Nord-Kivu : des questions sans réponse autour de la reddition de Sheka, le seigneur de la milice NDC

Un spectacle inédit a été vécu mercredi 26 juillet 2017 à Mutongo, à une dizaine de kilomètres au nord du territoire de Walikale dans la province du Nord-Kivu. Il s'agit de la reddition de Ntabo Ntaberi Sheka, fondateur et chef du groupe rebelle Nduma défense of Congo (NDC), mouvement actif dans la province du Nord-Kivu.

S'étant rendu à la Monusco, cette dernière a indiqué, à travers un communiqué de presse rendu public ce même mercredi, le transfert de ce chef milicien en ville de Goma.

Cette même source indique que Sheka s'est présenté de lui-même en pleine conscience et connaissance du fait qu'il est l'objet d'un mandat d'arrêt.

Elle affirme son engagement à soutenir les autorités judiciaires compétentes menant des poursuites criminelles dans le cadre de violations des droits de l'homme, conformément aux règles du droit.

La Monusco a rappelé avoir un accord permanent avec le gouvernement de la RDC qui garantit que toute personne sous sa supervision remise aux autorités nationales soit traitée dans le respect des droits de l'homme.

Il convient de noter que cette information n'a pas encore été confirmée ni par les autorités politico administratives, moins encore par les autorités militaires congolaises.

Pour la Société civile, coordination provinciale du Nord-Kivu, c'est un sentiment de satisfaction. Dans une interview téléphonique avec mediacongo.net, Thomas d'Aquin Mwithi pense que cette reddition pourra apporter des avancés face au retour de la paix au Nord-Kivu.

Pour lui, cette reddition va apporter quelque chose au retour de la paix au Nord-Kivu à condition que son encadrement soit efficace, « puisqu'il n'est pas le premier à se rendre ».

"Il s'était déjà rendu puis avait repris avec les armes, parce qu'il n'a pas bénéficié d'un encadrement souhaitable. Même les démobilisés ne sont pas accompagnés de manière efficiente pour qu'ils soient intégrés efficacement dans la communauté locale. Il y a donc beaucoup de conditions pour que sa reddition soit une réussite totale. Elle doit être une leçon pour les autres groupes armés. Qu'ils se démobilisent pour ne pas chaque fois s'attaquer à la population, moins encore aux forces armées de la RDC.

L'encadrement pour quelqu'un qui se démobilise, c'est d'entrer dans une école où l'on quitte après avoir oublié les tueries et autres exactions pour qu'il soit resocialisé et redevenir citoyen ordinaire. Il faut qu'il y ait un processus de réinstallation pour être efficace aussi.

Et ça doit être accompagné par un gouvernement responsable, mais ce qui n'a jamais été fait pour ceux qui se sont rendus bien avant", a dit le président de la société civile au Nord-Kivu.

Cette reddition intervient après plus de deux semaines de violents affrontements entre les Nduma défense of Congo de ce chef rebelle et les Mazembe dans plusieurs entités au sud du territoire de Lubero.

Accrochages ayant occasionné plusieurs morts dans toutes les parties et un déplacement sans précédent de la population, fuyant leur activisme.

Avec combien d'hommes, ou armes et munitions s'est rendu Sheka ? Cette question reste sans réponse car les autorités ne se sont pas encore prononcées.

En rappel, Ntabo Ntaberi Sheka est recherché depuis 2011 après avoir été l'objet d'un mandat d'arrêt délivré par la justice congolaise pour crimes contre l'humanité par viols de masse.