Roumanie : le candidat d'extrême droite et pro-russe, Călin Georgescu, exclu de l'élection présidentielle

La candidature de Călin Georgescu, favori de l'élection présidentielle roumaine de mai prochain, a été rejetée par la commission électorale. Ce dernier aurait enfreint "les règles démocratiques d'un suffrage honnête et impartial".

"Liberté d'expression muselée ou état de droit préservé ?" s'interrogent Les Echos. Dans la soirée de ce dimanche 9 mars 2025, la commission électorale roumaine a confirmé "avoir rejeté la candidature de la personnalité d'extrême droite Călin Georgescu à l'élection présidentielle de mai", indique Le Monde. Selon l'instance, ce dernier "ne remplit pas les conditions de légalité" car il a enfreint "les règles démocratiques d'un suffrage honnête et impartial" [Le Figaro].

Une décision qui intervient "après la spectaculaire annulation de la présidentielle l'an dernier en Roumanie", rappelle L'Express, et qui a, par ailleurs, "provoqué de violentes protestations" des partisans du candidat d'extrême droite, descendus dans la rue hier soir.

Une crise politique qui dure depuis novembre

"La Roumanie a basculé dans la tourmente depuis le premier tour de l'élection présidentielle, tenu le 24 novembre 2024, qui a fait émerger sur la scène politique Călin Georgescu, jusqu'alors quasi inconnu", rembobine L'Express. Le candidat d'extrême droite, "très critique de l'UE et de l'Otan" et "opposé à l'envoi d'aide à l'Ukraine", avait remporté ce premier tour à la surprise générale, en récoltant 23 % des suffrages.

Mais dans la foulée, "la Cour constitutionnelle [roumaine] a[vait] annulé ce scrutin sur fond de suspicions d'ingérence russe", poursuit l'hebdomadaire qui note un "fait rare dans l'Union européenne".

L'homme politique "est soupçonné d'avoir reçu le coup de pouce de la Russie, dans une série d'actions hybrides", détaillent Les Echos. "Il aurait notamment bénéficié de soutiens de la Russie sur la plateforme TikTok. Il a été inculpé, la semaine dernière, pour fausses déclarations et incitation à troubler l'ordre constitutionnel", ajoute le quotidien économique.

La décision rendue ce dimanche par la commission électorale risque de prolonger la crise politique dans laquelle est plongée la Roumanie depuis l'automne. Dans les sondages, Călin Georgescu faisait figure de favori, crédité de 40 % des intentions de vote.

Son éviction "a déclenché des manifestations de ses partisans, environ 300 d'entre eux ayant tenté de forcer le cordon de sécurité devant le bureau électoral en scandant 'Liberté !'", rapporte le quotidien roumain, Romania Libera.

L'administration Trump se range derrière Călin Georgescu

L'ascension soudaine et surprise de Călin Georgescu "a suscité l'inquiétude au sein des alliés européens de la Roumanie, devenue un pilier essentiel de l'Alliance atlantique depuis le début de la guerre en Ukraine", relate Le Monde. Mais le favori de l'élection présidentielle "peut désormais compter sur le soutien d'une partie de la nouvelle administration américaine".

"'C'est de la folie !', a réagi dimanche Elon Musk, proche conseiller du président Donald Trump, à l'annonce de la décision de la commission électorale", tandis que le vice-président américain, J. D. Vance, a lui aussi fustigé des autorités roumaines "annulant des élections dont elles n'aiment pas les résultats", rapporte le quotidien du soir.

Résultat : "la Roumanie, pays de 19 millions d'habitants limitrophe de l'Ukraine, se trouve désormais au cœur d'un conflit transatlantique entre les alliés du président américain et les centristes européens qui craignent qu'une élection cruciale ne soit manipulée par Moscou", analyse Politico.

"La Roumanie abrite un site de bouclier antimissile américain et une importante base de l'OTAN qui est en train d'être transformée pour devenir la plus grande base de l'Alliance en Europe. Elle joue également un rôle important en tant que plaque tournante du transport pour l'Ukraine", rappelle par ailleurs le média européen.

Bien que "l'interdiction ne soit pas encore définitive et pourrait être contestée devant la Cour constitutionnelle, qui doit statuer d'ici à mercredi" [Le Monde], l'issue finale ne semble pas faire de doute. Les "dizaines de milliers de sympathisants de M. Georgescu [qui] sont descendus, ces dernières semaines, dans les rues", ne devraient pas relâcher la pression sur les autorités roumaines ces prochains jours. L'élection présidentielle doit se tenir les 4 et 18 mai prochains.