Nouvelle majorité à l’Assemblée nationale : veillée d’armes au FCC, casse-tête à l’UDPS

Le bruit d’une nouvelle majorité parlementaire qui se formerait au sein de l’Assemblée nationale a mis le FCC dans tous ses états. Pour l’instant, Joseph Kabila, son autorité morale, a appelé ses hommes des troupes au silence strict, en attendant l’aboutissement des consultations engagées par Félix Tshisekedi. Pendant ce temps, c’est plutôt la distraction qui gagne du terrain à l’Udps, le parti présidentiel. Alors que le parti devait soutenir le chef de l’Etat en ce moment de forte tempête, l’Udps s’est replongée dans ses guerres internes - sans lendemain d’ailleurs.

Au Front commun pour le Congo (FCC), des réunions se succèdent à un rythme jamais connu. En 72 heures, il s’est tenu près d’une dizaine de réunions. Les députés FCC étaient particulièrement tenus en surveillance.

La fréquence des réunions démontre à suffisance que quelque chose secoue la famille politique de l’ancien président de la République Joseph Kabila. Le FCC sait qu’il n’échappera pas à des défections massives qui vont fissurer cet édifice bâti sur la recherche effrénée des avantages personnels au détriment du peuple souverain. S’étant enfermé dans une sorte de bulle, une seule préoccupation les hante : maintenir Joseph Kabila dans le jeu politique afin de jouir ad vitam æternam des avantages qui en découlent.

Mais, il se fait que face à l’adresse du chef de l’État, les choses ne sont plus les mêmes. Le FCC en est conscient. Étant attendu que tout est basé sur des avantages indus, il ne faut pas s’attendre à ce que la loyauté soit de stricte observation. D’ailleurs, il suffit que Tshisekedi soit suffisamment convaincant dans ses promesses pour qu’il ratisse le plus large possible.

Selon des confidences, plus de 290 députés se seraient déjà constitué dans un bloc qui va surprendre le FCC. Les plus incertains sont des élus issus des rangs de derniers adhérents du FCC qui ont quitté l’opposition il y a peu. « Qui a bu boira et qui a trahi trahira », dit-on.

La sortie des rangs de Pius Muabilu indique clairement que d’autres députés et cadres du FCC sont prêts à quitter le navire s’ils ont la certitude que quelque chose de durable se construit. Ils ne voudront pas rater le train de la vraie alternance au risque de rester sur la touche pendant de longues années, synonyme de galère.

En oiseaux migrateurs notoirement connus, certains acteurs politiques bien identifiés vont s’offrir une belle opportunité de transhumance. Kabila et les animateurs du FCC ont de bonnes raisons de passer des nuits d’insomnie d’autant plus qu’une centaine de députés, parmi eux les plus imprévisibles, sont capables de traverser la rivière la nuit pour rejoindre à l’aube la nouvelle majorité que Kitenge Yesu, Modeste Bahati et les hommes de confiance de Félix Tshisekedi sont en train de travailler au corps. Le discours sur l’intérêt supérieur de la nation vaut le coup.

Le casse-tête

Pendant que se joue ce jeu de cache-cache comme des gamins, à l’UDPS des sorties hasardeuses sont enregistrées comme si la situation se prêtait à un cirque. Des responsables se jettent des peaux de banane, ignorant superbement qu’en ce moment, le chef de l’Etat a un grand besoin de sa machine politique qu’est l’Union pour la démocratie et le progrès social.

Dans un autre contexte, on pouvait tolérer cette guéguerre inutile. Mais, présentement, pendant que le chef du parti est confronté à des adversaires coriaces, des cadres de ce parti se sont trouvé l’occasion d’étaler leur inconscience. Comment vont-ils convaincre des élus à adhérer au plan de leur propre président si au sein même de sa maison, le feu est allumé par ceux-là même qui sont censés soutenir ses options politiques ?

La réalité est que pour ratisser large, Félix Tshisekedi ne devra compter que sur lui-même. Son parti qui est dans la distraction ne peut rien pour lui. Cependant, la base et les Congolais qui ont adhéré à sa démarche vont le soutenir. Sa machine politique, l’UDPS, n’ayant pas compris la portée de sa démarche, il ne restera plus que de tirer les conséquences le moment venu.