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Situation sécuritaire à l'Est : Paul Kagame dit ne pas savoir si les troupes de son pays sont en RDC

2025-02-05
05.02.2025
2025-02-05
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Paul Kagame, président rwandais

Le président rwandais, Paul Kagame, a déclaré à CNN qu’il ne savait pas si les troupes de son pays étaient dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), où les combats entre le groupe armé M23 et les soldats congolais ont tué plus de 900 personnes et en ont blessé des milliers ces derniers jours.

Une grande partie de la communauté internationale pense que le Rwanda soutient les rebelles du M23, qui ont affirmé avoir capturé la ville de Goma dans l’est du Congo la semaine dernière. Les experts de l’ONU estiment qu’environ 3 000 à 4 000 soldats rwandais supervisent et soutiennent les combattants du M23 dans l’est de la RDC, soit plus que les forces du groupe rebelle dans le pays.

Lors d’une interview exclusive avec CNN lundi 3 février 2025, on a demandé à Kagame s’il y avait des troupes rwandaises en RDC.

« Je ne sais pas », a déclaré Kagame, bien qu’il soit le commandant en chef des forces de défense rwandaises.

« Il y a beaucoup de choses que je ne sais pas. Mais si vous voulez me demander, y a-t-il un problème au Congo qui concerne le Rwanda ? Et que le Rwanda ferait tout pour se protéger ? Je dirais 100 % », a-t-il poursuivi.

Au moins 900 corps ont été retrouvés dans les rues de Goma depuis le début des violences, selon les derniers chiffres des Nations Unies. « Au 31 janvier, au moins 900 corps ont été retrouvés dans les rues », a déclaré lundi le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies dans un rapport, citant l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

La position de Kagame a été réitérée par le groupe rebelle, dont le porte-parole Victor Tesongo a déclaré à CNN qu’il « ne reçoit aucun soutien du Rwanda », décrivant cette hypothèse comme « une manipulation de l’opinion publique pour nous disqualifier ».

Tesongo a affirmé que le Rwanda était plus préoccupé par « sa lutte contre les FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) qui sont alliées au gouvernement congolais qui les utilise contre la sécurité du Rwanda ».

Le ministre de la Communication de la RDC, Patrick Muyaya, a déclaré lundi à CNN que la présence militaire du Rwanda dans son pays était bien documentée, affirmant que « Kagame est la seule voix à nier cela ».

« Au cours des 10 derniers jours, le Groupe d’experts de l’ONU, le Conseil de sécurité de l’ONU, le Secrétaire général de l’ONU, le président João Lourenço (de l’Angola) et la SADC (la Communauté de développement de l’Afrique australe) ont tous confirmé la présence militaire du Rwanda dans l’est de la RDC. Kagame est la seule voix à le nier », a déclaré Muyaya dans sa réponse à l’interview de Kagame sur CNN, ajoutant que « le consensus international écrasant ne laisse aucun doute ».

Larry Madowo de CNN a déclaré à Kagame que des comparaisons avaient été faites entre lui et le président russe Vladimir Poutine, qui a soutenu les forces séparatistes locales pour tenter d’envahir le Donbass, une région de l’est de l’Ukraine, en 2014.

« Il y aura tellement d’histoires », a déclaré Kagame à propos de la comparaison, ajoutant qu’il ne peut pas « empêcher les gens de dire ce qu’ils veulent dire ».

« On peut m’appeler comme on veut, que puis-je y faire ? », a-t-il demandé. « Nous devons faire ce que nous devons faire… nous devons nous assurer de survivre à toute tempête qui souffle sur notre pays ».

Kagame a qualifié les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), l’un des plus grands groupes armés étrangers opérant en RDC, de « menace existentielle » pour le Rwanda. Il a affirmé que le groupe était entièrement intégré aux forces armées congolaises, suggérant que d’autres gouvernements de la région soutiennent également le groupe rebelle.

Kagame a insisté à plusieurs reprises sur le fait que le Rwanda ferait « tout ce qu’il faut » pour se protéger, sans donner beaucoup d’informations sur ce que cela implique.

« Personne », y compris les Nations Unies ou la communauté internationale, « ne le fera pour nous », a déclaré le chef.

Lorsqu’on lui a demandé à nouveau s’il enverrait des troupes en RDC, Kagame a déclaré que le Rwanda ferait « tout pour se protéger », en disant à Madowo de « lire ce que vous voulez lire dans ce que je vous dis ».

Le conflit qui couve entre le Rwanda et la RDC, qui partagent une frontière, a depuis explosé suite à l’avancée du M23 à Goma.

La porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, a déclaré à CNN que, jusqu’à lundi, 16 personnes ont été tuées au Rwanda « lors des bombardements des combats à Goma ».

La semaine dernière, le dirigeant de la RDC, Félix Tshisekedi, a promis « une réponse vigoureuse et coordonnée » contre le M23, décrivant le groupe comme la « marionnette » du Rwanda.

L’alliance rebelle a déclaré à CNN qu’elle travaillait à « installer une nouvelle administration » à Goma et qu’elle allait poursuivre sa marche pour conquérir davantage de territoires, notamment la province voisine du Sud-Kivu et la capitale nationale Kinshasa.

« En effet, notre lutte ne peut pas se limiter à Goma, l’objectif reste de renverser Tshisekedi et d’installer un nouveau leadership capable de trouver des solutions aux problèmes auxquels notre peuple est confronté », a déclaré son porte-parole Tesongo.

 

 


CNN / Qiraat Africa / MCP, via mediacongo.net
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