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Brésil: quelles conséquences après le blocage du réseau social X par la Cour suprême?

2024-08-31
31.08.2024
Monde
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Le juge Alexandre de Moraes a ordonné vendredi 30 août la suspension du réseau social X «sur tout le territoire brésilien». Ici, le juge de la Cour suprême lors d'un événement à São Paulo, le 30 août 2024. © Carla Carniel / Reuters

Le Brésil a commencé à bloquer le réseau social X, anciennement Twitter, vendredi 30 août. La veille, le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes avait ordonné la suspension du réseau après le refus d'Elon Musk, son propriétaire, de respecter plusieurs décisions juridiques relatives à la désinformation. Le milliardaire dénonce une décision « dictatoriale ».

Le réseau anciennement connu sous le nom de Twitter n'est plus disponible sur plusieurs dispositifs au Brésil. Sur Downdetector, site qui enregistre les plaintes concernant les canaux numériques, un utilisateur a déclaré que le réseau social avait cessé de fonctionner d'abord sur son ordinateur, puis sur son téléphone portable, rapporte le quotidien Folha de São Paulo.

Depuis qu'il a racheté Twitter, le milliardaire n'a eu de cesse de s'ériger en défenseur de la liberté d'expression. Sous son règne, des utilisateurs bannis pour avoir tenu des propos racistes, misogynes, pour incitation à la haine ou propagation de fausses nouvelles ont pu faire leur retour sur X. Aux États-Unis, on pense à l'ex-président Donald Trump, dont Elon Musk est un soutien revendiqué.

Sauf qu'au Brésil, c'est parfois la justice qui avait ordonné la suspension de ces comptes, notamment après la tentative de coup d'État de janvier 2023. Les partisans du président d'extrême droite Jair Bolsonaro voulaient tenter d'inverser sa défaite à la présidentielle d'octobre 2022.

Dans le cadre de cette enquête, le propriétaire du réseau social fait l'objet d'une enquête pour entrave à la justice, organisation criminelle et incitation au crime. Une enquête qui découle d'une précédente, sur des « milices numériques », soupçonnées d'avoir utilisé de l'argent public pour orchestrer des campagnes de désinformation en faveur de Jair Bolsonaro et de ses proches.

Jusqu'à 8 000 euros d'amende par jour en cas de contournement de l'interdiction par les utilisateurs
Plus d'un Brésilien sur 10 a un compte sur X, mais les internautes tentés de contourner l'interdiction, en utilisant un simulateur de réseau (VPN) par exemple, risquent jusqu'à 8 000 euros d'amende par jour. La suspension doit rester en vigueur jusqu'à ce que la plateforme obtempère, paie les amendes qui lui ont été infligées et nomme un représentant légal. Conséquence, le réseau social Bluesky connaît un afflux important de nouveaux utilisateurs venus du Brésil, même si aucun chiffre n'a été communiqué.

Le bras de fer est aussi financier, la justice brésilienne ayant ordonné le blocage des comptes bancaires au Brésil de Starlink, le service internet par satellite d'Elon Musk. Cela jusqu'au paiement des amendes de X.

Qui est Alexandre de Moraes, le juge qui a ordonné la suspension du réseau social X au Brésil ?

Avec son regard noir, son crâne chauve, ses épaules carrées, son physique impressionne. C’est un costaud qui aime se battre. Il est fan absolu de boxe thaïlandaise et des Corinthians, l'un des clubs de foot de São Paulo. En privé, on le dit plein d’humour, mais en public, c’est une barre de fer. Il est le héros d’une partie du Brésil pour sa lutte contre les dérives de Jair Bolsonaro et de l’extrême droite. Mais il est également critiqué, y compris chez les juristes, pour ses méthodes musclées : perquisitions, détentions préventives, condamnations expéditives qui ont fait du Tribunal suprême brésilien une institution presque trop puissante.

Depuis la présidence de Jair Bolsonaro, il a gardé une obsession : la désinformation. Il a fait retirer des milliers de fake news des réseaux sociaux, ordonné le blocage de comptes ultra-conservateurs, suspendu la messagerie Telegram... Il s’est juré de nettoyer le web brésilien. Et s’il a censuré X, écrit-il dans sa décision, c’est que cette plateforme autorise la dissémination massive de fausses nouvelles, les discours de haine et les attaques contre l’État de droit. Ce qui, selon Alexandre de Moraes, viole la liberté de choix des électeurs en les éloignant d’une information crédible.


RFI / MCP , via mediacongo.net
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