Femme
La candidature d'une femme non blanche au poste de présidente des États-Unis envoie un message fort : notre place est aussi dans les espaces de décision, et nos compétences sont essentielles pour une société plus juste et inclusive.
Une opinion de Binta Liebmann Diallo, infirmière sociale, co-fondatrice de l'asbl le Dispensaire social et de l'asbl DentalFLUX
Ce mardi 5 novembre 2024 marque un tournant historique : Kamala Harris pourrait être élue présidente des États-Unis. Pour beaucoup, cette possibilité dépasse une simple question de parti ou d'idéologie. Elle incarne l'émergence d'une transformation culturelle et sociale. En tant que femme noire en Belgique, cette élection résonne profondément en moi. Elle affirme que notre place ne se limite plus aux marges ou aux rôles subalternes forgés par des siècles de patriarcat et de colonialisme. Nous revendiquons le sommet, non pas comme quotas ou symboles, mais en tant que voix légitimes et actrices du changement.
En Belgique, où les dynamiques de suprématie blanche imprègnent encore trop souvent nos institutions, cette élection est une lueur d'espoir. Elle s'adresse aux femmes comme moi, qui aspirent à une justice sociale authentique, à un État réellement démocratique et égalitaire. Les structures oppressives qui perpétuent les inégalités peuvent et doivent être démantelées. L'ascension d'une femme noire à l'une des positions les plus influentes de la planète montre que la légitimité ne s'évalue ni à la couleur de la peau, ni à l'origine ethnique, encore moins au genre. Pour les femmes noires en Belgique, souvent confinées à des emplois précaires, cette élection représente une source d'inspiration immense.
Droit inaliénable
Selon l'Institut pour l'Égalité des Femmes et des Hommes, les femmes d'origine africaine en Belgique subissent un taux de chômage double par rapport à la moyenne nationale, et elles sont quasi absentes des postes décisionnels. Elles représentent moins de 1 % des fonctions de direction dans les entreprises belges. Je vous invite à regarder autour de vous pour comprendre ce que vous lisez. La candidature d'une femme non blanche au poste de présidente des États-Unis envoie un message fort : notre place est aussi dans les espaces de décision, et nos compétences sont essentielles pour une société plus juste et inclusive.
Cette élection transcende les frontières et cristallise une vision de l'égalité qui défie le capitalisme oppressif et les systèmes qui exploitent la division. Elle prouve que nous n'avons plus à accepter les plafonds de verre ni les murs de préjugés érigés par un système qui profite de notre marginalisation. Pour celles qui refusent les rôles subalternes imposés, c'est un puissant rappel de notre droit inaliénable à occuper des positions de pouvoir, non par faveur, mais par mérite et détermination.
Dans une société marquée par un passé colonial non résolu, les femmes noires doivent constamment faire face à des dynamiques de supériorité implicites. L'ascension de Kamala Harris est un défi direct à ces héritages toxiques.
Cependant, les contradictions subsistent. Aux États-Unis, malgré ce moment historique, les femmes noires continuent de gagner en moyenne 80 cents pour chaque dollar perçu par un homme blanc, et leur taux de mortalité maternelle reste trois fois supérieur à celui des femmes blanches. De même, en Belgique, les femmes issues de l'immigration africaine subissent des discriminations systémiques dans l'accès aux soins de santé, à l'emploi et au logement. Le rapport 2022 du Centre interfédéral pour l'égalité des chances met en lumière la surreprésentation des femmes noires parmi les populations les plus précarisées.
Plus qu'un symbole
Dans une société marquée par un passé colonial non résolu, les femmes noires doivent constamment faire face à des dynamiques de supériorité implicites. L'ascension de Kamala Harris est un défi direct à ces héritages toxiques. Elle rappelle que le leadership ne se limite pas à une élite prédéfinie, mais qu'il est accessible par la résilience et l'engagement collectif.
Cependant, ce soutien à la présidence de Kamala Harris ne doit pas être inconditionnel. Si son élection marque un pas en avant, nous restons attentives aux politiques états-uniennes impérialistes et capitalistes qui maintiennent l'oppression. Le silence des États-Unis face à certaines injustices, comme le génocide actuel à Gaza (commis notamment avec des armes des États-Unis), ou son impact dans le dérèglement climatique qui touche de manière disproportionnée les femmes noires et les populations vulnérables, ne peuvent être ignorés. L'exemple de Kemi Badenoch au Royaume-Uni, qui malgré son origine défend des politiques antisociales et anti-immigration, illustre bien que la représentation des femmes noires peut aussi s'inscrire dans des politiques réactionnaires que je combats.
L'élection de Kamala Harris serait bien plus qu'un symbole lointain. C'est un appel à l'action ici, en Belgique. Nous exigeons une véritable inclusion, où nos voix soient écoutées et nos contributions reconnues à leur juste valeur. Nous voulons une société libérée des vestiges de l'oppression et des chaînes de la colonisation.
Cette présidence serait une victoire pour toutes celles et ceux qui croient en un monde où les différences sont des forces et non des obstacles. En tant que femme noire, je n'ai pas la prétention de parler au nom de toutes, mais cette victoire doit nous inspirer à revendiquer notre place avec nos compétences dans chaque espace politique. Nous avons franchi une étape essentielle vers l'égalité, et je suis déterminée à faire de ce changement une réalité tangible, ici et maintenant.
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