Style et Beauté
La Russie est le premier producteur de diamants au monde en volume mais les sanctions et les risques réputationnels compliquent la vie aux horlogers et bijoutiers, qui doivent changer leurs sources d'approvisonnement
Pour les horlogers, bijoutiers et joailliers suisses, l’approvisionnement en diamants est actuellement un sujet de préoccupation. Alors que la Russie est le premier producteur mondial de diamants en volumes, les acheteurs doivent désormais trouver des alternatives pour déjouer les complications logistiques et éviter de s’exposer à des risques réputationnels, selon différents spécialistes.
«Ethiquement, il n’est tout simplement pas raisonnable de continuer à s’approvisionner en Russie», indique à AWP Oliver Müller, fondateur et directeur général de LuxeConsult, une société de conseil spécialisée dans le secteur du luxe.
Il rappelle que certaines marques ont cessé de s’approvisionner dans des pays en proie à des conflits, comme cela a été le cas pour les rubis de Birmanie, en raison des persécutions menées contre la minorité Rohingya.
La semaine dernière, le principal extracteur de diamants en Russie, Alrosa, a annoncé son retrait temporaire de la direction du Responsible Jewellery Council, un organisme fournissant des garanties quant à la provenance et aux conditions d’extractions des pierres précieuses.
«C'est la panique»
«Il y a d’autres sources et même si les défis logistiques sont conséquents lorsqu’il faut rapidement changer de fournisseur, cela est absolument indispensable, car le risque d’entacher sa réputation en continuant de se fournir en Russie est immense», affirme Oliver Müller.
«Actuellement c’est la panique dans tout le secteur, car nous ne voulons plus nous approvisionner auprès d’Alrosa», indique à l’agence AWP une spécialiste des achats pour une grande marque horlogère, figurant parmi les «Big Four» en mains privées. La société russe fournit principalement les petits diamants ronds utilisés pour le sertissage des montres.
«Nous avons du stock pour tenir jusqu’au mois de juin et nous étudions différentes options pour la suite, allant du changement de fournisseurs à la réévaluation du nombre de diamants sur nos montres», explique-t-elle, sous couvert d’anonymat. «Mais même sans diamant, nous vendrons nos montres».
Hausse des prix attendue pour les diamants
A court terme, le prix des diamants tendra à augmenter, une difficulté supplémentaire pour le secteur. «Les prix des matières premières, parmi lesquelles l’or et l’énergie, ont déjà augmenté l’année dernière», relève Jean-Daniel Pasche, président de la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH). «Certaines marques ont déjà augmenté leurs prix pour prendre en compte la hausse des coûts de fabrication», précise-t-il.
«Lorsque chez Rolex, la demande est de deux millions de montres par an et que les capacités de production sont limitées à un million, il y a une certaine flexibilité sur les prix», remarque Oliver Müller.
En outre, dans le très haut de gamme, l’impact d’une hausse des prix des métaux et pierres précieuses est également à relativiser, car les matières premières ne représentent qu’une faible proportion du coût final.
Selon une étude de Morgan Stanley basée sur les exportations horlogères, les quatre grandes marques horlogères indépendantes suisses Rolex, Audemars Piguet, Patek Philippe et Richard Mille représentent pas loin de 41% des ventes à l’étranger, mais 62% de la marge opérationnelle totale pour la branche.
«Pour cette raison, le risque d’écorner son image de marque en continuant à se fournir en Russie me semble bien plus important que celui d’une hausse du prix des diamants», estime-t-il.
Les difficultés d’approvisionnement pourraient également relancer les questionnements sur l’utilisation des diamants de synthèse. «Parmi nos membres, aucun n’en utilise à ma connaissance», relève M. Pasche. Pour ces pierres fabriquées en laboratoire, qui ne peuvent être distinguées des diamants naturels à l’oeil nu, les problématiques de traçabilité et d’éthique sont en effet plus faciles à appréhender.
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