Economie
Les marchés mondiaux naviguent en pleine tempête jeudi après l'invasion de l'Ukraine par la Russie avec une chute des bourses et une flambée du prix des matières premières.
Wall Street a à son tour été bousculée par la tournure de la crise russo-ukrainienne : à l'ouverture, l'indice phare, le Dow Jones, est tombé de 2,46 %, l'indice élargi S&P 500 de 2,54 % et le NASDAQ, à coloration technologique, de 3,45 %.
Vers 14 h 30, heure locale, les places boursières européennes s'enfonçaient jusqu'à plus de 5 %, connaissant ainsi une des pires séances depuis mars 2020 et depuis les confinements, notamment Milan (-5,18 %) et Francfort (-5,07 %). Paris (-4,08 %) et Londres (-3,15 %) faisaient à peine mieux. La Bourse de Varsovie, principale place financière de l'Europe centrale et orientale, a chuté de plus de 10 %.
La Bourse de Moscou s'est quant à elle effondrée de plus de 35 %.
Le prix du baril de pétrole a dépassé les 100 $, autant pour le baril américain que pour celui de la mer du Nord, une première depuis 2014. L'aluminium, le blé et le colza one eux aussi battu des records.
Vladimir Poutine a lancé dans la nuit de jeudi une invasion de l'Ukraine, avec frappes aériennes et entrées de forces terrestres depuis plusieurs directions. La Russie a affirmé avoir détruit 74 installations militaires.
L'offensive a suscité un tollé international auquel Moscou reste sourd.
Valeurs refuges
Vente massive des actions, achat d'or (+2,43 % à 1955,47 $ l'once) et d'obligations d'État : la ruée vers les valeurs refuges est en cours, constate Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown. Le rendement de la dette américaine à 10 ans a reculé à 1,91 %, contre 1,99 % mercredi.
Désormais, pour les marchés, la principale source d'incertitude est de savoir comment les Ukrainiens et les puissances occidentales vont réagir, décrit Johanna Kyrklund, responsable de l'investissement chez le gestionnaire d'actifs Schroders.
Le président américain Joe Biden doit s'adresser dans la journée aux Américains, selon la Maison-Blanche. L'Union européenne dit préparer un nouveau train de sanctions, le plus sévère jamais mis en œuvre.
Les tensions entraînent un choc à l'échelle mondiale étant donné l'importance de la Russie et de l'Ukraine pour l'énergie et les matières premières, a déclaré Tapas Strickland, de la Banque nationale d'Australie.
Le cours du baril de pétrole Brent de la mer du Nord s'est envolé de 7,69 %, à 104,29 $, et celui du baril de WTI américain pour livraison en avril de 7,52 %, à 99 $, un sommet depuis 2014.
Du côté du gaz naturel, le marché de référence en Europe a explosé de 50 % par rapport à la veille. Le prix de l'aluminium a lui aussi atteint un record.
La flambée des prix de l'énergie est un gros casse-tête pour l'Europe puisque 40 % de son gaz naturel et 30 % de son pétrole viennent de Russie, explique un analyste de Swissquote.
Les marchés boursiers nord-américains battent en retraite en fin de matinée
Groupes miniers associés à la Russie
Les groupes miniers fortement liés à la Russie se sont effondrées à Londres : Polymetal a plongé de 43,84 %, Evraz de 31,63 % et Petropavlovsk de 34,66 %.
Les groupes qui ont des activités en Russie ont été particulièrement touchés sur les marchés. À Francfort, Uniper, lié au gazoduc Nord Stream 2, a cédé 17,07 %.
Les valeurs de la défense étaient les rares à échapper au marasme, par exemple Thalès (+4,15 %) à Paris, Lockheed Martin (+2,28 %) à New York ou BAE Systems (+6,03 %) à Londres.
Les banques et le secteur financier ont été visés par les premières sanctions prononcées par l'Union européenne et par les États-Unis. À Moscou, Sberbank a chuté de 50 % et VTB Bank de 47,46 %. À Vienne, Raiffeisen a perdu plus de 20 %. A New York, JP Morgan a chuté de plus de 4 %.
À Paris, Société Générale, présente en Russie par l'entremise de Rosbank, a perdu 12,24 %. À Milan, UniCredit a chuté de plus de 12,41 %, sanctionnée pour son exposition à la Russie, et Intesa Sanpaolo a baissé de 8,53 %.
Après un plus bas historique à 90 roubles pour 1 $, la devise a reculé de 5,28 % après l'intervention de la Banque centrale russe pour stabiliser la situation.
Le billet vert, considéré comme une valeur refuge, a pris 1,42 % face à la monnaie européenne, à 0,8971 euro pour 1 $, son plus haut depuis juin 2020.
Le bitcoin a baissé de 5,96 % à 35 300 $.
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