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Le fondateur de WikiLeaks Julian Assange est attendu mardi prochain à Strasbourg où il doit s'adresser au Conseil de l'Europe, une première depuis sa sortie de prison au Royaume-Uni en juin.
Julian Assange, 53 ans, devrait se rendre en personne dans cette ville du nord-est de la France le 1er octobre "pour témoigner devant la Commission des questions juridiques et des droits de l'homme de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe" après la publication d'un rapport d'enquête de cette même Assemblée sur "les implications de sa détention et ses effets plus larges sur les droits de l'homme, en particulier la liberté du journalisme", a déclaré WikiLeaks sur le réseau social X.
L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe doit débattre de ce rapport le 2 octobre, qui "confirme qu'Assange est un prisonnier politique" et qui "appelle le Royaume-Uni à mener une enquête indépendante pour déterminer s'il a été exposé à des traitements inhumains ou dégradants" en détention, selon l'ONG.
Cette audience sera le "premier témoignage officiel d'Assange sur son affaire" depuis son arrestation par la police britannique en avril 2019, après sept ans passés dans l'ambassade d'Equateur à Londres pour éviter son extradition vers la Suède dans une enquête pour viol, classée sans suite la même année.
L'Australien a ensuite passé cinq ans dans la prison de haute sécurité de Belmarsh (à l'est de Londres) à se battre contre son extradition vers les Etats-Unis où il était inculpé en vertu d'une loi sur l'espionnage datant de 1917.
A partir de 2010, M. Assange avait publié sur la plateforme WikiLeaks plus de 700.000 documents concernant les activités militaires et diplomatiques de Washington, notamment en Irak et Afghanistan, ce qui lui vaut d'être présenté comme un champion de la liberté d'informer.
Ces documents concernaient notamment les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan, ainsi que des récits d’exécutions extrajudiciaires et de collecte de renseignements contre les alliés.
"Toujours en convalescence"
Un accord de plaider-coupable avec la justice américaine lui a finalement permis, fin juin, de quitter le Royaume-Uni en direction de Saipan, un territoire américain du Pacifique, où une juge l'a condamné à une peine de prison couvrant sa détention provisoire. Il a alors été libéré et a regagné l'Australie.
Le lanceur d'alerte ne s'est pas exprimé en public depuis, son épouse expliquant qu'il avait besoin d'intimité et de temps pour se rétablir.
"Julian Assange est toujours en convalescence après sa sortie de prison", a déclaré mercredi l'organisation.
Le groupe a indiqué que Julian Assange assisterait à la "session du Conseil de l'Europe en personne en raison du caractère exceptionnel de l'invitation".
Grâce présidentielle menacée ?
"Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne relève la tête pour s'exprimer publiquement sur des questions qui lui tiennent à cœur", a estimé Matthew Ricketson, professeur de communication à l'université australienne Deakin.
Mais plusieurs experts juridiques s'interrogent sur l'opportunité du moment choisi pour le faire ainsi que sur le lieu.
Le Conseil de l'Europe est une organisation internationale qui rassemble les 46 Etats signataires de la Convention européenne des droits de l'homme, qui n'a que peu de pouvoir sur le sort judiciaire de Julian Assange.
Aussi, certains experts estiment que le discours de l'Australien pourrait mettre en péril sa demande de grâce présidentielle aux Etats-Unis.
Julian Assange "sera inévitablement critique à un certain niveau envers le gouvernement américain et je ne vois pas cela comme quelque chose qui puisse être considéré comme utile", a déclaré à l'AFP Holly Cullen, professeur de droit à l'Université d'Australie-Occidentale.
"Même s'il pense personnellement qu'il s'en fiche, ses conseillers juridiques pourraient lui dire +peut-être devriez-vous faire preuve d'un peu plus de retenue jusqu'à ce que la question de la grâce soit résolue+", a-t-il dit.
Chelsea Manning, l'analyste du renseignement militaire qui a divulgué les documents à Julian Assange, a vu sa peine de 35 ans commuée par le président de l'époque, Barack Obama, en 2017.
Le cas Assange demeure profondément controversé.
Ses partisans, qui réclament depuis longtemps une grâce présidentielle américaine complète, le saluent comme un champion de la liberté d'expression et du journalisme d'investigation, persécuté par les autorités et injustement emprisonné.
Ses détracteurs, eux, le voient comme un blogueur imprudent dont la décision de publier des documents ultrasensibles a mis des vies en danger et a gravement compromis la sécurité des Etats-Unis.
Le président Joe Biden, qui devrait accorder une série de grâces avant de quitter ses fonctions en janvier prochain, a déjà qualifié Julian Assange de "terroriste".
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