Kinshasa : mésentente entre Ngobila et Mpoyi, mise en scène ou « théorie de deux bonbons? »

À quoi riment les gesticulations au sommet de la ville de Kinshasa ? La question vaut son pesant d’or après la lettre de Godé Mpoyi président de l’Assemblée provinciale adressée à Ngobila gouverneur de la ville province de Kinshasa, lui demandant des comptes sur la gestion financière de son entité.

Une correspondance visiblement classée sans suite par le destinataire qui s’en moque éperdument selon des sources. Pourtant, l’expéditeur avait accordé un délai maximum de 48 heures.

Pour des analystes, il s’agit d’une mise en scène ou carrément, de la théorie de deux bonbons (Ça existe, or ça n’existe pas, Cfr Jean-Marc Kabund). Une manière, pour eux, de justifier la mégalomanie face au chaos dans la gestion de la capitale dont ils sont responsables.

La situation de Kinshasa, une ville de plus de 12 millions d’habitants, appelle à une prise de responsabilité sans complaisance. Malheureusement, c’est le contraire. Godé Mpoyi et Ngobila ont opté pour des mises en scène hors de commun. Le premier a abandonné ses responsabilités d’organiser ne serait que des sessions de l’organe délibérant de la province au profit du mannequinat dans son église. C’est chaque dimanche que le pasteur offre des tenues reçues des couturiers hors normes. Une réalité dramatique, mais vécue quotidiennement par les kinois abandonnés par ceux qui sont censés créer leur bonheur.

Question : où en est-on avec la correspondance adressée au gouverneur Ngobila? Du buzz sans nom. Kinshasa n’a pas de chance. Cependant, à l’allure où vont les choses, le haut sommet de l’État est invité à l’action, car qui dit pouvoir dit aussi bilan et le bilan, ce sont les hommes. Godé Mpoyi et Ngobila vendent plutôt une image négative de Tshisekedi à Kinshasa.

Les casseroles sales de Ngobila

Depuis que les lettres adressées par le président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa, Godé Mpoy au gouverneur Gentiny Ngobila ont fuité dans la presse, des robots communicants peinent à convaincre l’opinion sur les charges qui pèsent sur le chef de l’exécutif provincial.

Les préoccupations posées par Godé Mpoy n’ont jusque-là trouvé aucune réponse. Le mystère demeure sur plusieurs fonds sortis par la ville pour différents travaux. De nombreux emprunts ont été effectués par le chef de l’exécutif provincial sans le quitus de l’autorité budgétaire qu’est l’Assemblée provinciale. Une entorse à la loi. Malgré les rappels à l’ordre l’enjoignant à régulariser la procédure, Ngobila faisait la sourde d’oreille. Il a fallu que Mpoy gronde cette fois-ci pour qu’enfin le gouverneur sursaute et s’exécute. Des correspondances avec objets précis pour chaque cas ont été envoyées au gouverneur pour des explications précises sur les sommes empruntées dans les différentes banques et détailler leur affectation. Zéro réponse jusque-là. Le dossier marché central en est une parfaite illustration. Sommé, le gouverneur bataille pour convaincre.

Aujourd’hui, la ville sombre dans le chaos : kuluna, embouteillages, insalubrité… . Les casseroles de Ngobila sont sales à six mois des élections.
Les fictifs

Godé Mpoy évoque la problématique des fictifs sur les listings de paie à l’Hôtel de ville. Des sources de l’APK renseignent que Gentiny Ngobila gonflent le nombre de fonctionnaires du gouvernorat. La plupart seraient, d’ailleurs, des fictifs. Des fictifs sont aussi dénoncés à l’organe délibérant. Impayés, les agents croupissent dans la misère. Inadmissible, aux yeux du président du parlement provincial, qui a tenté depuis longtemps de voir clair sur ce dossier, mais en vain. Il le dénonce d’ailleurs haut et fort. Plus grave, les mêmes sources ajoutent que les policiers de la ville sont impayés. Contre toute attente, une bonne somme d’argent serait affectée au paiement, semble-t-il, des anciens gardes rapprochés de Kimbuta. Vérification faite, même ces fonds-là n’arrivent pas à destination. Des fausses pièces comptables sont pourtant brandies, peste un membre de l’administration de la ville qui s’indigne de l’utilisation de plusieurs comptes parallèles.

Le dossier “véhicules des élus”

« Si les députés ont un problème avec la banque Afriland, c’est à cause de la megestion de Ngobila », explique un député provincial de Kinshasa membre de la Dynamique Ngobila sous le sceau d’anonymat. Selon lui, le paiement tardif incombe au chef de l’exécutif provincial, car une clause du contrat stipule « qu’en cas de paiement tardif, c’est l’exécutif provincial qui prend en charge les intérêts auprès de la banque : les documents existent ». Il rappelle que « Godé Mpoy en homme intègre, n’a jamais retenu un seul franc sinon les députés auraient déjà réclamé depuis 2019 ».

Quant aux sept millions USD dont parlent les adeptes de Ngobila dans les médias, il s’agit des intérêts cumulés suite au paiement tardif du gouverneur. Lui-même Ngobila le reconnaît dans une correspondance adressée aux députés provinciaux. Il avait réaffirmé son engagement de solder les intérêts dûs au retard de paiement des fonds empruntés par les députés. Mais jusque-là, rien n’est fait. Conséquence, les comptes de l’institution, de son président et de quelques députés provinciaux sont gelés.

Ngobila tente en vain de calmer la tempête

Dans le dur, Ngobila aurait envoyé plusieurs émissaires pour négocier en cachette la paix avec le président de l’Assemblée provinciale, question de sauver sa peau dans ce tourbillon. Le gouverneur aurait même saisi le présidium de l’Union sacrée pour taire l’affaire en privé. Mais rien n’arrête la détermination du pasteur Godé à foncer jusqu’au bout pour le salut de la capitale. Ses proches rappellent d’ailleurs au camp Ngobila que Kinshasa n’est pas Yumbi.