Afrique
Freeman Mbowe a été arrêté avec d’autres responsables, après que la police a dispersé un rassemblement. La formation Chadema avait déjà protesté cette semaine contre la disqualification « injuste » de plusieurs de ses candidats.
Les événements surviennent à quelques jours des élections locales. Le chef du principal parti d’opposition tanzanien, Freeman Mbowe, a été arrêté, vendredi 22 novembre, avec d’autres responsables, après que la police a dispersé un rassemblement « à l’aide de gaz lacrymogènes ».
La formation Chadema (Parti de la démocratie et du développement) avait déjà protesté plus tôt cette semaine contre la disqualification « injuste » de plusieurs de ses candidats à la veille d’un scrutin dans les villes et villages du pays. Les élections du 27 novembre sont attendues comme un baromètre du paysage politique avant la présidentielle prévue en octobre 2025.
« La police a tendu une embuscade à un convoi dans la forêt de Halungu », dans l’ouest du pays, « et a arrêté le président national du parti, Freeman Mbowe, ainsi que plusieurs autres dirigeants qui l’accompagnaient », a déclaré sur X John Mrema, porte-parole du parti. « La police a emmené nos dirigeants sans dévoiler leur destination », a-t-il ajouté, appelant à leur libération.
M. Mrema a également déclaré que M. Mbowe, avant son arrestation, avait été empêché par les forces de l’ordre de prendre la parole lors d’un rassemblement de ses partisans dans la ville de Mlowo, dans le sud du pays. Les policiers sont alors intervenus et ont « dispersé la foule rassemblée, à l’aide de gaz lacrymogènes », selon le parti.
La police a confirmé détenir M. Mbowe et ses collègues, les accusant d’avoir violé le calendrier des rassemblements en tentant d’organiser « un rassemblement dans une zone qui n’était pas prévue pour le Chadema ». « Nous les détenons pour les interroger et mener des enquêtes, car certains officiers ont été blessés par les partisans de l’opposition alors qu’ils dispersaient la foule », a déclaré dans une vidéo le chef de la police régionale de Songwe, Augustino Senga.
Répression politique
La Tanzanie connaît depuis ces derniers mois une intensification de la répression politique. Le parti Chadema accuse les forces de sécurité d’être impliquées dans les disparitions de plusieurs de ses membres et dans le meurtre d’Ali Mohamed Kibao, un de ses dirigeants, le 7 septembre.
M. Mbowe avait déjà été brièvement arrêté à la fin de septembre, aux côtés de dizaines de personnes, lorsque la police tanzanienne avait empêché une manifestation de son parti à Dar es-Salaam. Une responsable du parti a également affirmé avoir été enlevée et torturée, le mois dernier, par des individus qui se sont présentés comme étant des officiers.
Le scrutin local sera le premier test pour la présidente, Samia Suluhu Hassan, qui a pris ses fonctions à la suite de la mort soudaine de son prédécesseur, John Magufuli, en mars 2021. Mme Hassan avait montré des signes d’ouverture démocratique lors de son arrivée au pouvoir, en mars 2021, en rouvrant rapidement, par exemple, des médias alors interdits.
Mais la présidente fait face depuis ces derniers mois à de vives critiques, l’accusant de revenir aux pratiques autoritaires de son prédécesseur, à l’approche des élections locales, en novembre, et générales, prévues pour la fin de 2025.
Deux anciens députés de l’opposition, Joseph Mbilinyi et Pascal Haonga, ainsi que des responsables des médias et des assistants personnels de M. Mbowe, ont également été arrêtés vendredi, ainsi qu’un chef de district d’un autre parti d’opposition, selon M. Mrema.
Les dirigeants ont rencontré un barrage routier mis en place par la police, selon le porte-parole. « La police a ouvert de force les portes des voitures, a agressé les personnes à l’intérieur et les a arrêtées de force, » a-t-il déclaré.
Le parti Chadema a condamné un acte qui, selon lui, « démontre clairement un effort coordonné » de la police et du parti au pouvoir « pour saper [s]es campagnes ». Chadema a également invité la communauté internationale à « être témoin des violations continues des droits démocratiques contre les partis d’opposition lors de ces élections ».
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Freeman Mbowe, à Dar es-Salaam, en Tanzanie, en mars 2022. ERICKY BONIPHACE /