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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 05 mars 2024
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Société

Inégalité de sexe dans l’enseignement supérieur : discrimination ou préférence de la part de la gent féminine ? (Analyse d’Oasis Kodila Tedika et Cedrick Kalemasi Mosengo*)

2023-03-16
16.03.2023
Femme
2023-03-16
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Les écarts entre les hommes et les femmes demeurent une préoccupation importante. Il est vrai que ces écarts diffèrent d’un secteur à un autre, d’un niveau à un autre. Par exemple, selon le dernier Rapport national de mise en œuvre des ODD en RDC (édition 2021), la parité entre les hommes et les femmes est tangible au niveau pré-primaire (indice de parité égal à 1), quasiment au niveau primaire (1) et secondaire (0,86). Au niveau supérieur, on en est encore loin avec un indice de parité de l’ordre de 0,4 selon les données de RESEN 2022. Cette problématique ne se pose pas seulement au niveau des élèves ou étudiants, mais également au niveau des enseignants. La science économique congolaise en est l’illustration.

Avant d’aller plus loin sur la compréhension de ces inégalités, rappelons d’abord le focus fait sur la science économique. Déjà, les auteurs de cette chronique sont des économistes. Mais ce n’est guère la vraie raison ; c’est plutôt une introspection récente de la science économique. En effet, récemment, les économistes ont envahi la problématique du genre dans leur discipline. Ainsi, on sait aujourd’hui qu’il y a de manière générale moins de femmes économistes universitaires partout dans le monde. Elles sont exposées à un traitement sexiste dans la profession ou dans les séminaires scientifiques. Les articles scientifiques écrits par les économistes femmes sont traités plus rigoureusement dans le processus de publication que ceux des hommes. En dépit de cela, ces articles demeurent moins cités que ceux écrits par leurs homologues masculins. Bref, les femmes sont discriminées dans le milieu universitaire de manière générale. Peut-on dire la même chose en RDC ? Et comprendre les raisons sous-tendant le tableau congolais ?

Il n’existe pas de statistiques sur ces inégalités de manière spécifique. Pour apprécier l’ampleur de la réalité, les chiffres de la Faculté des sciences économiques et de gestion (FASEG) de l’Université de Kinshasa (UNIKIN) constituent un bon point de départ. Simplement, parce que longtemps, cette Faculté a été vue comme la plus prestigieuse – aujourd’hui, on peut discuter de cela, ne serait-ce à cause de la multiplicité des facultés créées depuis – mais également comme le vivier de toutes les facultés des sciences économiques du pays. En effet, aujourd’hui encore, toutes les facultés des sciences économiques du pays continuent de trouver des professeurs dans celle de l’UNIKIN.

Alors quelle est l’ampleur de l’inégalité de sexe au niveau des enseignants ? En considérant les vade-mecum de la FASEG de l’UNIKIN, il ressort que la proportion d’enseignantes (professeures, cheffes de travaux et assistantes) est passée de 6,2 % en 2012 à 9,6 % en 2022. Si on force le trait pour comparer aux données de Repec du graphique ci-dessous, la proportion d’économistes congolaises demeure de loin inférieure à celle du monde (26 %) et même à celle de l’Afrique (22,2 %). Dans l’entre-temps, la proportion de professeures est passée de 4,9 % en 2012 à 5,3 % en 2022. Celle de cheffes de travaux a plutôt connu des yo-yo : 9,8 % en 2012, 11,6 % en 2020, 11,3 % en 2021 et 11,9 % en 2022.

Pourquoi si peu de femmes ? Ailleurs, l’une des hypothèses avancées est le faible enrôlement des femmes à l’économie dès l’inscription. D’expérience (parce qu’il n’existe pas de chiffres), les facultés d’économie (sans distinction des départements) congolaises ont toujours attiré les femmes. Ces facultés ne sont pas non plus très mathématisées comme ailleurs (dommage !) pour prétendre que la forte formalisation mathématique constituerait un facteur discriminant. Car, c’est souvent l’excuse que certains brandissent. Or, les tests de PISA (et ses semblables) ont par moment tendance à brandir un avantage des hommes par rapport aux femmes dans les pays occidentaux notamment – ne pas perdre de vue que les résultats à ces tests ne sont pas conduits en faveur de la femme ; ce qui induit un biais dans les résultats finaux.

En prenant argent comptant cet argument néanmoins, il ne peut être valide en RDC. En effet, selon les données de QUIBB à titre indicatif, les inégalités dans le domaine de l’éducation en fonction du sexe sont davantage importantes en lecture qu’en mathématiques. En cours élémentaire, les garçons sachant lire représentent 58 % contre 55 % pour les filles. Concernant les mathématiques, 46 % des garçons sont à l’aise contre 45 % des filles. En fin de cycle primaire, les garçons sachant lire représentent 45 % contre 42 % pour les filles. Par rapport aux mathématiques, 46 % des garçons en sont aptes contre 45 % des filles. Ces différences sont négligeables et donc elles ne peuvent expliquer les inégalités des enseignants dans les facultés d’économie.

Il y a sans doute plusieurs explications à cette sous-représentation. Retenons trois: La première explication qui nous paraît logique est l’hypothèse de la ségrégation femmes-hommes dans les métiers. En effet, il existe dans la société une différence nette entre les métiers exercés par les femmes et ceux exercés par les hommes. Cette constatation relève de l’empirique et l’on constate cela partout. Evidemment, cette ségrégation des métiers peut évoluer, car elle n’est pas gravée dans le marbre. Elle est plus l’œuvre de la socialisation et la construction historico-sociologique. Si on admet cette hypothèse, on peut comprendre pourquoi il n’y a pas beaucoup de professeures en économie. Ce qui explique également que même dans les autres disciplines, il n’y pas autant de femmes que d’hommes. Jusqu’il y a peu, ce métier était le propre des hommes en RDC. La première thèse en économie faite par une femme remonte en 1993. Mais il a fallu attendre 2010 pour avoir une deuxième docteure en économie et la première à intégrer le corps professoral de la FASEG de l’UNIKIN en 2012.

La deuxième explication est l’hypothèse de mariage squeeze (pression du mariage), qui résulte du déséquilibre entre le nombre de femmes et d’hommes en âge de se marier. Cette hypothèse semble se vérifier dans sa variante. En effet, il devient mécaniquement plus dur pour une femme de se marier si elle franchit un certain niveau de scolarisation, car à ce niveau-là la demande de l’amour par les hommes et l’offre par les femmes ne s’égalisent que difficilement. Le prix étant plus cher. Moins d’hommes sont prêts, semble-t-il, à prendre pour femme une professeure d’université. Or, dans une société où le mariage constitue un bien de prestige et où le marché du mariage fonctionne à la Becker (le mariage a pour fonction notamment la production des enfants), une bonne partie des femmes ne peuvent se passer de ce gain. Aussi, dans la logique du déséquilibre sus-évoqué, la « valeur » de la femme sur le marché – opportunité de se marier – baisse, moins elle a le pouvoir dé négociation dans le marché de l’amour. Plus facilement ainsi, elle peut négocier une carrière. Dans le cas contraire, les incertitudes sociologiques de l’homme bantou prennent le dessus et donc dissuadent les potentiels demandeurs de l’amour de ne pas se lancer dans ce marché. Or, pour l’instant, la préférence pour le mariage demeure une préoccupation importante. Dans cette dynamique sociale, enseigner les équations parait moins romantique (dommage !). Ce qui dissuade in fine les femmes à prendre cette direction.

La troisième explication possible est une question d’intérêt ou de préférence. Le Rasoir d’Occam. Elles n’envisageraient simplement pas une carrière d’enseignante. Ou peut-être le rendement perçu de cette profession par elle n’est pas économiquement pertinent.

Evidemment, il n’y a pas de plafond de verre. Pour preuve, en 2013, il y avait 5,4 % des assistantes. Cette proportion a plus que double pour se situer autour de 13,4 % en 2022. Dans ce contexte, il faut encourager les femmes à emprunter cette carrière. Parmi les solutions, le role model s’est également affirmé comme moyen de faire le STEM. Jouons cette carte notamment.

 

*Oasis KodilaTedika est un économiste et auteur récemment du livre Financement du développement en RDC : diagnostic, opportunités et perspectives. 
* Cedrick Kalemasi Mosengo est un enseignant-chercheur de la FASEG/Unikin

 


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Sherlock Holmes @VLPSTGB   Message  - Publié le 16.03.2023 à 17:32
Inégalité ou égalité de sexe : vous êtes des insensés. Comment peut-on égaler le pénis au vagin ? A moins que ça se passe à la chirurgie. Parlez plutôt d'égalité de genres.

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