Afrique
« À cause de son penchant envers le Rwanda, Congo Action pour la Diplomatie Agissante (CADA) demande à la France de ne plus s’impliquer dans le conflit qui oppose le Rwanda à la RDC. Il est difficile à croire que le Président de la France dans son discours inaugural du 19ᵉ Sommet de la Francophonie puisse omettre de mentionner la guerre injuste imposée à la RDC depuis plus de trois décennies. Dire que le Président Macron a été parcellaire dans son discours alors que la crise du Congo est majeure avec une dizaine de millions de morts et autant des déplacés, indique quelle considération la France a pour le Congo. En d’autres termes, cela révèle le parti pris de la France dans le conflit au Congo », épingle Eric Kamba, Analyste de la Géopolitique & Coordonnateur de l’ONG Congo Action pour la Diplomatie Agissante (CADA), dans sa tribune en réplique à l’incident diplomatique survenue, vendredi 4 octobre dernier, à Paris, entre le Président Congolais Félix Tshisekedi et son homologue français Emmanuel Macron, en marge du 19ᵉ Sommet de la Francophonie. In extenso, lisez l’intégralité de sa réflexion.
CADA demande à la France de ne plus s’impliquer dans le conflit qui oppose le Rwanda à la RDC
(Par Eric Kamba, Analyste de la Géopolitique & Coordonnateur CADA)
Le règlement de la crise à l’Est de la RDC mettant aux prises Kinshasa et Kigali reposait sur le processus de Luanda avec le Président angolais comme médiateur et celui de Nairobi qui voulait résoudre de façon holistique la problématique de tous les groupes armés, y compris le M23.
Ce dernier processus a connu des couacs avec la résurgence du M23 en mars 2022 avec le soutien avéré du Rwanda dont la présence des troupes au Congo est confirmée par les Nations unies, y compris les membres du Conseil de sécurité, dont les USA et la France.
Ce processus de Nairobi est quasi enterré, surtout avec l’arrivée au pouvoir du président Kenyan William Ruto qui n’a pas hésité de montrer son penchant envers le Rwanda. Ce qui a eu des répercussions sur le processus politique de Luanda avec le départ souhaité par Kinshasa du contingent kenyan des troupes de l’EAC (East Africa Community) remplacées présentement par celles de la SADC que les Nations unies, par les USA interposés, ne sont pas prêtes à financer.
En effet, le processus de Luanda inclut la RDC et le Rwanda qui, à leur niveau, doivent conclure un accord devant mettre fin au conflit qui les opposent depuis des décennies à la base de l’insécurité qui n’en finit pas à l’Est de la RDC.
Dans la démarche du Président Français Emmanuel Macron, il veut greffer sur cet accord d’autres choses qui sont en fait des revendications du Rwanda, à savoir, notamment, le processus politique avec le M23 qualifié de terroriste par Kinshasa et avec lequel il ne va pas négocier, la marginalisation des Tutsis congolais et le soi-disant discours de la haine.
D’emblée, il sied de noter que Macron n’avait pas omis de citer l’insécurité de l’Est de la RDC dans son discours inaugural au 19ᵉ Sommet de la Francophonie, c’était une option prise délibérément en ce que s’il en parlait, il inscrivait en quelque sorte la question à l’ordre du jour des travaux et allait donner ainsi l’occasion au président congolais de massacrer son homologue rwandais.
Il l’a fait exprès, en connaissance de cause. À la conférence de presse, il ne s’est pas rattrapé, mais il a plutôt porté sur la place internationale l’agenda du Rwanda. Comment Macron pense-t-il que Kinshasa doit discuter avec le M23 qui sont sa création ? C’est donc permettre à Kigali de placer encore une fois ses pions dans les institutions du pays ? En quelle qualité Kigali peut-il s’ériger en défenseur des Tutsis au Congo ? Le discours de haine est tenu où et par qui au Congo ? Le gouvernement congolais encourage-t-il le discours de haine ?
Enfin, la question des FDLR est un non-sens, un prétexte pour Kigali de justifier sa présence en RDC.
Les FDLR sont-elles venues en RDC à la demande de cette dernière ? Tout le monde sait dans quelles conditions les réfugiés rwandais sont arrivés en RDC après le génocide rwandais. Combien de fois ont-ils déjà attaqué le Rwanda pour en constituer la menace ? Quel âge moyen peut avoir ces miliciens des FDLR trente ans après le génocide ?
À cause de son penchant envers le Rwanda, Congo Action pour la Diplomatie Agissante (CADA) demande à la France de ne plus s’impliquer dans le conflit qui oppose le Rwanda à la RDC. Il est difficile à croire que le Président de la France dans son discours inaugural du 19ᵉ Sommet de la Francophonie puisse omettre de mentionner la guerre injuste imposée à la RDC depuis plus de trois décennies.
Dire que le Président Macron a été parcellaire dans son discours alors que la crise du Congo est majeure avec une dizaine de millions de morts et autant des déplacés, indique quelle considération la France a pour le Congo. En d’autres termes, cela révèle le parti pris de la France dans le conflit au Congo.
Et lorsque Macron lors de la conférence de presse ajoute un autre point à l’agenda des négociations, à savoir reprendre le processus politique en intégrant le M23, de façon à trouver une solution globale dans la sous-région, cela voudrait dire que Paris prend en charge les revendications du Rwanda.
Un adage africain dit : « il faut laisser parfois certaines choses se produire pour connaître les vraies intentions des interlocuteurs. » Aujourd’hui, nous connaissons les intentions de la France d’Emmanuel Macron. La grande question à se poser est de savoir si la RDC devrait encore aller à la francophonie, ? Pourquoi y participer, quels en sont les avantages pour la RDC?
Avant de répondre à cette question, il sied de souligner quelques absences remarquées lors de ce dernier sommet, Celle du roi du Maroc qui s’était fait représenter par son chef du gouvernement, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye dont l’absence a clairement définit le ton souverainiste de son régime sur le plan diplomatique.
Pour ce qui concerne le Président de la RDC, Felix Tshisekedi., nous pouvons constater qu’il est devant deux défis sur le plan diplomatique international : les deux candidatures de la RDC au Conseil de sécurité et au Conseil des droits de l’homme. Il est donc en campagne pour le moment et il ne pouvait pas se mettre en marge de la Francophonie pour le moment.
Le silence et l’indifférence de cette institution face à l’agression de la RDC par le Rwanda, un des membres de l’OIF, et des tragédies qu’il provoque depuis trois décennies sont tout simplement inadmissible et constituent la raison pour laquelle, la RDC, deuxième pays Francophone au monde ne semble plus avoir le cœur à l’ouvrage.
La candidature du Rwanda, un pays anglophone a l’OIF a été soutenue par Emmanuel Macron qui pensait ainsi offrir en cadeau, le poste au Rwanda à cause du rôle controversé de la France durant le génocide de 1994.
Aujourd’hui, l’OIF est dirigée par l’ancienne ministre rwandaise des affaires étrangères, contestée par la RDC, fidèlement alignée sur son président Paul Kagamé et qui empêche la francophonie d’être impartiale et objective sur le conflit Rwanda et RDC.
Congo Action pour la Diplomatie Agissante exprime son indignation face à ce qu’il qualifie de l’indifférence de l’OIF et de la France vis-vis de l’agression en RDC par le Rwanda.
Lors du 19ᵉ Sommet de la Francophonie tenue à Paris, le Président Macron a joué au relai du narratif de son allié Paul Kagame, dont le fonds de commerce est connu et ne convainc plus quasiment personne à travers le monde, même si la communauté internationale, principalement les grandes puissances occidentales avec en tête les USA et le Royaume Uni, se montrent complaisantes et se réservent de toute sanction à l’endroit du Rwanda qui a envahi un pays souverain à l’instar de la Russie. Macron a, ce faisant, utilisé un raccourci, pour occulter la vérité dans le but de vouloir disculper le tyran rwandais de toutes les accusations portées contre lui comme envahisseur de la RDC opérant sous le label du M23, une fabrication sortie des laboratoires rwandais à l’exemple de l’AFDL, du RCD et du CNDP. La rwandalisation du M23 étant plus qu’avérée, Kigali a une nouvelle trouvaille : l’AFC avec Corneille Nangaa, ancien président de la CENI, une nouvelle marionnette dont le M23 sert de plateforme.
CADA demande au gouvernement de la RDC de suspendre sa participation à la Francophonie jusqu’à nouvel ordre.
CADA estime que la RDC étant le plus grand pays Francophone au monde avec le Français comme la langue officielle n’a pas le respect qu’elle mérite de la part de l’OIF et la France.
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