Marche du 21 janvier : tirs croisés entre la MP et l’UNC

48 heures après la marche du 21 janvier 2018 initiée par la Comité Laïc de Coordination(CLC), des voix continuent de s’élever pour commenter dans tous les sens cette démarche soutenue des prélats. Parmi les dernières, il y a celles de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), à travers son secrétaire général adjoint, Me Gabin Lulendo Musumari, et Marcel Makolo Kotambola, communicateur de la Majorité Présidentielle.

A en croire l’avocat, c’est son parti, l’UNC, qui a payé le lourd tribut durant cette manifestation pacifique. « Les fidèles n’avaient en mains que leurs bibles, chapelets et rameaux. Nous sommes encore en train de compiler des informations sur les victimes. Cependant, je peux affirmer que beaucoup de nos militants ont été blessés et un a été sauvagement abattu. C’est une preuve de barbarie inacceptable que mon parti dénonce avec la dernière énergie ! » a dit ce cadre du parti de Vital Kamhere.

Lui-même victime des actes de violence lors de la précédente marche des catholiques du 31 décembre 2017, Me Gabin Lulendo, paroissien de La Résurrection à Lemba/Salongo, a été blessé à la tête par des policiers conduits par une certaine major Carine au niveau d’une barrière érigée au niveau de Bimsum. « J’ai été tabassé, torturé et jeté sous le siège d’un véhicule de la police comme un vulgaire malfrat. Lorsqu’ils se sont rendu compte que j’étais dans un état comateux et que le pire pouvait arriver, leur chef a donné l’ordre qu’on puisse me jeter à l’hôpital St Joseph à Limete. C’est de là que j’ai réussi à faire parvenir ma situation au président Vital Kamhere et à la Monusco… » a-t-il relaté son calvaire.

Nonobstant ce supplice, Me Gabin Lulendo a réaffirmé sa détermination de poursuivre sa lutte pour l’avènement d’un véritable Etat de droit en RDC, l’amélioration des conditions sociales de ses compatriotes, l’application intégrale de l’Accord de la St Sylvestre et le changement tant réclamé par la population congolaise. « L’église ne doit pas être la base arrière des partis… », affirme Makolo Kotambola.

Un des communicateurs de la Majorité Présidentielle(MP), le révérend Makolo Kotambola Marcel a fait noter, au sujet de la multiplication de marches, que « nous sommes en face d’un clergé qui n’aime pas la paix et qui ne veut pas tirer les leçons de l’histoire… ». « Les mêmes qui mettent les enfants dans la rue, sont les mêmes qui ont fait la même chose en 1992. Il y a eu carnage. Aujourd’hui, face à un gouvernement respecte les droits de l’homme, la mayonnaise de l’opposition ne prend plus. On nous avance des chiffres fantaisistes comme bilan ! » a-t-il indiqué.

Convaincu qu’il n’appartient pas à l’église d’organiser des marches, Makolo Kotambola estime plutôt qu’elle devrait faire ce que le pasteur Ekofo a fait : prêcher avec force et non insulter.

Accusant l’église de se transformer en base arrière des partis politiques, le communicateur de la MP a jugé cela « inacceptable ». « J’invite le cardinal Monsengwo et les autres évêques à la raison. On ne peut pas bruler le pays. Le calendrier des élections est déjà publié et accepté en son temps par les partenaires de la RDC, notamment la CENCO. On marche encore pourquoi ? » s’est-il interrogé, avant de soupçonner un agenda caché. « Si les évêques ont besoin de rencontrer le président, il n’y a pas de barrières. Ils ont la ligne directe du président… » a révélé ce communicateur de la MP.

Pour lui, les acteurs politiques, les églises, les acteurs devraient se mettre ensemble pour pousser la Commission nationale électorale indépendante (CENI) à organiser les élections dans le délai convenu.