Politique
L’Assemblée nationale a débattu, ce mercredi, d’une motion de défiance contre le ministre des Transports Chérubin Okende. Cette motion, signée par 63 députés, porte sur une dizaine de griefs. Les principales sont ”l’incompétence notoire, la désobéissance, le déphasage par rapport à la vision du chef de l’État en matière de transport”.
La séance plénière a débuté par la lecture de la motion de défiance. Anicet Babanga qui en est l’initiateur, a demandé à ses collègues de voter en faveur de sa motion après avoir égrené un chapelet de reproches contre le ministre Chérubin Okende.
Une véritable passe d’armes
37 élus du peuple se sont alignés pour apporter leur lecture par rapport à la requête de leur collègue. Certains députés ont remis en question la forme et le fond de cette motion. Ils ont fait remarquer que cette motion n’était pas datée.
C’est en vain que le président de la chambre basse a tenté de démontrer que cela n’avait aucune incidence sur le déroulement du débat. Mais plusieurs élus du peuple ont enfoncé le clou.
Ils ont fait remarquer qu’une telle motion, devrait être débattue dans les deux ou trois jours suivant sa réception au bureau de l’Assemblée nationale. Or, celle-ci a été reçue depuis le 12 octobre. Cela faisait donc un écart de 7 jours. Ce qui, pour eux, était inconcevable.
Au nom de l’Union Sacrée
Ceux qui étaient pour la déchéance du ministre, ont tenté un baroud d’honneur. Ils ont évoqué la cohésion au sein de la coalition au pouvoir. Ceux qui étaient contre cette motion ont fait savoir qu’ils en faisaient aussi partie.
Au fil des minutes, la motion était tournée en dérision. Les honorables députés ont relevé de nombreuses fautes d’orthographe et de syntaxe, voire un manque de logique.
Le député Delly Sessanga a demandé aux signataires de la motion ”d’avoir plutôt le courage d’adresser une motion de censure au gouvernement de la république”. Un élu s’est demandé comment on demandait de tels comptes à Chérubin Okende ”qui n’a eu que 30 pourcent du budget qui lui était alloué”. Il s’est étonné que l’on laisse tranquille une ministre qui, ”elle, a reçu 457 pourcent de son budget annuel”. Ce qui pour lui signifie que ”l’un a reçu des frais de fonctionnement pour 4 mois et l’autre pour 4 ans”.
Un autre s’est dit ”surpris que l’on reproche au ministre les retards que connaissent les avions de transport des passagers”. ”Est-ce au ministre de transport de fixer les horaires de vol et de veiller à leurs applications”, s’est-il écrié. Un député a estimé que l’Assemblée nationale doit refuser d’être embarquée dans des querelles byzantines.
L’ombre de l’UDPS et du parti Ensemble
Le député Léon Nemba Lemba dit papa Molière est aussi monté au chapitre. ”Ne nous voilons pas la face. Nous savons tous ce qui se cache derrière cette motion. Nous savons qui est visé”. Il faisait sans doute allusion à la tension qui existe entre l’UDPS et le parti Ensemble de Moïse Katumbi. Beaucoup de cadres et membres du parti présidentiel réclament le départ de l’Union Sacrée au sein de la coalition qui gouverne.
Un de ses collègues a renchéri en demandant aux élus du peuple de refuser ”d’être manipulés par une trentaine de membres de notre assemblée. Pour beaucoup d’observateurs, cette pique visait l’UDPS qui a une trentaine d’élus. Cette formation politique compte en effet une trentaine de députés nationaux.
Le FCC se frotte les mains
La motion a finalement été rejetée après un vote à main levée. Tout de suite, Félix Kabange Mukwampa, l’un des dinosaures du FCC a lancé un tweet polémique. ”C’est la fin de l’Union Sacrée”, a-t-il écrit sur sa page.
Il est de notoriété publique, que le Front Commun pour le Congo n’a toujours pas digéré sa mise à l’écart du pouvoir. Félix Tshisekedi avait en effet mis brusquement fin à l’entente FCC/CACH qui gouvernait le pays. Il avait alors évoqué des ”crocs en jambes et des humiliations qu’il dit avoir subies”.
Ce débat était également très suivi par la population. Les députés le savaient très bien. À quelques mois de l’échéance de leur mandat, ils ont sûrement intérêt à soigner leur prise de parole.
Léon Nemba Lemba dans une de ses sorties médiatiques, disait être convaincu que ”d’entre nous, ne seront pas élus. Le peuple n’est pas si bête que ça. Nous subirons un vote sanction”. Il est donc clair que plusieurs députés ne veulent pas partager le bilan du pouvoir en place. Ils essaient tant bien que mal à prendre leurs distances.
La question est de savoir si ce n’est pas un peu trop tard pour prendre une telle décision.
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