Afrique
Les organisations telles qu’Amnesty international, l’OIM et MSF soulignent qu’elles ont tiré la sonnette d’alarme depuis des mois sur les viols, les tortures et l’esclavage de milliers de migrants africains en Libye.
Le monde entier s’est indigné des images en caméra cachée d’une vente aux enchères de jeunes Africains en Libye, près de Tripoli, diffusées le 14 novembre sur CNN. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit « horrifié », le président de l’Union africaine Alpha Condé « indigné », l’Union européenne « révoltée » et la France a réclamé une réunion « expresse » du conseil de sécurité de l’ONU.
Pourtant, les ONG et les experts assènent que cette situation et ces pratiques étaient déjà connues des organisations internationales et des leaders politiques. « Les prises d’otages, les violences, la torture, les viols, sont monnaie courante en Libye, et l’esclavage, on en parle depuis longtemps », assure Alioune Tine, directeur Afrique de l’ouest et du centre d’Amnesty international, basé à Dakar.
« Une entreprise prospère d’enlèvement, de torture et d’extorsion »
Les organisations d’aide aux migrants n’ont cessé d’alerter sur la dégradation de la situation. Dès avril, l’Organisation internationale pour les migrations rapportait l’existence de « marchés aux esclaves » en Libye. « Ils y deviennent des marchandises à acheter, vendre et jeter lorsqu’elles ne valent plus rien », soulignait Leonard Doyle, porte-parole de l’OIM à Genève.
En septembre, la présidente de Médecins sans frontières, Joanne Liu, avait publié une lettre ouverte aux gouvernements européens, dénonçant « une entreprise prospère d’enlèvement, de torture et d’extorsion » en Libye.
En proie au chaos depuis la chute en 2011 du régime Kadhafi, la Libye est la plaque tournante du transit des migrants d’Afrique subsaharienne qui cherchent à gagner l’Europe. L’UE peine à trouver des solutions pour contrôler ce flux migratoire, laissant ces candidats à l’exil à la merci des passeurs et trafiquants.
« En Libye, les noirs n’ont aucun droit », confiait ainsi en septembre Karamo Keita, un jeune Gambien de 27 ans, rapatrié dans son pays. « Nous avons été emmenés dans plusieurs fermes où notre geôlier libyen nous vendait comme esclaves ».
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