Société
Me Georges Kapiamba, président de l'Association congolaise pour l'accès à la justice (Acaj), a tenu un point de presse ce jeudi 1er décembre, occasion pour lui de donner le bilan de la manifestation du Rassop du 30 novembre dernier, en terme d'interpellations, enlèvements et autres blessés.
Dans son communiqué, l'Acaj "condamne la répression répétée des manifestations" et demande "aux autorités de la RDC d’y mettre fin car le droit de manifester est garanti par la Constitution de la RDC".
Pour Georges Kapiamba, "Les militaires et policiers ont fait l’usage excessif de gaz lacrymogènes et des armes à balles réelles contre des manifestants" allant même jusqu'à poursuivre ceux d'entre eux qui "s’étaient réfugiés dans des résidences des particuliers."
L'ONGD fait également état de témoignages de tortures et de mauvais traitements, en particulier envers des femmes. "Les manifestants arrêtés et libérés ont rapporté à l’ACAJ qu’ils ont été soit torturés, soit soumis à des mauvais traitements, en particulier les femmes à Kinshasa et Bukavu. Leur argent, téléphones et pièces d’identité ont été extorqués", rapporte-t-elle.
Ce bilan, convient-il de rappeler, intervient deux semaines après les manifestations des mouvements citoyens qui ont tenté d’exprimer, le 15 novembre dernier, leur ras-le-bol contre la prolongation du mandat de Joseph Kabila et leur désaccord sur le calendrier électoral publié récemment par la Céni.
Très actif dans la partie Est de la capitale, principalement dans la commune de Masina, le mouvement « Esili » ( Ça suffit !), est toujours sans nouvelle de ses leaders appréhendés par la police, notamment Marc Livuli, Gillchrist Kaleka Bukasa, Kitesi Munanga Honew( principal financier de l'organisation ), etc.
En conclusion, L’ACAJ "recommande au Représentant Spécial du Secrétaire Général des nations Unies et Chef de la MONUSCO et au Directeur du Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) d’informer le Conseil de Sécurité des actes de rétrécissement de l’espace des libertés publiques posés par certains responsables de la RDC".
Voici l'intégralité du communiqué de l'ACAJ au sujet des manifestations du 30 novembre 2017 :
COMMUNIQUE DE PRESSE : Répression de la marche de l’opposition du 30 novembre 2017. Un mort, 235 arrestations et 78 blessés dont 15 graves
Kinshasa, le 01 décembre 2017- L’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ) condamne la répression brutale des manifestations pacifiques organisées ce 30 novembre 2017 à travers plusieurs agglomérations de la RDC à l’appel du Rassemblement des forces politiques et sociales (Rassop).
Pour empêcher ces manifestations, les autorités ont déployé plusieurs forces de sécurité et défense et font assiéger des résidences de certains leaders de l’opposition et des bureaux de leurs partis. Tels étaient les cas à la résidence du Président du Rassop, M. Felix Tshisekedi à Kinshasa ; de Gabriel Kyungu wa Kumwanza, président de l’UNAFEC à Lubumbashi.
Les militaires et policiers ont fait l’usage excessif de gaz lacrymogènes et des armes à balles réelles contre des manifestants regroupés et même ceux qui s’étaient refugiés dans des résidences des particuliers. Ils se sont introduits sur les cités universitaires de l’UNIKIN et tiré sur tout attroupement d’étudiants et plusieurs d’entr’eux ont été blessés dont un atteint par la balle à la tête.
Plusieurs bureaux de partis politiques ont été assiégés notamment à Kinshasa, Kindu, Kananga, Mbuji-Mayi et Lubumbashi et des militants qui s’y trouvaient arrêtés brutalement. Les manifestants arrêtés et libérés ont rapporté à l’ACAJ qu’ils ont été soit torturés, soit soumis à des mauvais traitements, en particulier les femmes à Kinshasa et Bukavu. Leur argent, téléphones et pièces d’identité ont été extorqués.
Le bilan se présente à ce jour comme suit :
à Bukavu, 17 blessés dont 12 femmes ;
à Butembo, un mort, 15 blessés dont 8 graves et 4 militants Lucha détenus privés de manger et boire ;
à l’Ile d’ Idjwi au Sud-Kivu : 8 manifestants ont été arrêtés, puis libérés;
à Kamina, 4 membres de l’UDPS dont le président fédéral M. Djeny GALU détenus et 7 blessés graves;
à Kindu, 33 manifestants de 34 arrêtés ont été libérés. Il y reste un détenu qui répondant au nom de M. LEANI RASHIDI pour avoir pris des photos de la manifestation;
à Kananga : Une vingtaine de manifestants ont été blessés par balles dont Denis Mukongo, président fédéral du parti MR et le président de jeunes du même parti ;
à Mbuji-Mayi, 39 manifestants arrêtés dont 35 libérés; et 4 qui sont tous membres de Lucha restent en détention ;
à Kasindi, 13 militants Lucha détenus ;
à Kyavinyonge, un manifestant est en détention;
à Mbandaka, 32 manifestants sont en détention;
à Kinshasa, après la libération de MM. Jean-Marc KABUND (UDPS), Martin FAYULU (ECIDE), Bertrand EWANGA (FCR), Aimé NZUZI (SGA de la DC) …, et il y restent une centaine de personnes restent détenues dans différents cachots de la police et des services de sécurité civils et militaires. Le journaliste engagé Daniel SAFU a été enlevé la veille du 30 novembre 2017 par des agents de sécurité et est détenu arbitrairement et malade par la police.
Sur 235 arrêtés, 82 ont été libérés et 153 restent en détention.
Ces cas rappellent :
1. L’arrestation le 31 juillet 2017 et la condamnation de 5 militants de la société civile dont Me Timothée Mbuya à Lubumbashi ;
2. La détention au secret de 3 militants de la société civile depuis le 15/11/2017 à Boende au chef-lieu de la province de la Tchuapa pour avoir appelé à une manifestation pacifique;
3. 22 manifestants détenus à Goma depuis le 28/11 /2017.
L’ACAJ condamne la répression répétée des manifestations et demande aux autorités de la RDC d’y mettre fin car le droit de manifester est garanti par la Constitution de la RDC et plusieurs instruments juridiques internationaux qu’elle a ratifiés.
L’ACAJ exige la libération sans condition de toutes les personnes détenues et la restitution des effets personnels extorqués.
L’ACAJ exige une enquête judiciaire indépendante, impartiale et exhaustive sur toutes les répressions des manifestations et des poursuites judiciaires contre les responsables de la police et des services de sécurité qui ont violé les droits fondamentaux de citoyen.
L’ACAJ recommande au Représentant Spécial du Secrétaire Général des nations Unies et Chef de la MONUSCO et au Directeur du Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) d’informer le Conseil de Sécurité des actes de rétrécissement de l’espace des libertés publiques posés par certains responsables de la RDC, en tant qu’obstacles majeurs au processus électoral et de décrispation politique, et de la nécessité à leur appliquer des sanctions ciblées.
Pour l’ACAJ,
Me Georges Kapiamba, Président
Téléphone : +243814043641
Email : kapiambag2@gmail.com et acajasbl@yahoo.fr
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