Politique
Mais le fait qui a le plus indigné les Congolais, c’est celui d’apprendre, de la bouche de Bosco Ntaganda qu’il était Rwandais et non Congolais. C’était pour détruire l’accusation selon laquelle il était mêlé aux conflits interethniques entre les communautés Lendu et Hema, caractérisés par des tueries massives entre frères ennemis. Selon son avocat, cet ancien seigneur de guerre avait joué le rôle de sapeur-pompier entre les deux camps, et qu’il n’était derrière les Hema comme consigné dans le dossier de la Procureure de la CPI. La défense du prévenu a également rejeté les préventions relatives au recrutement d’enfants-soldats à leur utilisation par l’UPC dans un conflit armé, aux viols des femmes et filles et à leur exploitation comme esclaves sexuelles, aux pillages des biens, etc.
Rendez-vous au mois de mars
C’est au mois de mars tout proche que les juges de la Chambre Préliminaire de la CPI vont se prononcer sur la confirmation ou non des crimes de guerre et crimes contre l’humanité mis par l’accusation à charge de Bosco Ntaganda. Mais au regard du rôle joué par le prévenu en Ituri, en sa qualité de commandant des troupes, de donneur d’ordres et même d’exécutant, mais surtout de son refus de répondre au mandat d’arrêt international lancé contre lui depuis 2006, suivi d’un second en 2012, il est difficile d’imaginer l’abandon des poursuites judiciaires. L’hypothèse la plus probable serait que les juges demandent à l’accusation de réunir davantage de preuves et de témoins à charge, comme c’était le cas lors des procès d’autres chefs de guerre congolais, notamment Thomas Lubanga (déjà condamné à 14 ans de prison), Matthieu Ngudjolo (acquitté au bénéfice du doute), Germain Katanga (encore en jugement), Jean-Pierre Bemba (encore en jugement).
Si les juges de la Chambre préliminaire de la CPI s’alignent sur la position de l’accusation et décident d’inculper formellement Bosco Ntaganda, cela pourrait faire des dégâts, dans les semaines et mois à venir, dans le cercle d’anciens compagnons politiques et militaires de ce criminel en Ituri, dont certains ont réussi à se faire caser dans les institutions nationales et provinciales de la République, dans l’armée, dans la police nationale, dans les entreprises publiques, dans la diplomatie… à la faveur du Dialogue Intercongolais, organisé en Afrique du Sud en 2002-2003.
Dans sa cellule de La Haye, Bosco Ntaganda tremble et fait trembler tous ceux qui craignent d’être embarqués dans son procès, comme on l’a vécu dernièrement avec les rafles intervenues dans les rangs des proches de Jean-Pierre Bemba (Fidèle Babala, les avocats Kilolo et Kabongo, des témoins) actuellement en détention à la CPI. Mais à la différence du numéro un du MLC qui persiste à nier sa présence à Bangui entre 2002 et 2003 ainsi que son rôle de commandant des troupes, Bosco Ntaganda risque d’être rapidement à court d’arguments. Car, à l’époque où il faisait la pluie et le beau temps en Ituri, beaucoup de monde l’avait vu tuer et faire tuer, violer et faire violer, piller et faire piller.
Et, comme si cela ne suffisait, il a récidivé au Nord-Kivu, à la tête du CNDP, de 2006 à 2012, avant de se rendre de lui-même à la CPI, via l’ambassade des USA à Kigali. L’aveu d’impuissance de ce seigneur de guerre n’efface pour autant ses crimes dans la partie Est de la RDC, que l’accusation se fera sans doute le devoir, on l’espère, de consigner dans un autre dossier, à traiter plus tard par la même juridiction. Les co-auteurs et parrains des crimes de Bosco Ntaganda en Ituri comme au Nord-Kivu ne perdent rien à attendre. Leur tour ne manquera pas de venir.
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