Santé
Le virus Zika est fortement soupçonné d'être à l'origine de nombreux cas de microcéphalie chez les nourrissons.
Dans les hauts étages de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le virus Zika provoque des sueurs froides. La patronne de l'organisation onusienne, Margaret Chan, a déclaré qu'il s'agissait d'un «évènement extraordinaire», qui nécessitait une réponse coordonnée. La directrice générale de l'OMS est allée encore plus loin en annonçant un état d'alerte à l'échelle mondiale et en comparant la menace que représente Zika à l'épidémie à peine éteinte du virus Ebola en Afrique de l'Ouest.
Mais comparaison n'est pas raison. Et le site d'informations Quartz explique cela de manière très limpide : «Malgré les fréquentes comparaisons dans les médias, Zika diffère considérablement d'Ebola. Le virus Ebola provoque des vomissements, de la fièvre et des saignements excessifs qui exigent un rapide développement de centres de traitement, des incinérations sécurisées et des protocoles de contrôles très stricts. Alors que Zika est habituellement relativement bénin. Seulement un malade sur cinq développe des symptômes grippaux, qui nécessitent rarement une hospitalisation».
Ne pas répéter les mêmes erreurs
Il est vrai cependant que ce qui inquiète le plus chez le virus Zika, ce sont les possibles conséquences lourdes chez les femmes enceintes. En cas d'infection, ces dernières présentent un risque accru d'accoucher d'un nouveau-né atteint de microcéphalie – malformation du cerveau chez le nouveau-né. Dans une chronique publiée sur le site The Conversation, l'entomologiste médical Christophe Paupy affirme que le risque de microcéphalie est multiplié par 20 chez les bébés de femmes infectées par Zika au Brésil.
Mais sur Slate.fr, Jean-Yves Nau note que la causalité entre Zika et des malformations crâniennes chez les nourrissons n'était pas scientifiquement établie, même si «ce risque semble très vraisemblable». «Le "lien de causalité" entre l’infection maternelle et la malformation crânienne du nouveau-né n’est pas indiscutablement démontré. Cette démonstration demandera encore différents travaux menés à partir d’outils virologiques sophistiqués», ajoute-t-il.
«Il y a beaucoup de facteurs déclencheurs potentiels de microcéphalie, mais souvent ces causes restent inconnues», a tweeté l'OMS sur son compte Twitter.
Le haut niveau d'alerte déclenché par l'OMS s'explique cependant pour une raison assez simple. On ne connaît pas encore toutes les conséquences sanitaires du virus, alors que dans le même temps l'Amérique du Sud est confrontée à une explosion du nombre d'infections.
«L'OMS cherche à apprendre de ses échecs dans la gestion de l'épidémie d'Ebola, au sujet de laquelle elle avait été très critiquée pour la lenteur de sa réaction», ajoute le site Quartz.
Dans l'oeil du cyclone lors de l'explosion du nombre de cas d'Ebola, l'OMS avait également été sévèrement critiquée pour avoir agi seulement quand les premiers cas du virus avaient été signalés en Europe et aux Etats-Unis. L'organisation onusienne ne veut donc pas recevoir le même procès d'intention à propos du Brésil, épicentre de l'épidémie de Zika.
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