Politique
Autrement, c’est du “ôte-toi que je m’y mette”, donc de l’aventure… “C’est très vrai que le pays n’a pas de routes, d’eau, d’électricité et d’autres infrastructures de base. Et c’est aussi vrai que le taux de chômage élevé fait que la plupart de jeunes et de gens de toutes les couches de la population n’ont pas de travail et croupissent dans la misère et la pauvreté.
Cette situation est le résultat de la mauvaise gouvernance du pays depuis l’indépendance en 1960. Tous les régimes politiques qui se sont succédé n’ont pas réussi à mettre en œuvre une vision claire de développement et les politiques économiques et sociales pour mettre le pays sur la voie du développement économique et social durable.
Ce n’est pas juste de blâmer le seul régime politique au pouvoir actuellement pour cette situation qui trouve son essence dans la gouvernance, les institutions, le leadership et les lois du pays de 1960 à ce jour_.
Le sous bassement de tout ceci est la constitution du pays qui définit le cadre de travail, les règles du jeu, le mode de désignation des acteurs, les critères de sélection des animateurs, les méthodes d’allocation et d’utilisation des ressources publiques, et les institutions qui doivent gérer le pays au profit de tous. Si le cadre est mauvais, rien de bon ne peut sortir de là.
Ainsi s’exprime le concepteur de “de père et de mère”
C’est en ces termes qu’au travers de son compte X, Pr Noël Tshiani répond à la communication du cardinal Fridolin Ambongo le dimanche 24 novembre 2024 à l’occasion de la fête de Christ-Roi de l’univers avec les jeunes catholiques.
Il poursuit : “La constitution actuelle a beaucoup d’impuretés qui empêchent la meilleure utilisation des ressources publiques et le bon fonctionnement du pays. Je suis prêt à montrer aux compatriotes les impuretés qui méritent d’être corrigées pour parfaire la constitution de la République étant donné que toute constitution de n’importe quel pays est perfectible. Bien entendu que je suis contre les vols et détournements des fonds publics et estime que les auteurs de ces actes empêchent notre pays de décoller économiquement et socialement. Un véritable état de droit mettrait ces inciviques hors d’état de nuire définitivement. Les corrections de toutes ces impuretés ne peuvent être réalisées qu’à travers une révision constitutionnelle bien réfléchie et à laquelle tous les congolais de bonne volonté participent sans agenda caché et sans conflit d’intérêts. Ma proposition de révision constitutionnelle s’inscrit dans ce cadre. Sans passion. Sans agenda caché. Sans conflit d’intérêts. Et tout pour le pays et nos populations”.
Ainsi s’exprime le concepteur de “De père et de mère”
Doit-on en imputer la responsabilité à la constitution ?
C’est alors parti : Dr Noël Tshiani s’offre à Félix Tshisekedi pour la Commission ad hoc annoncée le 23 octobre dernier à partir de Kisangani pour l’année prochaine en vue de plancher sur la re-visitation de la Constitution.
A l’entendre, de 1960 à ce jour, le pays ne s’est jamais doté d’une Constitution qui favorise le développement. Comme pour dire que toutes les Constitutions adoptées jusque-là par référendum ou sans référendum ont pour défaut de fabrication l’anti-développement !
Il se présente en homme-solution.
C’est de bonne guerre.
Ce qu’il ne dit pas cependant, c’est que le Congo a fait l’expérience des constitutions pour démocratie de type pluraliste et pour démocratie de type populaire.
Le pays a connu toutefois sa période de gloire sous le Mpr Parti-État, à l’époque de la Guerre froide. Époque où les Occidentaux (Américains et Européens) veillaient sur Mobutu comme jamais ils ne l’ont avec Kasa-Vubu et les Kabila, encore moins sur Félix Tshisekedi.
Que nous démontre l’histoire des régimes à parti unique ?
En Afrique, le dictateur Kadhafi avait construit la Libye. En Asie, le dictateur Saddam Hussein avait construit l’Irak. S’ils n’avaient pas été détruits, ces deux pays seraient des géants économiques dans leurs continents respectifs.
Aujourd’hui, sous des régimes à parti unique, des pays comme la Chine, l’Arabie saoudite, Qatar, les Emirats Arabes Unis font de pas de géant dans le développement que nous les envions tous.
Pour les pays pratiquant la démocratie classique, il y a en Afrique des pays comme l’Afrique du Sud, la Namibie, le Botswana, Maurice, Seychelles qui n’ont rien à envier aux pays occidentaux en termes de justice distributive. En Asie, il y a l’Inde, la Malaisie, Singapour etc.
Qu’est ce qui fait alors que ces pays aient réussi à avancer les uns avec des régimes démocratiques à l’occidentale, les autres avec des régimes monolithiques “à la soviétique” ? Et pourquoi le Congo-Zaire n’ait su le faire ni avec l’un, ni avec l’autre ? Et pourquoi en imputer la responsabilité à la Constitution ?
Rendez-vous de l’UDPS opposition avec l’UDPS pouvoir
La réponse se devine : c’est la faute aux hommes.
Déjà, à l’époque des vaches grasses (sous le régime Mpr Parti-Etat), le Zaïre avait des moyens de se doter des Routes Nationales pour l’interconnexion des provinces, voire de se construire des chemins de fer. Cela n’a pas été fait.
Conséquence : les provinces de l’Est (Orientale avec l’Ituri), Grand Kivu et Grand Katanga) ont été aux plans sécuritaire, économique et social livrés) ont été livrées poings et pieds liés aux pays voisins (Soudan, Ouganda, Rwanda, Burundi, Tanzanie et Zambie.
Pire, la transition conflictuelle Mobutu/Tshisekedi (père) entre 1990 et 1997 a ruiné le peu d’infrastructures qui restaient debout, cela à la suite des initiatives politiques maladroites comme la suspension de la coopération structurelle, la dollarisation de l’économie, les manipulations criminelles de la monnaie (thésaurisation, recours à la planche à billets, contrefaçon puis boycott des signes monétaires, et), les grèves sauvages dont les fameuses journées ” ville morte”.
Aujourd’hui, le pays peine à s’en remettre.
Économiste de formation et de profession, Dr Noël Tshiani a peut-être procédé à l’évaluation chiffrée des pertes financières subies par le pays notamment du 24 novembre 1990 au 24 avril 2023. S’il ne l’a jamais fait, c’est l’occasion de lui confier cette responsabilité.
Ce qui est vrai, c’est que ne sachant à quel saint se vouer, la population va transférer fin 1996-début 1997 vers un certain Laurent-Désiré Kabila (Afdl) la confiance autrefois placée en Étienne Tshisekedi (Udps). Et ce dernier va poursuivie sa lutte contre les “dictatures” de L-D Kabila et Joseph Kabila, si bien que ce qui est arrivé le 24 janvier 2019 – date d’investiture de Félix Tshisekedi au poste de Président de la République – a quelque part tout d’un rendez-vous de l’Udps Opposition avec l’Udps Pouvoir.
Quelqu’un dirait : l’Udps Pouvoir est venu récolter la semence de l’Udps Opposition.
Après le premier quinquennat de connaissance du terrain, le parti devenu présidentiel apprend à ses dépens combien la critique est facile, l’art est difficile.
Malheureusement, au lieu d’affronter la réalité, il se livre à un exercice qui lui réussissait par le passé : la victimisation.
Or, quand on est Pouvoir, on ne se plaint pas, on ne verse pas dans le complotisme.
Il se constate seulement qu’après des personnes physiques et morales congolaises et des communautés ainsi que des pays étrangers (Eac, Rwanda, Kenya etc.?, l’Udps s’est choisi un coupable : la Constitution.
On ne change pas de constitution sans l’opposition
Dr Noël Tshiani sait cependant qu’il n’ira pas loin avec son offre de service tant que Félix Tshisekedi reste de marbre. Car, dans sa réponse au cardinal Fridolin Ambongo, il ose l’impensable aux yeux du chef de l’État en déclarant : “Ce n’est qu’à travaillant ensemble que nous pourrons créer un cadre de paix et de stabilité politique qui permettrait aux gouvernants de construire les infrastructures de base et de créer du travail pour la jeunesse et toute la population. Toute position contraire est contre-productive et affecte négativement les faibles, les vulnérables et les pauvres que nous voulons tous aider”.
En effet, Félix Tshisekedi n’est pas dans le schéma d’un travail d’ensemble, expression voulant simplement dire : dialogue !
Il l’a signifié à plusieurs reprises. Peut-être qu’en se déduisant à Kipushi, a-t-il résolu de renouer avec la tradition congolaise instaurée depuis la Conférence constitutionnelle de Luluabourg en 1964 : mettre autour d’une table toutes les forces politiques et sociales ayant pignon sur rue.
C’était un dialogue !
Moralité : on ne change pas de Constitution sans l’Opposition et espérer avoir gagné…
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