Un an après les faits, l'enquête sur Serge Kubla est dans l'impasse

Entrée interdite en République démocratique du Congo, énorme pression sur le juge d’instruction, incapacité à comprendre les 450.000 euros retirés par Serge Kubla au Luxembourg : à qui l’affaire Kubla fait-elle peur ?

Un an après, l’affaire de corruption impliquant l’ancien ministre Serge Kubla, la firme sidérurgique Duferco et de hauts dirigeants congolais semble dans l’impasse. Bloquée par le refus des Congolais d’ouvrir leurs frontières aux enquêteurs belges. Découpée en deux par les Belges, préférant dissocier les volets belge et africain. Résultat ? Le juge d’instruction bruxellois Michel Claise s’apprête à boucler le dossier dans l’état où il se trouve. Sans avoir pu investiguer la matière à fond, donc. À qui, au juste, Duferco destinait-elle les sommes gaspillées à 9.000 kilomètres d’ici ? Pourquoi une telle complicité entre la firme italienne ultra-subsidiée et l’ex-ministre wallon de l’Économie ?

Premier problème. La République démocratique du Congo dit « non » à la venue du juge Claise. Depuis quatre mois, les valises de ce magistrat financier sont prêtes. Il n’y a plus qu’à commander un taxi pour Bruxelles-National. Mais les autorités congolaises font la sourde oreille à une commission rogatoire peaufinée dans les moindres détails. Depuis l’arrestation de Serge Kubla, le 24 février 2015, on sait que la firme sidérurgiste italienne avait accepté de financer une foireuse Loterie Nationale, dont les boules étaient truquées. Il reste à vérifier qui a été arrosé. L’ex-Premier ministre Alphonse Muzito, d’autres ministres et de hauts fonctionnaires ? Des indices concordants le laissent penser. Mais les fouineurs belges pourraient faire des dégâts dans d’autres milieux politiques, apparemment. Au risque de compromettre l’entourage du président congolais Joseph Kabila ou d’anciens proches de Mobutu.

Une intervention ferme du gouvernement Michel auprès de son homologue congolais pourrait débloquer la situation. Pas évident pour le MR, bien entendu. Les libéraux sont les seuls francophones au gouvernement et c’est un des leurs qui est dans le collimateur… D’autant qu’outre Kubla, d’autres personnalités MR ont « investi » beaucoup d’énergie sur ce sol congolais qui reste rongé par la corruption. Le parachutage sur Kinshasa d’un petit juge redresseur de torts ne doit pas les réjouir, c’est sûr.