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Les dirigeants européens se retrouvent vendredi pour arracher un compromis sur les réformes demandées par le premier ministre britannique.Le maintien ou non du Royaume-Uni en son sein et la crise migratoire lancent un défi sans précédent à l'Union européenne.
Il y a eu, dans l'histoire de l'Europe, des périodes de stagnation et aussi de fortes tensions entre États membres. Mais jamais l'Union n'avait à ce point menacé de se désintégrer, couru plus grand danger. En ce «moment crucial», le risque d'éclatement de l'Europe est « réel ». « L'avenir de l'UE est en jeu… À ce sommet, ça passe ou ça casse. » Sans doute le président du Conseil, Donald Tusk, a-t-il volontairement dramatisé la situation, alors que les 28 États membres tentent de trouver un compromis pour garder le Royaume-Uni dans la famille européenne sans mettre en péril l'unité du groupe.
Le Conseil européen n'est pas la dernière chance d'éviter un Brexit. Et même en cas de « sortie », les parties auront deux ans pour négocier et mettre en place de nouvelles relations entre l'UE et la Grande-Bretagne. Mais un accord conclu vendredi permettrait au premier ministre britannique, David Cameron, d'organiser rapidement un référendum et de mettre ainsi fin à l'incertitude qui paralyse l'Europe et monopolise son énergie depuis plusieurs mois.
Juste avant l'ouverture du Conseil de Bruxelles, les dirigeants européens ont fait monter les enchères. David Cameron a prévenu qu'il « n'accepterait pas un accord qui ne réponde pas aux besoins » de la Grande-Bretagne. Le premier ministre britannique réclame un « accord crédible » pour permettre aux Britanniques de voter pour le maintien du Royaume-Uni dans l'Union. François Hollande lui a répondu en affirmant « qu'on ne pouvait pas empêcher l'Europe d'avancer ». Après un premier échange de vues et un dîner consacré à la crise migratoire, Donald Tusk a, dans la nuit, fait état de « progrès », ajoutant qu'il reste « encore beaucoup à faire ». David Cameron est sorti peu après 5h30 sans faire de déclaration.
Il faudra plus d'un Conseil européen, en tout cas, pour faire revivre les valeurs européennes, qui vacillent sous le poids cumulé de multiples crises: le Brexit, la crise financière, la guerre au Levant dont les métastases sont déjà incrustées en Europe, et surtout l'afflux massif des réfugiés, qui laisse les gouvernements européens désemparés.
« Une menace quasi existentielle »
Alors que l'intensification des bombardements pousse sur la route de l'exil toujours plus de Syriens, de nouvelles secousses migratoires pointent déjà leur nez. Le printemps pourrait amener la reprise du trafic humain en Méditerranée. L'été pourrait vider les camps saturés de quatre millions de réfugiés syriens de Turquie, de Jordanie et du Liban. Et les années qui viennent pourraient être marquées par une recrudescence de l'immigration issue de l'Afrique noire, dont la population devrait doubler d'ici à 2050, et d'Afrique du Nord, particulièrement de Libye, nouveau sanctuaire de Daech. Comme l'a récemment dit le secrétaire d'État américain, John Kerry: la crise migratoire est une « menace quasi existentielle » pour l'Europe.
Le cumul des crises a exacerbé les divergences entre l'est et l'ouest du continent, ravivé les oppositions au sein de chaque État, nourri les populismes et le rejet des dirigeants politiques traditionnels. Pas plus qu'elle n'a réussi à répondre à l'effacement des États-Unis au Moyen-Orient, pas davantage qu'elle n'a été capable de trouver une réponse coordonnée à la crise des migrants, l'Europe n'a pour l'instant pu contrer la vague grossissante des partisans du « non » au maintien de la Grande-Bretagne dans l'UE. Combiné à la crise migratoire, le départ du Royaume-Uni augmenterait le risque de fragmentation de l'Union. Il provoquerait un choc que certains annoncent « dévastateur ».
Pendant que les États européens peinent à refaire leur unité, les adversaires de l'Europe, ceux qui souhaitent son affaiblissement ou son effondrement, se frottent les mains. Dmitri Medvedev, le premier ministre russe, annonce une nouvelle guerre froide entre la Russie et l'Occident. Et Daech, poussant toujours plus de réfugiés à la fuite, capitalise sur les marques de faiblesse européennes. Donald Tusk en est bien conscient, lorsqu'il affirme qu'une « défaite pour le Royaume-Uni et pour l'UE» serait « une victoire géopolitique pour ceux qui cherchent à nous diviser »... Mais il en est aussi persuadé: « Jamais il n'y aura de moment plus propice à un compromis. »
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Tôt vendredi matin, David Cameron quitte le Conseil européen après une nuit de discussions. (Ph.: Thirry Charlier/AFP)