Recherche
  Home Actualités Petites annonces Offres d’emploi Appels d’offres Publireportages C'est vous qui le dites Medias & tendances Immobilier Recherche Contact



Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 avril 2024
mediacongo
Retour

Provinces

Nyiragongo : la douloureuse errance des déplacés de Goma

2021-05-31
31.05.2021
2021-05-31
Ajouter aux favoris
http://www.mediacongo.net/dpics/filesmanager/actualite/2021_actu/05-mai/31/Nyiragongo-errance-des-d%C3%A9places.jpg -

Sous la menace du volcan, les populations, livrées à elles-mêmes et dans la plus grande des précarités, n’ont pas arrêté de naviguer d’un lieu à un autre.

Anita Marie rentrait du travail lorsque tout a commencé. « Il était 18 heures. Je voyais juste de la fumée dans le ciel et des flammes. Je suis vite rentrée à la maison. J'ai attrapé mes enfants et je suis partie. » Samedi soir, sans que personne ne s'y attende, le volcan Nyiragongo, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), est entré en éruption. L'impressionnante coulée de lave a atteint Majengo, un quartier situé à la lisière de la ville, non loin de l'aéroport. C'est dans ce quartier que vit Anita Marie. « En revenant ici le lendemain, j'ai vu que ma maison avait été réduite en cendres », déplore cette veuve, mère de quatre enfants. « Jusque-là, nous n'avons reçu aucune assistance de la part des autorités. Seules les personnes de bonne volonté nous viennent en aide. Sans vous mentir, nous n'avons reçu aucune assistance. » Et elle n'est pas la seule à s'en plaindre.

Alerte en pleine nuit

Jeudi, vers deux heures du matin, le gouverneur militaire de la Ville, Constant Ndima, a annoncé que, par crainte d'une nouvelle éruption volcanique, 10 des 18 quartiers de Goma devaient être évacués d'urgence. Une déclaration faite en pleine nuit, qui a généré une panique au sein de la population. En quelques heures, les rues de Goma ont été remplies de milliers de familles et d'enfants, portant des baluchons, des matelas et des valises soutenues dans le dos par des pagnes… En somme, avec tout ce qui peut être transporté et sauvé, tout ce qui est utile. Un exode qui a créé d'immenses et angoissants embouteillages de voitures et de piétons. Sur le lac Kivu, les bateaux ont été pris d'assaut, les populations se bousculant pour embarquer avec pour objectif d'atteindre le Sud-Kivu voisin, réputé hors de portée du dangereux volcan.

Peur dans la ville

Vendredi, on estimait que 400 000 personnes avaient évacué Goma. Le tout sans réelle assistance des autorités congolaises. Ceux qui ont de la famille à Bukavu, Saké ou Gisenyi, au Rwanda, ont pu trouver un toit pour passer la nuit. Pour les autres, c'est la débrouille. Ceux qui ont eu de la chance ont eu pour abri une école ou une église, peut-être.

Fanny est mère de 5 enfants. Lorsque l'ordre d'évacuer a été donné, elle a tout lâché pour partir avec ses enfants. Elle a pris la direction de Saké, une localité située à 25 km de Goma où elle ne connaît personne. « La nuit dernière, nous avons dormi à la belle étoile avec les enfants. Nous avons essayé d'aller dans l'église, mais elle était déjà pleine de monde ! Regardez autour de vous, pas moyen de s'allonger ! Alors on a étendu des bâches là dehors sur le sol et on a dormi. Pendant la nuit, il s'est mis à pleuvoir… J'ai peur que les enfants attrapent des maladies », a-t-elle expliqué. Une peur qui est plus que justifiée dans ce contexte de pandémie de coronavirus et où le manque d'infrastructures d'accueil rend les mesures de distanciation physique quasi impossibles.

Le choléra, l'autre menace à côté du volcan et du Covid

Mais à Saké, une autre épidémie menace. Le choléra. La zone est sujette à cette épidémie. Rien que ces deux dernières semaines, dix-neuf cas suspects ont été signalés. Depuis l'éruption et les exodes qu'elle a générés, MSF affirme avoir pris en charge une dizaine de diarrhées. Ça peut paraître peu. Mais avec la promiscuité, l'absence d'eau courante et de toilettes, la situation peut vite dégénérer. Dans un communiqué paru le 28 mai, le représentant d'Unicef en RDC, Édouard Beigbeder, a alerté : « Avec un risque accru d'épidémie de choléra, nous lançons un appel pour une aide internationale d'urgence afin d'éviter ce qui risque d'être une catastrophe pour les enfants. »

L'État absent, les mouvements citoyens suppléent

Mais en attendant, les habitants de Goma exilés sont tenaillés par le froid et la faim. À Saké, la Lucha a pris les choses en main. Ce mouvement citoyen non violent mais contestataire, qui a fait l'objet de nombreuses arrestations, a mis en place une distribution de nourriture. « C'est une action symbolique. C'est l'État qui devrait fournir de la nourriture aux gens, mais à Saké, là, il n'y a personne, l'État est absent et nous ne pouvons pas supporter ça », s'insurge Pascal, un militant, en même temps qu'il prépare la traditionnelle bouillie de maïs, plat typique du petit-déjeuner congolais. Devant lui, des personnes se pressent, principalement des enfants. Parfois avec une tasse en fer, mais souvent avec ce qu'ils ont pu trouver, comme une bouteille en plastique. Un maigre réconfort, chaud alors que la nuit a été froide et humide. Mais ce n'est pas suffisant pour rassurer la population. Dans les rangs, l'incertitude persiste.

Un volcan qui continue de menacer

Pendant ce temps, la terre continue de trembler avec plus ou moins d'intensité. Pourtant, petit à petit, les commerces rouvrent, la vie reprend son cours. Doit-on rester dans le froid et l'humidité, ou rentrer ? Ghislain, 32 ans, père de 7 enfants, a pris sa décision : « La vie n'est pas bonne ici. Pas de toilettes, pas d'eau potable. À Goma, on vient de m'appeler pour me dire que la situation est calme. Je rentre. Après tout, personne ne sait quand et où le volcan peut exploser, il faut vivre ! » explique-t-il dans son van, prêt à repartir pour la ville. Dans une réunion d'urgence cet après-midi-là, Constant Ndima, le gouverneur, avait annoncé que les volcanologues confirmaient « la présence de magma sous la zone urbaine de Goma et sous le lac Kivu ». Autrement dit, la situation n'était pas encore réglée. Certes, rien n'affirme qu'il y aura une nouvelle éruption volcanique, et rien n'affirme qu'il n'y en aura pas. À Goma, la seule certitude ce soir-là, c'est que les habitants ne savent rien.

 

Par notre envoyée spéciale à Goma, Nicola Hiexe
Le Point / MCP, via mediacongo.net
C’est vous qui le dites :
8808 suivent la conversation

Faites connaissance avec votre « Code MediaCongo »

Le code à 7 caractères (précédé de « @ ») à côté du Nom est le Code MediaCongo de l’utilisateur. Par exemple « Jeanne243 @AB25CDF ». Ce code est unique à chaque utilisateur. Il permet de différencier les utilisateurs.

Poster un commentaire, réagir ?

Les commentaires et réactions sont postés librement, tout en respectant les conditions d’utilisation de la plateforme mediacongo.net. Vous pouvez cliquer sur 2 émojis au maximum.

Merci et excellente expérience sur mediacongo.net, première plateforme congolaise

MediaCongo – Support Utilisateurs


right
Article suivant Rutshuru : Le Chef de localité Katwe décapité par des hommes armés non identifiés
left
Article précédent Éruption du Nyiragongo: le Gouvernement rassure qu’il continue à suivre l’évolution du comportement du volcan

Les plus commentés

Politique Spéculation autour du rôle de Maman Marthe : « Elle incarne la vision prophétique du parti, UDPS, devant guidé l’action politique du Président de la République. » ( Lisanga Bonganga)

19.04.2024, 15 commentaires

Politique Noël Tshiani Muadiamvita : ‘‘La Constitution actuelle empêche la RDC d’aller vite vers le développement’’

19.04.2024, 15 commentaires

Société Justice : l'ancien vice-ministre des Hydrocarbures condamné à 20 ans de prison

17.04.2024, 14 commentaires

Economie Acquisition de concession arable à Brazza par le Rwanda : une arme de destruction économique aux portes de Kinshasa (Analyse d'André-Alain Atundu)

18.04.2024, 11 commentaires


Ils nous font confiance

Infos congo - Actualités Congo - confiance