Tshikapa : les femmes en quête de l'eau dans les quartiers périphériques

Très tôt matin, bidons ou bassines sur la tête, les femmes sont toujours à la recherche de l'eau potable dans la ville de Tshikapa, chef-lieu de la province du Kasaï. Et pourtant, la ville abrite une usine de traitement d'eau d'une capacité de 50.000 m³/, inaugurée en 2017 par l'ancien président Joseph Kabila.

Un réseau de distribution avec trois châteaux d'eau d'une capacité de 1.500 m³ ; 200 bornes fontaines et des branchements particuliers, la Regideso/Tshikapa peine à assurer la desserte en eau potable sur l'ensemble de la ville.

Ce 22 mars, Journée mondiale de l'Eau, notre reporter est allé à la rencontre des femmes des deux quartiers Tshisele dans la commune de Dibumba 2 et Kabuyi dans la commune de Mbumba. Deux quartiers urbains et périphériques très peuplés où les populations n'arrivent toujours pas à accéder à de l'eau potable.

Dans ces quartiers, la tuyauterie de la Regideso y est installée, mais aucune goutte d'eau ne coule depuis plusieurs années.

Témoignages

"À faible distance de ma parcelle, il y a une borne fontaine de la Regideso, mais jamais on a vu coulé même une goutte d'eau, on nous dit que le château de Dibumba n'a pas assez de pression pour remonter l'eau jusque dans notre quartier", s'inquiète Véronique Akatshi, trentaine révolue, habitant sur l'avenue Babindi, quartier Tshisele dans la commune de Dibumba 2.

Dans la colline de Kele où toute la population est privée d'eau suite à la défection de la conduite d'eau depuis l'effondrement du pont Kasaï en 2020, certains quartiers n'ont jamais été desservis en eau, poussant de nombreuses femmes à recourir à des sources pour s'approvisionner en cette denrée de première nécessité.

"J'attends toujours parler de l'eau de Regideso à Tshikapa, mais jamais, on a connu ça chez nous. Depuis longtemps, nous sommes obligées de puiser et de consommer l'eau de la source parce que dans mon quartier, il n'y a pas de tuyau de la Regideso", affirme Célestine Mwika, femme de ménage au quartier Kabuyi à Mbumba.

D'après le chef de centre de la Regideso Tshikapa, Paul Saleh Asomba, l'usine de Tshikapa dispose d'une capacité suffisante pour desservir toute la ville. Il est question des investissements pour étendre le réseau.

"Non, la Regideso centre de Tshikapa ne peine pas à assurer la desserte en eau potable sur l'ensemble de la ville. La Regideso Tshikapa est sur l'ensemble de la ville. Elle dessert dans la partie où elle est présente. Ça va de soi qu'elle ne puisse pas desservir là où elle n'est pas présente. Il y a des investissements à faire, là c'est une question du gouvernement", fait-il savoir.

Toutefois, le responsable de la Regideso déplore le faible taux de consommation de l'eau par la population. Pour lui, la population continue à recourir à l'eau des sources ou de la pluie.

Des forages comme alternative

Face à la pénurie de l'eau, des privés recourent aux forages dans certains quartiers. Des bornes fontaine d'eau de forage sont installés dans plusieurs quartiers où ne passe la Regideso.

Certains privés et ONG en sont les propriétaires.

Signalons que la Journée mondiale de l'Eau, née de la conférence des Nations-Unies sur l'environnement et le développement qui a eu lieu en 1992 à Rio de Janeiro au Brésil lors de l'établissement du fameux Agenda 21 pour la Terre, est placée cette année sous le thème : "L'eau pour les villes : répondre aux défis urbains".