Afrique
La visite officielle de Mohammed ben Salmane à Ankara signe son retour sur la scène internationale, après l'affaire Khashoggi et quatre ans de purgatoire. De quoi combler, enfin, les ambitions de celui qui dirige le pays le plus gros producteur d'or noir de la région.
C'est la sortie du purgatoire pour Mohammed ben Salmane, le prince héritier et dirigeant de facto d'Arabie saoudite. Une petite tournée moyen-orientale s'est achevée mercredi à Ankara, après une escale lundi en Egypte, et mardi en Jordanie, pour la signature de contrats de coopération à plusieurs milliards de dollars. Celui qui était encore un paria sur la scène internationale il y a quelques mois, revêt enfin le costume de leader régional auquel il aspirait depuis son intronisation en 2017.
La guerre en Ukraine a rebattu toutes les cartes de la géopolitique mondiale. Le camp occidental cherche les solutions alternatives au gaz russe - 45 % des importations européennes en 2021. Le spectre de la crise alimentaire , avec le blé ukrainien bloqué dans les ports de la mer Noire et l'étau de l'inflation, obligent à nouer de nouvelles alliances stratégiques pour l'accès aux fonds et aux matières premières.
Homme providentiel
Plus que jamais, le Golfe est un centre d'attention pour les grandes puissances et Mohammed ben Salmane, à la tête du deuxième plus gros producteur de pétrole au monde (11 millions de barils par jour en 2021, 15 % des réserves de brut prouvées), profite de ce retour en grâce . La visite de Joe Biden, prévue en juillet, annoncée il y a quelques semaines, a fini de replacer le prince saoudien au centre du jeu. Il a su s'imposer comme interlocuteur de poids face aux demandes américaines d'augmenter les volumes de production de brut, en jouant le bras de fer. Pour finalement faire accepter par l'Opep, 648.000 barils de plus par jour (0,7 % de la consommation mondiale) début juin.
En Turquie, Mohammed ben Salmane est arrivé comme le sauveur providentiel d'une économie en souffrance. Une première visite officielle de Recep Tayyip Erdogan à Djeddah , deux mois plus tôt, avait lancé le processus de réconciliation des deux rivaux historiques. Dix ans de brouille prennent fin, née des Printemps arabes, attisée par l'assassinat du journaliste d'opposition Jamal Khashoggi , en octobre 2018, entre les murs du consulat saoudien d'Istanbul. A l'époque, le président turc s'était empressé de fournir les éléments de preuves via ses services de renseignements, dénonçant « un crime politique ». « Avec l'aide de Dieu, nous aurons l'occasion de porter à un niveau bien supérieur les relations turco-saoudiennes », vient finalement de déclarer Recep Tayyip Erdogan.
Doubler le commerce bilatéral
Celui-ci engage sa réélection en 2023, pour l'instant devancé dans les sondages par ses rivaux, qui trouvent un écho au sein d'une société turque essorée par une inflation atteignant les 70 % . Il s'agit de trouver les moyens de relâcher la pression sur la livre turque, qui a chuté de 23 % entre janvier 2021 et mai 2022, tout en anticipant les surcoûts d'importation de l'énergie.
D'après une source diplomatique arabe, MBS aurait mis sur la table un accord similaire à celui passé entre Ankara et les Emirats arabes unis en janvier dernier : un échange de devises de 4,9 milliards de dollars et la création d'un fonds de 10 milliards de dollars destiné à soutenir les investissements, dans le but de doubler, a minima, le commerce bilatéral.
En échange des largesses des princes arabes, l'affaire Khashoggi est définitivement enterrée, transférée aux autorités saoudiennes qui se sont empressées de classer sans suite. Si Recep Tayyip Erdogan paraît accepter un nouvel homme fort de la région, l'autre avantage que chacun y trouve, est la création d'un front sunnite face aux velléités iraniennes, en plein bouclage des négociations sur le nucléaire à Vienne.
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