Monde
Si l’avancée des troupes russes se poursuivait jeudi en Ukraine, plusieurs experts ont estimé que le plan du président russe Vladimir Poutine pourrait lui coûter cher sur le plan international, malgré ses affirmations disant que tout se déroule comme prévu.
«Les Russes ont sous-estimé grandement la logistique que nécessiterait un tel déploiement militaire sur la durée. Poutine, je suis à peu près convaincu, estimait qu’il allait gagner cette guerre-là en quelques jours. Or, on est plus d’une semaine plus tard, et il n’a pas progressé vers Kyïv de manière définitive», a expliqué Charles-Philippe David, professeur au département de sciences politiques de l’UQAM, en entrevue jeudi à LCN.
S’il est possible que la Russie fasse tomber l’Ukraine à court terme, les répercussions politiques et économiques pourraient être plus grandes que prévu pour Vladimir Poutine, notamment si le peuple russe commence à se retourner contre lui.
Un soldat ukrainien à Kyïv.
«On est étonné de voir et de constater à quel point probablement Poutine a fait un très mauvais calcul stratégique», a mentionné M. David. «Les compagnies et les oligarques ne sont sans doute pas de bonne humeur de ne pas pouvoir mener leur train de vie de milliards de dollars.»
Poutine «irrité» par l'Ukraine
Pour Jean Lévesque, professeur au département d’histoire de l’UQAM, le président russe est «très irrité» par ce qu’il voit comme de «l’arrogance du gouvernement ukrainien». «C’est assez facile de le voir comme ayant perdu contact avec la réalité».
«Probablement qu’il a un programme minimum et un programme maximum. Le programme maximum c’est la conquête de l’Ukraine au complet, et la plupart des spécialistes s’entendent pour dire qu’il ne pourra pas contrôler l’ensemble de l’Ukraine, surtout les parties centrales et ouest. [...] Le programme minimum, ce serait de couper l’Ukraine de la mer, ce qui semble militairement en train de se faire», a-t-il précisé.
Peu d’espoir pour les négociations
La deuxième ronde de pourparlers s’est conclue jeudi avec une légère avancée, alors que les deux parties se sont entendues sur la mise en place de corridors humanitaires pour évacuer les civils des zones de combat et pour acheminer des médicaments.
La question d’un cessez-le-feu est toutefois peu probable, selon M. David.
«Le problème, c’est que sans des conditions politiques, je vois mal comment un cessez-le-feu peut être instauré, ce qui d’ailleurs consacrerait pour les Ukrainiens le fait qu’ils cèdent une partie de leur territoire de facto à la Russie», a-t-il souligné.
Un homme se tenant près d’un immeuble détruit par une frappe russe à Zhytomyr, en Ukraine.
La situation reste d’ailleurs très difficile pour les Ukrainiens, où Poutine répète la méthode qu’il avait notamment employée dans les années 2010 à Alep, en Syrie, où d’importants dommages collatéraux avaient été réalisés.
«Je crains ce dérapage complet de cette guerre-là, où Poutine perd le nord en ordonnant à ses généraux de tirer partout [...] pour démoraliser complètement les Ukrainiens», a mentionné M. David.
«[Poutine] ne va pas retourner chez lui demain matin», a rappelé M. Lévesque.
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