Politique
Maladie du Chef de l’Etat, spéculation autour du prix du carburant à la pompe, arrestation du conseiller spécial du Chef de l’Etat, François Beya et du ministre Didier Budimbu, libération des personnes condamnées dans le cadre du procès 100 jours du gouvernement…
L’exécutif national semble confortablement installé dans un rôle de sapeur-pompier et perd toute capacité de conduire sa communication. Au contraire, il subit de plein fouet les communications d’ailleurs qui jettent le doute pourtant sur ses actions. La République est prise en otage dans une nébuleuse de réactions plutôt que d’être dans une dynamique d’exécution d’une véritable politique de communication.
Les fonctions de ministre et de conseiller (tous) en charge de la communication sont sacrifiées au profit de ceux de porte-parole et d’attaché de presse. Les initiatives pour porter la communication du gouvernement, la présidence de la République comprise, sont rares et leur impact est de moins en moins ressenti dans l’opinion.
A cet effet, les événements survenus depuis le début de l’année 2022 en République démocratique du Congo ont laissé dubitative l’opinion sur l’efficacité de la communication politique et institutionnelle du gouvernement. Les observateurs de la scène politique congolaise ont l’impression que seuls les aspects purement protocolaires sont pris en charge, du sommet de l’Etat à sa base. Les situations ponctuelles à haute portée événementielle échappent totalement au contrôle de ceux qui s’occupent de la communication de la Nation.
Le cas le plus spectaculaire est celui de la maladie du chef de l’Etat où plusieurs versions différentes ont émané du gouvernement notamment celles du porte-parole de la présidence et du ministre de la communication et médias. La dissonance qui s’en est suivie a plutôt alimenté les critiques et enflé la rumeur. Même « modèle » de communication ou d’incommunication dans les promesses du Chef de l’Etat et dans ses voyages à l’extérieur que ne cessent de décrier, peut-être à tort, la population. En outre, il serait injustifié de ne pas placer dans ce contexte, l’an un du gouvernement Sama Lukonde, un fait à haute portée événementielle où la communication devait atteindre son comble, mais passé sous silence médiatique.
Que dire de la mauvaise utilisation de la radiotélévision publique congolaise, la RTNC qui semble devenir un instrument de communication de seconde zone, les autorités publiques préférant annoncer des grandes décisions du pays dans des médias privés. A ce point, il sied également de s’interroger sur le véritable rôle attribué à la RTNC dans la stratégie de communication du pouvoir en place. Sinon, comment expliquer la moindre attention accordée, par le régime actuel, à la RTNC, instrument stratégique de la communication d’Etat, depuis l’entrée en fonction du Président Tshisekedi.
Notons qu’à la présidence de la République comme au Parlement, plusieurs scandales n’ont jamais trouvé de justifications (faute d’une bonne communication), laissant libre cours à la spéculation. Les récentes performances des régies financières demeurent des faits isolés qui ne bénéficient d’aucune action de communication spécifique du gouvernement alors que cela aurait exigé une plus grande implication du ministère des finances sur les affectations de la plus value obtenue. L’état de siège dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu ainsi que le récent affrontement entre Fardc et M23 où le Rwanda est encore pointé du doigt sans que cela n'émeut Kinshasa souffrent de la même difficulté et, par conséquent, subissent de plein fouet les critiques de l’opinion.
En réalité, le fusible que devait constituer la communication ne fonctionne pas. Les critiques et autres attaques verbales de l’opinion atteignent leurs cibles (le président de la République et toutes les autres institutions du pays) sans coup férir. L’édifice semble avoir été atteint en plein cœur au bout de quatre ans de mandat. Ni les prétendus communicateurs du parti présidentiel, ni la communication de la présidence de la République, encore moins celle du gouvernement ne convainquent.
Seul le « porte-parolat » (lecture des comptes-rendus et des grandes décisions du pays dans les médias), d’un coté, et l’activité des attachés de presse (rédiger des communiqués de presse et contacter les médias en cas d’action), de l’autre, marchent. Le volet communication des institutions, et donc de la République, chancelle au point d’être réduit.
En l’absence de véritables communicateurs chevronnés, le pays est désormais sous la coupe des attachés de presse et des porte-paroles qui n’ont respectivement comme tâche que de servir de passerelle entre l’institution et la presse et de porter la parole du groupe auquel ils appartiennent. La fonction de la communication est diluée entre des amateurs zélés, fervents militants des partis politiques et des personnalités ayant une belle plume et la verve oratoire. Alors que le pays a besoin de soigner son image afin d’attirer des investisseurs.
Or, comme le dit Riutort Philippe, la communication politique moderne a fini par désigner dans la plupart des démocraties représentatives contemporaines, et parfois même au-delà, l’ensemble des actions conduites par des professionnels de la communication agissant pour le compte des professionnels de la politique et à destination des gouvernés. Pour qu’émergent et se généralisent ces pratiques, il a fallu que, au sein des institutions publiques, le « devoir » de communiquer s’impose jusqu’à devenir, au cours des dernières décennies, une évidence de tous les instants.
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