Malgré la stabilité du franc congolais et du cadre macroéconomique en RDC, le coût de vols nationaux demeure instable à la CAA/Fly Congo

Il n’est plus facile de se procurer un billet d’avion pour un vol national à bord de la compagnie d’aviation CAA/Fly Congo. Le coût du billet varie à chaque heure, minute ou seconde, renseignent des agents chargés de voyage au sein des entreprises publiques de la place.

A en croire nos sources, le prix du billet pour le trajet d’une durée de 1h20’ entre Kinshasa-Kisangani varierait entre 340 et 350 USD (aller-retour) et 200 Usd (aller simple), à l’époque de Hewa Bora. Kinshasa-Mbandaka, pour 45 minutes, coûtait 280 Usd, l’aller-retour et 170 Usd, l’aller simple. A ce jour, le prix d’un billet pour Kinshasa-Kisangani peut aller jusqu’à plus de 340 dollars américains pour un aller-retour et celui de Kinshasa-Kisangani va au-delà de 620 Usd.

Certains agents des entreprises publiques ou privées de la capitale, censés effectuer des missions de service à l’intérieur du pays, se retrouvent parfois dans l’impossibilité de voyager au temps convenu. Tout simplement, confie-t-on, parce que le coût du billet joue au yoyo, monte et baisse alternativement sans raisons objectives.

Un cadre d’une entreprise publique se serait même acharné contre une agence de voyage et tourisme parce que le montant lui demandé la veille, pour l’achat d’un billet, conformément à la facture pro-forma retirée était revu à la hausse. « Cette facture indiquait 620 Usd pour un aller-retour Kinshasa-Kisangani. Un jour après, le prix augmente à 670 Usd. Je suis rentré dans mon entreprise pour solliciter un supplément d’USD 50. Après avoir réussi à obtenir ce supplément, j’arrive ici on me parle de 710 dollars américains. Je dois encore rentrer auprès de mon entreprise pour solliciter un autre supplément ? Je risque de ne pas être compris et dans ce cas, je serais obligé d’ajouter moi-même […] C’est pas du tout sérieux », s’est-il indigné, l’air furieux.

Confuse, la vendeuse de billet répond poliment en disant : « ça ne dépend pas de nous. Le prix du billet varie selon la volonté du patron de cette entreprise d’aviation. Nous, nous ne faisons que constater cela sur nos moniteurs ».

Chose curieuse, le coût du billet monte parfois à la minute. C’est ce qu’ont constaté deux autres cadres d’une entreprise publique de la capitale. Alors que M. Mwanza, accompagné de son chargé de voyage, se présente devant une agence de voyage pour l’achat d’un billet pour le parcours Kinshasa-Kisangani à 550 USD comme l’indiquait la facture pro-forma, la vendeuse lui répond que le billet se vend maintenant à 590 dollars. Il informe son collègue, qui était en route pour la même agence. Ce dernier lui demande d’ajouter 80 Usd pour les deux billets, afin d’être remboursé à son arrivée. M. Mwanza refuse et préfère attendre son ami pour que chacun supplée à ce qui manque au coût initial. Pendant qu’il attendait, le prix grimpe encore de 590 à 620 Usd et, à l’arrivée de son collègue, le prix était à 670 Usd. Au finish, il fallait un supplément de 120 dollars américains à chacun. Ce qui les a poussés à renvoyer à une nouvelle date leurs missions de service, en attendant que l’entreprise paie le supplément du billet.

Une dame qui effectuait un voyage d’affaire à Kisangani débarque à l’agence au moment où il y avait coupure d’électricité. Elle demande à la vendeuse de lui produire un billet à 670 $. La vendeuse refuse en soutenant qu’ « il n’y a pas d’électricité. Nous devons attendre le rétablissement du courant parce que le coût du billet risque de changer. »

Certains observateurs estiment que cette instabilité du coût du billet de vols nationaux au sein de CAA/Fly Congo n’a pas de justifications objectives, au regard de la stabilité du taux change en RDC et du cadre macroéconomique. Car, le coût d’un billet d’avion, que ça soit pour les vols nationaux ou internationaux, varie selon la période de basse saison ou de haute saison, considérée comme la période de vacances où les mouvements des personnes sont plus importants.

Selon ces observateurs, l’entêtement de cette compagnie d’aviation serait dû à sa situation de monopole en RDC. CAA/Fly Congo est pour le moment la seule compagnie d’aviation qui exploite les vols nationaux. Face à ce monopole, elle se permettrait de revoir les prix du billet, sans tenir compte de la loi du marché, dérangeant ainsi les programmes de voyage et dispositions budgétaires des paisibles citoyens congolais.

Face à cette inquiétude, les autorités congolaises censées réguler la navigation aérienne, indiquent les observateurs, sont appelées à se saisir de ce dossier pour tirer au clair les véritables raisons qui motivent cette montée désordonnée du coût du billet d’un vol national. Déjà, le billet coûte énormément cher par rapport à l’époque de Hewa Bora. Alors que c’est la même entreprise qui a changé de dénomination avant de fusionner avec CAA. Pire encore, ce prix déjà exorbitant n’est pas stable. 620 à 670 Usd pour Kinshasa-Kisangani, le trajet d’une durée de 1h20’, c’est trop. Car, à cette même période, le billet aller-retour Kinshasa-Paris coûte 670 euros, pour un vol de plus ou moins huit heures.

Par ailleurs, cette situation doit également interpeller le Gouvernement pour la mise en place rapide d’une entreprise nationale d’aviation. Ce qui permettra de faire face aux expatriés qui se permettent n’importe quoi, n’importe comment, parfois sous l’œil impuissant ou complice des autorités congolaises.