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Le choléra a fait plus d'un demi-millier de morts en République démocratique du Congo (RDC), annonce l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui tire la sonette d'alarme !
De telles épidémies ne sont pas rares en RDC, mais la dernière, qui a déjà touché dix centres urbains, dont Kinshasa, et 20 des 26 provinces, est d'autant plus préoccupante que la région centrale du Kasai, en proie à des violences, compte 1,4 million de déplacés.
Le rythme de contamination est élevé: « Plus de 1.500 cas suspects » sont enregistrés chaque semaine depuis la fin juillet. Au 2 septembre, « les autorités de la RDC (avaient) déjà recensé un total cumulé de 24.217 cas suspects avec 528 décès », indique le communiqué du bureau de Kinshasa de l’agence onusienne.
« Le risque de propagation dans le Grand Kasai reste très élevé du fait des conditions sanitaires dégradées et de l'insécurité qui aggravent la vulnérabilité face à l'épidémie », souligne l'OMS dans le communiqué.
Un problème majeur de santé publique en RDC
Selon l’ONU, le choléra est devenu un problème majeur de santé publique en RD Congo, avec des milliers de cas enregistrés chaque année dans un pays presque dépourvu d’infrastructures malgré sa richesse et dont l’écrasante majorité de la population vit dans la pauvreté.
« [...] Il y a les provinces lacustres qui sont considérées comme des provinces endémiques au choléra, en raison de l'accès très limité à l'eau potable. Quand les gens n'ont pas d'eau potable, ils vont directement recourir à l'eau du lac Kivu », explique Eugene Kabambi du bureau local de l’OMS.
« Au lieu de se mobiliser pour contrer cette urgence sanitaire, les autorités semblent être dans les vapes, abandonnant le peuple à son triste sort. Ici, l’irresponsabilité du gouvernement est flagrante », critiquait lundi « Le Potentiel ».
Le gouvernement « oublie vite son discours souverainiste », ironise le grand journal kinois. « toute honte bue, il cède ses prérogatives régaliennes à l’OMS, à qui il demande de s’occuper des victimes »
Et notre confrère de s’indigner de l’absence du Premier ministre Bruno Tshibala, qui ne daigne pas rentrer d’un voyage à Paris destiné à chercher des appuis politiques pour des autorités considérées comme illégitimes, et du fait que la crise du choléra ait été « totalement ignorée » lors de la réunion institutionnelle « présidée samedi dernier dans la capitale par le chef de l’Etat ».
Une maladie très contagieuse
Maladie infectieuse très contagieuse provoquée par une bactérie que l'on retrouve dans l'eau ou dans la nourriture, le choléra est caractérisée par des diarrhées brutales et très abondantes qui entraînent souvent une sévère déshydratation. La contamination est orale, d’origine fécale, par l’eau ou des aliments souillés. À la différence des autres maladies diarrhéiques, il peut entraîner en quelques heures la mort d’un adulte en bonne santé. Les sujets ayant une faible immunité – enfants malnutris ou personnes vivant avec le VIH, par exemple – sont davantage exposés au risque de mort en cas d’infection.
Selon le professeur Bernard Marcel Diop spécialiste des maladies infectieuses la prévention est surtout basée sur l’hygiène."Se laver les mains, boire de l'eau potable. Maintenant il y a des vaccins mais les vaccins sont plus ou moins efficaces. Pendant l'épidémie de choléra on mettra une goutte d'eau de javel dans un litre d'eau qu'on laisse reposer pendant une trentaine de minutes et la personne peut boire sans danger cette eau. Ou alors faire bouillir l'eau. Il y aussi la désinfection des malades. Les sels et les vomissements sont très contagieux" rappelle le professeur Diop.
Selon les estimations de l’Organisation Mondiale de la Santé, chaque année 1,3 à 4 millions de cas de choléra sont enregistrés dans le monde et 21.000 à 143.000 décès dus à la maladie sont signalés.
L’OMS s’est « engagée à donner une contribution financière immédiate de 400.000 dollars américains pour le déploiement des équipes techniques dans les zones prioritaires » mais souligne qu’il est « essentiel que l’assainissement des milieux, l’hygiène individuelle et collective soient mis en pratique et que l’eau potable soit accessible aux populations les plus exposées au risque de contamination ».
En 2016, une épidémie de choléra avait tué 817 personnes dans l’ensemble du territoire congolais, selon l’OMS.
(Reuters/OMS/DW/La Libre Afrique/MCN, via médiacongo.net)
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