Société
Cireur des chaussures depuis 2021, Moïse B, 16 ans, a installé son quartier général au croisement des avenue Kitona-Colonel Ebeya, dans la commune de la Gombe. Chaque lundi, il quitte le toit paternel, à Kinkole, pour se rendre en ville. Il y reste et travaille du lundi au vendredi. Il « loue une maison » dont la nuitée revient à 1.000 FC. Pas que ça. Pour se laver, il doit débourser 800 FC. Il lui faut également payer 800 FC pour faire le grand besoin. Le petit besoin lui coûte 400 FC. C’est un véritable parcourt d’un combattant qui gagne sa vie à la sueur de son visage.
Orphelin de père, Moïse B. a quitté son village, Kenge, pour Kinshasa à la recherche d’un lendemain meilleur. Arrivé dans la capitale, il a été accueilli par sa grand-mère qui habite à Kinkole.
Comme nombreux d’autres jeunes, il est cireur des chaussures depuis trois ans. « J’ai commencé à cirer les chaussures depuis 2021. Au départ, j’étais installé à Kinkole. Mais hélas, les recettes n’étaient pas assez. Au lieu de sillonner les rues de la capitale qui demande une grande force physique, j’ai préféré m’installer en ville comme certains de mes amis », raconte-t-il.
Après avoir décidé de travailler en ville et pour parer au calvaire des embouteillages au quotidien, Moïse a jugé bon de retourner à Kinkole seulement le week-end. « Chez ma grand-mère à Kinkole étant loin de la ville et surtout avec les embouteillages, les recettes générées par mon travail ne peuvent pas me permettre d’aller et revenir chaque jour. C’est coûteux et fatiguant. Je reste en ville pour travailler du lundi au vendredi », révèle le jeune cireur.
Quartier général
Moïse B. a choisit un petit coin situé au croisement des avenues Kitona-Ebeya, rue perpendiculaire à l’entrée de l’ex l’Hôpital général, comme lieu de prédilection pour exercer son métier. Il y a installé son petit bureau contenant notamment un coffret à cirage, une brosse à cirer, un chiffon, un morceau d’étoffe.
Assis à même le sol, dos au mur d’une boutique, Moïse brave le soleil. Le travail commence. Il cire, répare et embellit des chaussures. Il se fait accompagner de son jeune frère à qui il apprend le métier. Les recettes journalières varient d’un jour à un autre.
« Je gagne parfois 4 000 FC par jour. Je peux aussi gagner 5.000 FC, 10.000 FC, voir 15.000 FC en une journée si les affaires marchent bien. J’épargne un peu d’argent quotidiennement. Je donne une partie à ma grand-mère de Kinkole quand je me rends le week-end. C’est avec mes revenus aussi que je parviens à aider ma mère qui est restée au village avec les autres enfants. Grâce à mon épargne, la dernière fois, je lui ai envoyé 75 000 FC » , confie Moïse B.
Une maison d’accueil à 1000Fc par personne la nuitée
À la question de savoir où il passe la nuit, Moïse répond sans hésitation : « Après avoir fini mon travail, je vais dormir au Marché central, sur l’avenue Rwakadingi. Un certain monsieur fait louer sa maison à 1000 FC par personne. Je ne suis pas le seul. Nous sommes nombreux. Il y a des jeunes qui viennent du village. D’autres n’ont pas de familles d’accueil ici à Kinshasa », témoigne ce jeune de Kenge.
Les 1000 FC ne donnent pas accès à d’autres besoins. « Dans cette maison en location, chacun dort dans son coin sur un morceau de carton qui sert de matelas moyennant 1000 FC. Nous sommes entassés comme dans une boîte de sardines. Pour nous laver chacun de nous doit payer 800 FC. Pour faire le grand besoin, il faut débourser également 800 FC et le petit besoin revient à 400 FC », révèle Moïse.
Au regard de ses recettes, Moïse regrette le fait qu’il lui arrive de fois ne pas réunir les moyens pour faire face à toutes les dépenses. « Il y a des jours où je n’arrive pas à réunir le montant pour subvenir à tous ces besoins parce que je dois aussi épargner chaque jour. Même mes amis font aussi face aux mêmes difficultés. Nous n’avons aucune explication à donner au bailleur. Il commence à nous chasser comme des bêtes. Même si tu as envie de te soulager, tu es obligé de te retenir et aller te débrouiller ailleurs. Les conditions de travail sont très difficiles », se plaint, la mort dans, l’âme Moïse.
Changer de métier
Moïse compte retourner pour un temps à Kenge. « Mon souhait est de revient pour recommencer un nouveau boulot. Mais pour réaliser ce rêve, je dois réunir 200.000FC. Je dois aussi avoir l’argent pour payer le transport et résoudre d’autres petits problèmes. Si je parviens à épargner une grosse somme, je vais changer de métier. Je compte me lancer dans la vente des boissons sucrées ou la cigarette comme je ne fume pas », projette-t-il.
Appel à l’aide
Moïse B. tend la main aux personnes de bonne foi. « Je vis dans mon propre pays, mais je souffre. Toute aide qui viendrait de quiconque sera la bienvenue. Je voudrais retourner à l’école. J’étais déjà en 4ᵉ Commerciale à l’Institut Mambutu Metu à Kenge».
« Qu’à cela ne tienne, même si les conditions de travail sont difficiles, je demande aux jeunes sans-emploi de suivre mon exemple. Autant avoir une occupation que de se livrer à des actes de vandalisme ».
Le cas de Moïse n’est qu’un cas parmi tant d’autres. Les « bailleurs » doivent avoir quand même un sens humain. Que les autorités compétentes puissent encadrer les jeunes, le cadre de demain.
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