Politique
Les manifestations publiques organisées, jeudi 9 juillet, contre la désignation de Ronsard Malonda à la tête de la Céni a fait mouche et donne matière à réflexion aux acteurs politiques. La police, qui a tenté d’étouffer ces manifestations, n’a pas pu. La détermination du peuple d’en découdre avec un système électoral dans lequel chaque fois les gagnants sont connus d’avance, a pris le dessus sur toute autre arme. Et, des échauffourées qui ont duré plusieurs heures, ont fait des victimes, notamment à Kinshasa et Lubumbashi ; villes où trois manifestants ont trouvé la mort, selon le secrétaire général de l’UDPS. La police à Kinshasa fait état de plusieurs blessés.
Le pays était en ébullition, le jeudi 9 juillet 2020. Plusieurs milliers de Congolais, à travers l’ensemble du territoire national, sont descendus dans la rue pour désapprouver l’entérinement hâtive, par l’Assemblée nationale, de Ronsard Malonda au poste de président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), alors que ce dernier était « l’homme orchestre » des ratés enregistrés lors des élections présidentielle et législatives de 2018.
L’appel lancé par le parti présidentiel, l’Union pour la démocratie et le progrès social (Udps), a eu un écho favorable tant auprès d’autres regroupements politiques que des mouvements citoyens. Rien d’étonnant, car d’aucuns estiment que, c’est par la magie de cet homme – secrétaire exécutif de la Ceni – que le FCC de l’ex-président Joseph Kabila a raflé, contre toute attente, une majorité écrasante au Parlement et dans toutes les assemblées provinciales, pendant que son candidat à la présidentielle, Emmanuel Ramazani Shadary, avait lamentablement échoué.
À Kinshasa, la capitale, comme dans d’autres grandes villes du pays, les forces de l’ordre ont fait face à des marées humaines en furie qui ont bravé l’état d’urgence sanitaire pour dire « non » à la répétition d’un hold-up électoral en 2023. En fait, le peuple refuse que l’histoire puisse bégayer après la série de cas de fraude décriée en 2006, 2011 et 2018. En souhaitant avoir une centrale électorale assainie et réellement indépendante, les électeurs congolais ne veulent plus faire du neuf avec du vieux, en « cooptant » l’actuel secrétaire exécutif considéré comme le « cerveau moteur » de toutes les malversations électorales planifiées par le régime sortant de Joseph Kabila.
Encore des morts
Alors que la police dispersait à coups de gaz lacrymogènes des milliers de militants au siège de l’Udps, dans la commune de Limete et aux abords du Palais du peuple, ces derniers répondaient par des projectiles. Ces échauffourées ont duré plusieurs heures au point de paralyser pratiquement la circulation d’une bonne partie de la capitale.
Comme il fallait s’y attendre, le démon de mort qui hante certains éléments de la police s’est vite réveillé. La gâchette a été dégainée pour tirer à balles réelles. Et le bilan est déplorable : 3 morts, dont 2 à Lubumbashi et 1 à Kinshasa, selon Augustin Kabuya, secrétaire général de l’Udps, et plusieurs blessés y compris dans les rangs des policiers, ainsi que d’importants dégâts matériels.
Devant les militants en colère, après le constat de leurs camarades tombés sur-le-champ des manifestations voulues pourtant pacifiques, le secrétaire général de l’Udps a dit qu’ils vont exiger le départ du vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, qui est lui-même membre du parti présidentiel.
« Trois personnes ont été tuées parmi nous. Pour ne pas occasionner un bain de sang, nous sommes un parti au pouvoir. Nous disons ceci : ils sont en train de tirer. Nous allons réclamer le départ du ministre de l’Intérieur parce qu’il vient de l’Udps. Nous rentrons à la base… », a déclaré Augustin Kabuya.
La situation est restée tendue toute la journée d’hier dans le périmètre du siège du Parlement, avec des militants qui n’ont pas décoléré et qui sont loin d’avoir dit leur dernier mot. D’ailleurs, la plateforme de l’opposition, LAMUKA, annonce, elle aussi, sa manifestation publique le lundi 13 juillet 2020. Elle sera renforcée par les mouvements citoyens qui annoncent déjà leur participation à la marche, si jamais l’Assemblée nationale ne retirait pas son entérinement en faveur de Ronsard Malonda à la Céni.
Établir les responsabilités
Au-delà des émotions et des calculs politiciens, la question fondamentale demeure : qui doit répondre de tout ce qui est arrivé à propos de la gestion de la Céni ?
Rappelons tout de même que l’Assemblée nationale a entériné au cours de sa plénière du 2 juillet, le choix de Ronsard Malonda comme futur président de la Céni. Ce choix a été fait par cinq confessions religieuses qui ont établi un faux PV, d’après l'Église catholique et l’Église du Christ au Congo (ECC), qui n’ont pas pris part au processus, faute de consensus entre les représentants des confessions religieuses.
Il faut dire que les catholiques et les protestants ne souhaitent pas désigner un candidat membre de l’actuelle équipe de la Céni dirigée par Corneille Nangaa. À côtés de ces églises, plusieurs organisations sociopolitiques ont également dénoncé la candidature de M. Malonda qui préparerait des « fraudes » aux prochaines élections.
Pour une leçon, c’en est une : la majorité populaire vient d’envoyer un message fort, celui de son désaveu total à la majorité parlementaire et exige une réforme de fond en comble de la Centrale électorale avant de penser à la désignation de ses futurs animateurs.
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