qui est clair, c’est que les Nations unies sont soumises à la politique de diligence voulue en matière de respect des droits de l’homme. Nous attendons que toutes les composantes des Nations unies la respectent scrupuleusement et soient vigilantes dans leurs interactions avec les acteurs étatiques. C’est vrai qu’il faut qu’on soit vigilant sur le fait de ne pas être complice, ou perçu comme étant de mèche avec les auteurs de ces violations. Mais je ne peux pas parler au nom de la Monusco, mais je pense que sur toutes les opérations de maintien de la paix, ces relations doivent faire l’objet d’une attention particulière.
Les casques bleus sont accusés au Congo depuis des mois, des années et notamment à Beni, de ne pas faire assez pour protéger les civils. Est-ce que vous pensez qu’ils doivent faire plus ?
J’ai été avec mon cher ami, le directeur du bureau conjoint, casque bleu, il y a des années en ex-Yougoslavie, et nous avons vécu Sebrenica. Depuis, tous ceux qui ont été traumatisés par cet événement, nous croyons qu’il faut un mandat fort de protection des civils, des règles d’engagement claires et surtout l’engagement des pays contributeurs de troupes à respecter ces obligations.
Malheureusement, et depuis de nombreuses années, ce qui arrive, c’est que les états-majors nationaux prennent le pas sur le commandement onusien, ce qui complique la tâche. J’ai vu des rapports faisant état de cette inaction des casques bleus dans la protection des civils, et c’est vraiment dommage. Ce n’est pas possible que des gens soient tués, leurs maisons brûlées et que les casques bleus ne fassent rien.
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