Monde
Confinement en deux temps: la moitié de Shanghai est mise sous cloche ce lundi au moment où la capitale économique chinoise de 25 millions d’habitants affronte sa pire flambée de COVID-19 depuis deux ans.
Les Shanghaïens habitant dans l’est de la ville sont confinés jusqu’au 1er avril à 5h du matin à leur domicile, avec interdiction d’en sortir. À cette date, ce sera au tour de la partie ouest.
L’annonce de cette mesure dimanche soir a provoqué un afflux des habitants dans les supermarchés. Beaucoup d’entre eux sont lassés de l’impuissance des autorités à juguler cette flambée épidémique malgré plusieurs semaines de restrictions.
Pour la mairie, ce confinement en deux phases vise à accélérer le dépistage de la population et à venir à bout des nouvelles infections «le plus vite possible».
Jusqu’alors, Shanghai avait cherché à éviter un confinement total, très préjudiciable à l’économie, cherchant plutôt à minimiser les perturbations avec une approche plus ciblée: des confinements de 48 heures de bâtiments ou complexes résidentiels.
La métropole est devenue ces derniers jours l’épicentre d’une nouvelle vague de contaminations, liée au variant Omicron, qui a commencé à s’accélérer début mars et met à rude épreuve la stratégie chinoise du zéro COVID.
Le ministère de la Santé a rapporté lundi 3500 nouveaux cas positifs à Shanghai.
La partie confinée ce lundi est celle de «Pudong», qui compte notamment le principal aéroport international de la ville et le célèbre quartier d’affaires avec ses immenses et emblématiques gratte-ciel.
À partir de vendredi ce sera «Puxi», la moitié ouest de Shanghai, qui sera sous cloche. Elle compte notamment la célèbre artère historique du Bund, en bordure du Huangpu, le fleuve qui traverse la ville.
Pétrole
Les marchés n’ont pas tardé à réagir: le prix du baril de pétrole de WTI américain perdait lundi plus de 5%, le confinement de Shanghai risquant de peser sur la demande en Chine.
La mise sous cloche de la capitale économique chinoise était diversement appréciée des Shanghaïens, dont certains pestaient lundi contre cette décision jugée trop soudaine.
«On ne comprend vraiment pas les mesures anti-épidémie de la mairie. Il y a un manque de cohérence», a déclaré à l’AFP un homme de 59 ans, qui fait la queue pour acheter des produits alimentaires.
«Après déjà tout ce temps, la ville n’arrive toujours pas à contrôler le virus et les chiffres continuent de grimper», se désole-t-il.
La mairie n’a pas indiqué dans l’immédiat quelles seraient les conséquences sur les aéroports de Shanghai et son port maritime.
La Chine a largement éradiqué l’épidémie depuis 2020 grâce à des quarantaines à l’arrivée sur le territoire, au traçage des déplacements via des applications mobiles et à des confinements de villes, parfois décrétés après seulement une poignée de cas.
Mais la souche Omicron met à mal le zéro COVID: le ministère de la Santé a fait état ces deux dernières semaines de milliers de nouveaux cas journaliers.
«Grave»
Un niveau très faible à l’échelle mondiale mais élevé pour la Chine, où le nombre de nouvelles contaminations quotidiennes dépassait rarement la centaine depuis le printemps 2020.
Ces dernières semaines, des millions d’habitants de régions touchées, dans l’ensemble du pays, ont été soumis à des confinements, comme la métropole technologique de Shenzhen (sud) ou la cité industrielle de Shenyang (nord-est).
Mais si Shanghai et ses confinements jusqu’alors ciblés peinent à venir à bout d’Omicron, d’autres voient le bout du tunnel.
Shenzhen, qui avait été totalement confinée début mars, reprend son activité car le nombre de nouveaux cas positifs est désormais très faible.
«Je ne pensais pas que ce serait aussi grave» à Shanghai, a déclaré à l’AFP Guo Yunlong, un habitant de 24 ans.
«Ça affecte pas mal d’aspects de notre vie, que ce soit l’achat de nourriture, le logement, les déplacements... Je ne suis pas très optimiste, pour être honnête.»
Les autorités chinoises ont également observé avec nervosité la vague d’Omicron à Hong Kong, qui a fait un grand nombre de victimes parmi les personnes âgées non vaccinées.
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