Au Kivu : Nikki Haley face aux manifestations anti-Kabila

A 24 heures de sa rencontre avec le chef de l’Etat, l’envoyée spéciale de Donald Trump a compris combien le peuple est hostile au maintien au pouvoir du régime en place. Au même moment, à Kinshasa, les membres du Rassemblement n’étaient pas en reste

L’Emissaire du président américain qui séjourne en RDC depuis le mercredi 25 octobre, a fait, hier, un aller-retour en direction de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Sa principale destination dans cette partie du pays était Kitchanga, une localité du territoire de Masisi, située à 80 Km de la capitale provinciale du Nord-Kivu, où le ciel est toujours couvert de brume.

C’est aussi un carrefour potentiel des activités des groupes armés autour des gisements miniers. Le général Nkunda y avait installé le quartier général de sa rébellion dénommée Congrès national pour la défense du peuple, CNDP. Mis en déroute, ce groupe armé a donné lieu au Mouvement du 23 mars ou M23.

Avant de quitter les Etats-Unis, l’Ambassadrice Nikki Haley n’a pas manqué d’avoir été au fait de la situation sur cette contrée, d’autant plus que Mme Hillary Clinton, à l’époque Secrétaire d’Etat ou chef de la diplomatie américaine, avait marqué sa présence dans cette partie du Nord-Kivu, longtemps restée bastion du M23.

A l’étape de Goma, avant de prendre un hélicoptère de la Mission onusienne en RDC pour Kitchanga, l’Ambassadrice des Etats-Unis aux Nations-Unies a vécu une manifestation anti-Kabila. Les partis politiques comme le MSR et l’ARC ainsi que des membres des mouvements pro-démocratie présents, à l’instar de la LUCHA, dans cette ville, se sont mobilisés devant les locaux de la MONUSCO pour exprimer leurs déboires contre le régime en place.

Ils ont brandi des banderoles reprenant des messages tels : « 17 ans de Kabila, 17 ans de misère et de chômage! Trop c’est trop! », « les Etats-Unis ne doivent pas soutenir le régime de Kabila » et « Justice pour Zaida Catalan et Michael Sharp », les deux experts onusiens respectivement de nationalité suédo-Chilienne et américaine, tués en mars dernier à Dibaya, au Kasaï-Central où ils séjournaient pour raison d’enquête sur le drame dans cette partie de la RDC à la suite d’un conflit coutumier mal négocié.

Pendant qu’elle découvrait, à Goma, l’hostilité contre le maintien de Joseph Kabila au pouvoir, elle n’a pas manqué d’avoir l’écho sur le retour triomphal de Félix Tshilombo Tshisekedi dans la capitale après les humiliations subies à Lubumbashi. Les membres du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement ont voulu consoler leur président qui a été empêché de communier avec leurs collègues du Haut-Katanga sur la tenue des élections conformément à l’Accord de la Saint Sylvestre.

Durant son séjour lushois, le No 1 du RASSOP a vécu un calvaire insupportable. Les esprits avisés ont déploré l’attitude du maire de Lubumbashi. Sauf changement de dernière minute, Nikki Haley rencontre aujourd’hui le président Joseph Kabila, Corneille Nangaa de la CENI, Mgr Utembi de la Cenco et Maman Sidikou de la Monusco.

Elle a déjà une idée sur le premier cité à partir de ce qu’elle a vécu à Goma et entendu sur le retour à Kinshasa de Félix Tshisekedi. La position du président de la CENCO n’a jamais changé : le respect de l’Accord signé sous l’égide de l’institution qu’il dirige. Nangaa trouvera une occasion de plus pour insister sur ses « 504 » jours, mais avec quels résultats ?

Le représentant des Nations-Unies n’ira pas, on s’imagine, à l’encontre de la volonté maintes fois exprimée du Conseil de Sécurité de l’ONU.