Afrique
Les ministres du premier gouvernement post Robert Mugabe ont prêté serment ce lundi 4 décembre lors d'une cérémonie au palais présidentiel à Harare en présence d'un cabinet plus réduit que par le passé : au total 22 ministres. A cette occasion le nouveau président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa a appelé la population « à l'unité » pour « relancer l'économie ».
Dix jours après son investiture, le président Emmerson Mnangagwa a son gouvernement : 22 ministres, pour la plupart des anciens du régime Mugabe.
« Je veux qu'ils [les Zimbabwéens, NDLR] soient unis, nous devons relancer l'économie », a déclaré le nouveau chef de l'Etat. « Et je suis confiant que mon équipe va pouvoir relever le défi », a-t-il ajouté.
En effet, le principal challenge de ce nouveau gouvernement va être de relancer l'économie. Entre 80 et 90% de sa population est officiellement au chômage, les investisseurs ont déserté, le pays manque cruellement de liquidités.
Ce gouvernement suscite toutefois de nombreuses critiques, car il est essentiellement composé de militaires et de membres de la vieille garde de Robert Mugabe. Ainsi, Patrick Chinamasa a été nommé au portefeuille des Finances, un poste qu’il a déjà occupé.
Des militaires au passé embarrassant nommés ministres
Le général Sibusiso Moyo, qui a lu à la télévision la déclaration de l'intervention des militaires tout en niant un coup d'Etat, occupe le portefeuille des Affaires étrangères. Son nom est cité dans un rapport de l'ONU sur le pillage de ressources de la République démocratique du Congo.
Quant au général Perence Shiri, nouveau ministre de l'Agriculture, il a dirigé la 5e brigade formée par la Corée du Nord et accusée d'opérations de répression dans la région de Matabeleland en 1983.
Des nominations qui n’ont donc pas de quoi rassurer les Zimbabwéens, et encore moins les investisseurs étrangers.
Un gouvernement jugé décevant pour un grand nombre de Zimbabwéens
Beaucoup de Zimbabwéens espéraient un changement avec l'arrivée d'Emmerson Mnangagwa. Or parmi la nouvelle équipe, pour la plupart ce sont des anciens du régime Mugabe. Et pourtant, lors de son investiture, le nouveau chef de l’Etat avait promis des réformes.
Pour l'analyste politique Rejoice Ngwenya, il y a un vrai décalage entre son discours d’investiture et le cabinet qu’il a mis sur pied. « Par exemple, l’économie est à genou. Le problème immédiat est qu’il n’y a plus d’argent dans les banques, qu’il n’y a plus d’argent qui circule. Je ne vois pas comment la nomination de Patrick Chinamasa au poste de ministre des Finances va résoudre le problème. Lui qui était déjà à ce poste dans le gouvernement de Mugabe et qui est responsable de cette crise », souligne-t-il.
Pour Linda Masarira, militante des droits de l’homme, après 37 ans de dictature, ce gouvernement ne répond absolument pas aux attentes de la population. « Si le président Mnangagwa avait vraiment voulu changer les choses, il se serait entouré de sang neuf, avec des gens qui ont de nouvelles idées, qui veulent faire les choses différemment », estime-t-elle .
« On dirait que ces nominations ne servent qu’à remercier certains de leur loyauté. Il s’agit de népotisme, ce qui n’est pas bon pour le développement du Zimbabwe. Certains ministres qui ont été nommés – comme par exemple Obert Phofu – sont notoirement connus pour avoir pillé les caisses de l’Etat. Phofu est notamment accusé d’avoir détourné l’argent d’entreprises publiques alors qu’il était ministre des Mines. Cela montre qu’il n’y a aucune volonté de sa part de changer la vie des Zimbabwéens », précise-t-elle.
Pas de quoi rassurer les Zimbabwéens, après l'euphorie de ces dernières semaines .
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