Dossier
Selon un dernier décompte de la société civile, 51 personnes sont mortes lors de la dernière attaque contre les civils dans le territoire de Beni, dans la province du Nord-Kivu. Cette tuerie perpétrée le week-end dernier est attribuée aux rebelles ougandais des ADF-Nalu.
Cette attaque a eu lieu 72 heures après une visite du président Joseph Kabila dans la région où il a promis de tout mettre en œuvre pour « imposer » la paix et la sécurité. A ce sujet, il s'était notamment rendu à Kasese en Ouganda pour y rencontrer son homologue Yoweri Museveni en vue de discuter des mesures sécuritaires à mettre en place pour tenter d’éradiquer définitivement ce groupe armé.
Suite à ce massacre, le gouvernement congolais a décrété trois jours de deuil national. En outre, une délégation du gouvernement congolais est depuis ce mardi 16 août à Beni. Ils ont par ailleurs promis l'ouverture du procès des présumés rebelles ADF-Nalu, capturés par l'armée loyaliste.
Cependant, lundi, alors que les drapeaux étaient mis en berne, les Congolais se montraient amers. En effet, dès dimanche, une centaine d’habitants de Beni avaient exprimé leur colère en scandant des slogans hostiles au gouvernement et au président Kabila. Signe de défiance ultime, certaines familles ont même refusé de placer leurs défunts à la morgue, préférant « organiser leur deuil en privé et refusant que le gouvernement les enterre alors qu’il ne les avait pas sécurisés de leur vivant », déclarait lundi Teddy Kataliko, membre de la coordination de la société civile de Beni.
Côté politique, l’ambiance n’était pas meilleure depuis ce lundi, certains opposants et membres de la société civile réclament la démission du pouvoir en place. Dans le clan présidentiel, on proteste contre ces mises en cause. « Instrumentaliser à des fins politiciennes la plaie fraîche que porte encore Beni est tout simplement déplorable », a déclaré sur Twitter le président de l’Assemblée nationale et chef de la Majorité présidentielle (MP), Aubin Minaku.
Beni, ville martyre de la RDC
Visite du président Kabila à Beni après le massacre d'environ 80 civils en octobre 2014
La ville et le territoire de Beni ont été endeuillés depuis octobre 2014 par une série de tueries ayant coûté la vie à plus de 600 civils. Le gouvernement congolais et la Monusco accusent les ADF d'être responsables de ces massacres.
Pour les autorités congolaises, ces combattants constituent un groupe islamiste radicalisé ou djihadiste que les FARDC soient les seules à affronter (ce groupe djihadiste) « dans l’indifférence de la communauté internationale, alors que ces actes ne diffèrent en rien de ceux signalés notamment au Nigéria, au Mali, au Cameroun ou hors du continent comme en France, en Belgique ou aux Etats-Unis d’Amérique ».
Toutefois, cette version a été remise en doute par un récent rapport du Groupe d'étude sur le Congo de l'Université de New York, selon lequel les ADF portent effectivement une part très importante de responsabilité dans ces massacres, mais aux côtés d'autres éléments armés, parmi lesquels des soldats de l'armée régulière.
Les Etats-Unis ainsi que la Monusco ont condamné ce nouveau massacre « dans les termes les plus forts cette horrible attaque et [continueront] de soutenir tous les efforts pour mettre un terme aux violences en cours dans l’est du Congo », déclarait lundi Elizabeth Trudeau, porte-parole du département d’Etat.
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