Femme
Le 8 mars n’est pas la journée de la femme ! C’est la journée internationale des droits des femmes. Nuance !
Parfois, un mot ou quelques lettres peuvent changer le sens d’une phrase, d’un texte ou dans ce cas-ci d’une journée entière.
En effet, le 8 mars n’est pas « la journée de la femme », mais plutôt « la journée des femmes », et même « la journée internationale des droits des femmes ». Pour les militant(e)s, il s’agit précisément de « la journée de lutte pour les droits des femmes ».
Même l’ONU, sur son site francophone, se trompe en désignant la journée comme « journée de la femme ». Problème de traduction ? Il semblerait que oui, car sur la version anglaise du site onusien, on parle bien de « Women’s Day » en employant donc le pluriel.
Pourtant, désigner une seule femme plutôt que l’ensemble des femmes serait réducteur et passerait à côté de l’enjeu réel de la journée, qui n’est en aucun cas une fête et l’occasion de célébrer sa compagne. Mais bien une journée de manifestations et de luttes.
"Le singulier a pour effet pervers d'essentialiser une forme de féminin. Comme s'il existait une essence du féminin sur lequel s'ancre tout un imaginaire collectif assez puissant : la femme serait fatale, perverse, etc. Les femmes étant multiples, il faut utiliser le pluriel."
Dans la revue Communication, l'universitaire Simmone Bonnafous dresse un diagnostic similaire, qu'a repéré Slate. Pour la chercheuse, l'usage du pluriel contribue à démonter les stéréotypes liés au genre. "On s'est battu très fort contre "la" femme. On avait réussi à ce que cela ne se dise plus, mais c'est très enraciné, cette expression revient. Or la femme, cela n'existe pas, c'est une représentation inventée par les hommes. Quand on dit la 'journée de la femme', cela fait un peu fête des mères", écrit-elle.
La légende du 08/03
S'il existe une telle foire lexicale, c'est aussi en raison de l'absence d'acte de naissance daté. "Et peut-être parce que l'histoire a longtemps été écrite par les hommes", commente Marlène Coulomb-Gully.
Encore aujourd'hui, les historiens s'écharpent sur la genèse de cette journée. Certains l'assortissent à une grève du 8 mars 1907, quand des ouvrières new-yorkaises ont occupé leur usine. D'autres, comme la presse militante, la font remonter à 1857 : on commémorerait le 8 mars une manifestation de couturières qui a eu lieu à New York. Petit hic: historiquement, cette manifestation n’a jamais eu lieu ! Un mythe depuis démonté par la politologue Françoise Picq.
L’origine de cette journée remonte par contre aux luttes ouvrières et aux manifestations des femmes pour l’octroi du droit de vote, de meilleures conditions de travail et pour l’égalité des genres dans l’Europe du début du 20e siècle.
Beaucoup s'accordent à dire que c'est la deuxième Conférence internationale des femmes socialistes, à Copenhague, en août 1910, qui a donné à cette journée son imprimatur. C'est là qu'a été prise la décision d'organiser "une journée internationale des femmes".
Ce n’est qu’en 1917 que la date du 8 est retenue, date à laquelle, cette année-là, des ouvrières de Saint-Pétersbourg ont fait la grève pour réclamer du pain et le retour de leurs maris partis à la guerre. Après 1945, cette journée devint une tradition dans de nombreux pays du monde.
Une décision finalement corroborée en 1977 par l'ONU qui, dans sa résolution 32/142, invitait à une journée de célébration "des droits de la femme et de la paix internationale". Le tout sur fond d'affrontements idéologiques entre bloc américain et bloc soviétique.
Depuis, les Nations Unies se sont investies dans beaucoup de domaines pour l’égalité entre les sexes.
La parité en 2030
L'enjeu, aujourd'hui, ne se limite pas à l'image stéréotypée des femmes. "La question centrale actuelle, c'est celle de l'application pratique des droits des femmes", affirme Marlène Coulomb-Gully, qui martèle qu'une égalité de droit n'est pas une égalité de fait. D'où l'usage de cet intitulé, que l'on retrouve jusque dans le nom du ministère des Droits des femmes - récemment passé dans le giron de celui de la Famille.
A l'heure où les écarts de salaires sont encore saillants et où les discriminations de genre ont toujours la peau dure, le 8 mars fait office de piqûre de rappel : quoiqu'en pensent les conservateurs les plus obtus, la bataille féministe ne se mène pas que sur le terrain lexical.
Cette année, le thème est « La parité en 2030 : avancer plus vite vers l’égalité des sexes ». Au programme : l’éducation pour toutes, la fin des violences et des discriminations, la fin des mutilations des parties génitales, les mariages d’enfants, les mariages forcés… Et il y a encore beaucoup de travail pour bien d’autres journées des femmes en perspective.
Messieurs : pas de fleurs !
Le 8 mars n’est donc pas l’occasion de rappeler à votre femme ou compagne qu’elle compte beaucoup pour vous en lui offrant un bouquet de fleurs. Ce serait confondre cette journée de luttes avec la Saint-Valentin des amoureux.
Cette date sonne plutôt comme un rappel du fait que l’égalité des sexes, pour toutes les femmes, est encore loin d’être une réalité. « Car tant que l’égalité entre les hommes et les femmes ne sera pas atteinte, nous aurons besoin de la célébrer », clame haut et fort le site officiel du 8 mars.
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