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Infos congo - Actualités Congo - 08 Mars 2024
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bokolela - 15.10.2019 - RDC : « Il n’y a pas d’alternance au Congo, mais juste une nouvelle transition » 0 14 Oct 2019alternance, congo, Maindo, RDC, transition, tshisekedi par Christophe RIGAUD Budget, gratuité de l’enseignement, insécurité, corruption… Plusieurs défis attendent Félix Tshisekedi, obligé de partager le pouvoir avec l’ancien président Joseph Kabila dans une alternance en trompe l’oeil, analyse le politologue congolais Alphonse Maindo. Alphonse Maindo, politologue, professeur à l’Université de Kisangani © Ch. Rigaud – Afrikarabia Afrikarabia : Cela fait 10 mois que Félix Tshisekedi est à la tête du pays, mais pour appliquer son programme de changement, cela passe par un budget à la hauteur des attentes des Congolais ? Alphonse Maindo : C’est en effet un gros défi. On a vu un premier budget estimé à 8 milliards de dollars, mais si Félix Tshisekedi veut appliquer la gratuité de l’enseignement, qui représente 20% du budget, il lui faudra trouver des ressources supplémentaires. Il y a déjà des mouvements de protestation dans les écoles conventionnées confessionnelles, et même dans les écoles publiques où les enseignants demandent qu’ils soient déjà payés comme cela est prévu. Il y a aussi l’intégration des professeurs qui étaient payés avec la seule contribution des parents, tout comme les fournitures scolaires et pédagogiques. Il y a beaucoup de confusion autour de cette mesure, certains ministres expliquent que l’on a mal compris le président et que la gratuité va être mise en place progressivement… on se rend compte qu’on est allé un peu trop vite en annonçant la mise en place de cette mesure. Afrikarabia : Pour trouver de nouvelles ressources, Félix Tshisekedi est très actif à l’international en essayant d’obtenir le soutien de tous les bailleurs de fonds, comme le FMI ou la Banque mondiale. Est-ce que cela peut marcher ? Alphonse Maindo : Cela va être très difficile. Pour que les bailleurs de fonds mettent de l’argent au Congo, il faut que le président donne des signaux clairs, notamment en ce qui concerne la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption. Sur ce plan là, il y a pas mal de problèmes. On reçoit chaque jour de nouvelles informations à propos de scandales sur des détournements de fonds, notamment au sujet de la disparition des 15 millions, dont le président lui-même a expliqué qu’il s’agissait de rétrocommissions… ce qui est complètement illégal ! Afrikarabia : La lutte contre la corruption est une priorité ? Alphonse Maindo : Bien sûr, mais il faut déjà sanctionner ceux qui sont au pouvoir. La situation est ambiguë : d’un côté Félix Tshisekedi tient un discours sur les bonnes pratiques auprès des bailleurs, et en même temps il ferme les yeux avec ses amis et ses alliés politiques. Afrikarabia : Il y a aussi la lutte contre l’impunité ? Alphonse Maindo : C’est très important. Quand on entend le président Tshisekedi dire qu’il n’ira pas “fouiller dans le passé”, on s’interroge. Nous avons notamment le rapport mapping des Nations unies qui détaillent les crimes commis en 1993 et 2003. Le président Tshisekedi pourrait au moins s’appuyer sur ce rapport. Si on veut construire la paix dans un pays, il faut une vraie justice. Félix Tshisekedi devrait soutenir l’initiative du prix Nobel de la Paix Denis Mukwege qui demande la création d’un tribunal spécial ou mixte pour poursuivre ces crimes. Afrikarabia : La lutte contre l’insécurité constitue également un des dossiers chauds que doit gérer Félix Tshisekedi, qui vient d’effectuer une seconde visite à Beni, une zone victime de violences depuis 2014. Comment ramener la paix à l’Est du pays ? Alphonse Maindo : Pour ramener la paix, il faut savoir pourquoi il y a cette violence, qui sont les acteurs et à qui profite cette insécurité ? Sinon, nous allons reproduire les mêmes recettes qui ont été utilisées pendant 18 ans et qui ont toutes été un échec. Il y a un certain nombre d’acteurs au niveau national qui prospèrent sur le business de la violence, en faisant des trafics de minerais avec les pays voisins. On voit des voisins qui sont devenus de gros producteurs de coltan alors qu’ils ne produisent pas ce minerai sur leur propre sol. Ensuite, les forces armées congolaises ne sont pas en capacité de faire face à ces groupes armés, et certains des hauts gradés sont impliqués dans l’entretien des milices. Il y a du ménage à faire au sein des FARDC pour que le secteur de la sécurité soit réellement efficace. Afrikarabia : Pour lutter contre l’insécurité, Félix Tshisekedi peut-il compter davantage sur les casques bleus de la Monusco ? Alphonse Maindo : Difficile à dire. La Monusco n’est pas une armée, mais elle est constituée de plusieurs armées, avec des règles d’intervention très complexes. Les casques bleus doivent recevoir l’ordre de leurs propres commandements nationaux pour intervenir, mais également des Nations unies à New-York… c’est long et complexe, et pendant ce temps-là, les Congolais continuent de se faire tuer. Il faut donc revoir fortement les règles d’engagements de la Monusco. Afrikarabia : Il faudrait une Monusco plus offensive ? Alphonse Maindo : Tout à fait. Nous avons une Brigade d’intervention sur place… elle en a le mandat ! Afrikarabia : Cela fait 10 mois que Félix Tshisekedi occupe la présidence. Qu’est-ce-qui a changé dans le mode de gouvernance ? Alphonse Maindo : Tout a changé pour que rien ne change ! Mais le plus grand changement est cette gouvernance à ciel ouvert. On sait pratiquement en temps réel tout ce qui se passe dans les plus hautes sphères de l’Etat… même les brouillons des futures décisions sont mis sur la place publique à travers les réseaux sociaux. Ce qui a également changé, c’est le statut de l’UDPS, le parti de Félix Tshisekedi, qui a été habitué à être dans l’opposition depuis sa création en 1982, et qui se retrouve aujourd’hui au pouvoir en coalition avec le FCC de Joseph kabila. Chaque fois qu’il y a des dossiers brûlants, l’UDPS se comporte comme un parti d’opposition… jusqu’à aller manifester devant la Présidence ! Afrikarabia : Assiste-t-on vraiment à une alternance politique depuis l’arrivée de Félix Tshisekedi à la Présidence ? Alphonse Maindo : Ce n’est pas une alternance, mais plutôt une continuité. Nous sommes dans une sorte de transition, avec peut-être des élections qui donnerons une vraie alternance au bout. On observe surtout un renversement du pouvoir : l’ancien président Kabila est passé maître du gouvernement en devenant un Premier ministre fantôme qui donne les ordres au gouvernement, alors que Tshisekedi occupe la présidence. C’est une situation que l’on a déjà vécu avec des Premiers ministres issus de l’UDPS comme Samy Badibanga et Bruno Tshibala, mais aussi lors de la transition 1+4 de 2003 à 2006 où toutes les forces politiques étaient représentées au sommet de l’Etat. Aujourd’hui, j’ai vu qu’il y avait une main tendue faite à Lamuka, qui l’a décliné. Si elle avait accepté, on aurait eu à nouveau un grand gouvernement d’union nationale… On voit clairement que nous sommes dans une nouvelle transition. Ce qui est normal. Joseph Kabila ne voulait pas partir. Donc avant de quitter la présidence, il a tout arrangé pour conserver le pouvoir et composer avec ses opposants. C’est une stratégie classique de cooptation de nouvelles élites pour la survie du régime. Propos recueillis par Christophe Rigaud A

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