Politique
Alors que tous les médiateurs et autres envoyés spéciaux se sont cassé les dents sur le rébus congolais et que se multipliaient les prophéties autoréalisatrices promettant le pire, c’est l’Eglise catholique qui, sans avoir encore trouvé de solution a, au minimum, réussi à faire baisser la tension.
S’agissait-il d’une réunion prévue depuis longtemps (tous les cinq ans les évêques de chaque pays sont reçus en audience par le Pape) ou d’une invitation de dernière minute permettant de gagner du temps et de passer le cap de la date fatidique du 19 décembre ? Toujours est-il qu’en abandonnant brusquement les participants au dialogue - représentants de la majorité et porte-parole de l’opposition -, les évêques catholiques, membres de la CENCO (conférence épiscopale) ont désamorcé une crise imminente : la suite de la réunion ayant été postposée au mercredi 21, les partis se sont abstenus d’appeler à manifester le 19 !
D’ici la reprise des discussions, les esprits auront eu le temps de se refroidir et le « momentum, » celui d’une déflagration populaire qui aurait pu déclencher une violente répression sinon emporter le régime, sera passé. On peut espérer que les participants au dialogue, exhortés par le Pape François « à construire des ponts et non des murs » aborderont la suite des négociations en capitalisant sur l’essentiel, c’est-à-dire la nécessité d’organiser des élections apaisées dans un délai raisonnable, validé par des experts, avec une commission électorale réformée, ayant retrouvé sa crédibilité.
Restera à régler le sort du chef de l’Etat : Joseph Kabila restera sans doute en fonctions durant la période précédant les élections mais, malgré ses ruses, il n’y a pas d’autre choix que le prendre au mot lorsqu’il assure qu’il respectera le prescrit constitutionnel dans toutes ses dispositions et cédera le pouvoir à son successeur élu.
Si tel ne devrait pas être le cas, les partis politiques garderont la possibilité de réagir mais surtout, l’Eglise catholique, toujours elle, en accord avec les autres confessions, garde à sa disposition l’arme absolue : des manifestations de masse qui réuniraient tous les croyants, curés et pasteurs ouvrant les cortèges.
Au Congo, nul n’a oublié la « marche des chrétiens », sévèrement réprimée par le régime Mobutu en février 1992, qui contribua grandement à discréditer le régime t à précipiter sa fin. Dans ce pays où 80% de la population appartient à une église, catholique, protestante ou évangélique, la mobilisation des chrétiens, aujourd’hui comme hier, pourrait s’avérer déterminante.
Quant à l’Eglise catholique, à l’inverse des partis politiques, elle est indépendante du pouvoir et, grâce au maillage des paroisses, des services sociaux, des innombrables associations, elle est plus proche de la population que n’importe quel tribun politique, à fortiori si ce dernier vit à l’étranger ou s’y est réfugié.
Quant au pape François, précisément grâce à ce réseau des institutions catholiques, grâce aux évêques qui lui font rapport, grâce aux curés de paroisse présents sur tout le territoire, sans parler des circuits particuliers des Jésuites, il est mieux informé de l’état réel du Congo que n’importe quel diplomate…
S’il devait se confirmer que l’Eglise catholique a désamorcé la crise, le service ne sera sans doute pas gratuit : il faut se rappeler qu’en septembre dernier, alors que tous l’attendaient aux Nations unies pour lui faire la leçon, le président Kabila, à la surprise générale, fut reçu au Vatican au moment même où on l’attendait à New York !
Le pape François avait reçu le lundi 26 septembre 2016 le président Joseph Kabila au Vatican. (© REUTERS/Andrew Medichini/Pool)
Si l’on ignore évidemment tout du contenu des entretiens avec les papes François et Benoît, on peut cependant supposer que les Papes firent entendre la voix de la raison à leur interlocuteur, c’est-à-dire l’obligation d’organiser des élections crédibles dans un délai raisonnable, de ne pas s’accrocher au pouvoir et de ne pas faire couler le sang.
C’est que le Souverain Pontif, plus que d’autres membres de la « communauté internationale » qui songent d’abord à leurs intérêts, est soucieux de ne pas déstabiliser le Congo, - ce qui rendrait cet immense pays vulnérable à la poussée de l’islam ou plutôt de l’islamisme - et hypothéquerait pour longtemps le décollage d’Afrique centrale tout entière…
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