Politique
Signe de la pression subie par le régime de République démocratique du Congo (RDC), le président hors mandat Joseph Kabila a donné vendredi une conférence de presse à Kinshasa. Il ne l’avait plus fait depuis… 2012.
Le prétexte officiel de cet exercice, exceptionnel pour le taciturne président congolais: le 17ème anniversaire de son arrivée au pouvoir. C’est en effet le 26 janvier 2001 que Joseph Kabila était devenu Président, en vertu d’une étrange succession monarchique en pleine république, à la suite de l’assassinat (toujours non élucidé) de son père dix jours plus tôt.
Le chef de l’Etat congolais a d’abord évoqué la situation difficile à laquelle il avait dû faire face (le pays était en effet déstabilisé par l’administration erratique de son père) et les progrès enregistrés dans ses premières années de pouvoir (avec l’aide de la communauté internationale).
« Dès que les élections auront été organisées »
Evoquant une actualité plus récente, il a parlé du Kasaï, théâtre d’un soulèvement et d’une sanglante répression en 2016-2017, il a assuré qu' »à 95%, on a déjà mis fin à une situation dramatique », qu’il a comparée avec la guerre entre les tribus des Lubas et des Luluas en 1959. « A l’époque le Congo était administré par les Belges », mais « cette fois-ci la réponse est catégorique » – et de promettre « des sanctions exemplaires ».
Alors que de plus en plus de gens doutent que le régime organisera bien les élections qui doivent désigner le successeur de Joseph Kabila (hors mandat depuis décembre 2016) après deux reports – le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, a lui-même exprimé ses doutes dans un rapport au Conseil de sécurité, début janvier – le chef d’Etat a déclaré que la présidentielle aura bien lieu le 23 décembre 2018. « Dès que les élections auront été organisées et l’élu (NDLR: à la présidentielle) sera connu, il y aura passation de pouvoir. Mais notre volonté est qu’elles soient bien organisées pour que l’après-élection soit paisible ». Il a accusé l’opposition de proposer « un saut dans l’inconnu » au lieu de défendre son processus électoral
Interrogé par un journaliste sur l’intention évoquée par des membres de son parti d’organiser un référendum pour modifier la Constitution afin de lui permettre d’être candidat à sa propre succession, Joseph Kabila a répondu: « La Ceni (Commission électorale nationale indépendante) a publié un calendrier. Je n’ai vu nulle part le référendum ».
« La démocratie, ce n’est pas la foire »
Au sujet de la répression sanglante des marches pacifiques de chrétiens, les 31 décembre et 21 janvier, M. Kabila a invité le parlement à examiner la loi régissant les manifestations en RDC: « La démocratie, ce n’est pas la foire », a-t-il commenté.
Contrairement à ce que prévoit la Constitution, le régime interdit toute manifestation depuis septembre 2016, époque de grandes protestations contre les manœuvres de M. Kabila pour s’incruster au pouvoir. Il y a, à l’occasion, exception pour celles qui soutiennent ses positions, telle celle autorisée devant la nouvelle ambassade de Belgique lors de son inauguration, en novembre dernier.https://afrique.lalibre.be/11501/rdc-la-belgique-va-remettre-a-plat-la-cooperation-avec-le-congo/
Interrogé au sujet de la Belgique, il a assuré qu’il n’y avait « pas d’animosité » envers celle-ci, « qui doit comprendre que la RDC n’est plus une colonie. Notre décision (NDLR: de fermer l’agence belge de coopération et la maison Schengen) a été prise sans passion ». M. Kabila a assuré que Congolais et Belges sont « plutôt des cousins » et ajouté: « Ceux qui ont assassiné Lumumba devraient être plus humbles et ne pas donner de leçon de démocratie », soulignant que la RDC n’était « pas complexée » en matière de liberté de presse ou d’opinion.
Enfin, il s’en est pris à la Monusco (Mission de l’Onu au Congo, qui s’est interposée entre la police et des marcheurs chrétiens, le 21 janvier à Kinshasa), avec laquelle il veut « clarifier nos relations ». Il n’y a pas de « co-gestion » de la RDC par son gouvernement et l’Onu, a-t-il dit. « On a l’impression qu’elle a comme vocation de rester ».
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