Politique
Il a ouvert la porte aux négociations avec le M23. Les deux camps pourraient se retrouver prochainement à Luanda.
À la veille du week-end dernier, le ministère congolais de la justice annonçait qu’il offrait une prime de 5 millions de dollars à toutes personnes permettant l’arrestation de Corneille Nangaa, Bertrand Bisimwa et Sultani Makenga, trois des principaux leaders du mouvement antigouvernemental AFC/M23 qui ne cesse de gagner militairement du terrain dans l’est de la RDC.
Quatre jours plus tard, c’est un communiqué de la présidence angolaise qui annonce que “Suite à la brève visite de travail de son Excellence Félix Tshisekedi à Luanda, la partie angolaise, en tant que médiateur dans le conflit qui touche l’Est de la République démocratique du Congo, va établir des contacts avec le M23, afin que les délégations de la RDC et du M23 mènent des négociations directes à Luanda dans les prochains jours, en vue de négocier une paix définitive dans ce pays frère”.
Le changement de ton et de perspective est énorme. Le courrier est sans appel. La présidence angolaise explique que la démarche a été initiée unilatéralement par Félix Tshisekedi lors d’un “bref” voyage pour solliciter les autorités locales afin qu’elles établissent des contacts avec le M23 pour entamer des discussions directes dans la capitale angolaise.
Aveu de faiblesse
Outre la mise à prix des leaders de l’AFC/M23, Félix Tshisekedi a martelé à de nombreuses reprises son refus de toute négociation avec les “terroristes” ou les “fantoches” du M23, n’évoquant que du bout des lèvres le mouvement AFC de Corneille Nangaa, l’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante, organisatrice du scrutin de 2018 qui a permis à Félix Tshisekedi de s’installer frauduleusement à la tête du pays. La démarche du président congolais est un immense aveu de faiblesse, d’autant plus frappant qu’il suit une multitude de déclarations bravaches devant d’innombrables interlocuteurs, micros et caméras.
Du côté du M23, Oscar Bahinda, le porte-parole adjoint du mouvement se montre prudent. “On a vu le communiqué comme vous. Maintenant, on attend l’invitation”.
Comme d’autres membres du mouvement, il se dit “ouvert aux négociations” et rappelle, au passage, que la demande vient cette fois de Tshisekedi. En vieux routier du mouvement rebelle, Oscar Bahinda se veut prudent et rappelle que ce n’est pas la première fois que son mouvement négocie avec le pouvoir en place, pointant l’accord du 23 mars 2009 (dont est issu le nom du M23), négocié avec les représentants de Joseph Kabila à Nairobi avant la signature à Goma. Quatre ans plus tard, en décembre 2013, après 18 mois de nouvelles négociations menées surtout à Kampala, en Ouganda, le M23 signait d’autres accords qui n’ont jamais rien résolu.
Autre contexte
”Le contexte est différent”, explique Bob Kabamba, politologue à l’Université de Liège et grand spécialiste de la région. “Il y a d’abord dans les décideurs du mouvement des gens qui ont aujourd’hui acquis une solide expérience de ces négociations. Ensuite, en 2009 comme en 2013, les rebelles ne géraient pas une superficie de plus de 50 000 km2 et de plus de 10 millions d’habitants. Le rapport de force n’est plus le même.”
Tous les interlocuteurs soulignent un autre aspect évident : “Militairement, Félix Tshisekedi n’y arrive pas”, expliquent-ils tous en substance. Tout ce qu’il a tenté a échoué et aujourd’hui, les troupes antigouvernementales peuvent avancer sans trop de peine vers Kisangani (nord) et le Katanga (sud). Tous pointent aussi le fait que le Burundi, soutient militaire de taille pour le régime congolais, ne combat plus. En échange, l’AFC/M23 évite de menacer la frontière burundaise. Une “paix des braves” concoctée sur le dos de Kinshasa.
”Cette avancée est aussi la raison de la démarche précipitée de Tshisekedi”, poursuit Bob Kabamba. “Il veut éviter d’arriver à la table des négociations face à un adversaire qui disposerait d’une trop large assise.”
Kinshasa devrait donc demander un cessez-le-feu avant l’ouverture de tout dialogue. Les troupes antigouvernementales, elles, ont l’avantage de ne pas être demandeuses et devraient avoir quelques exigences avant d’accepter de rejoindre Luanda, comme la levée des condamnations à mort de la plupart des cadres de leur mouvement, la fin des mises à prix, la levée de la résolution prise par l’Assemblée nationale pour interdire tout dialogue avec les rebelles. Des points qui vont irriter la majorité et innerver un parti présidentiel jamais enclin à la négociation, ce qui va encore restreindre la marche de manœuvre de Tshisekedi.
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