Monde
Entre Saint-Valentin et fête des mères, le 8 mars est à peine l'occasion de rappeler les inégalités grandissantes entre hommes et femmes, dans une Chine retrouvant ses valeurs patriarcales après la parenthèse égalitariste des années Mao.
Promotions sur les cosmétiques, soldes dans les rayons femme des boutiques de prêt-à-porter ou sur Internet... La journée de la femme en Chine semble davantage l'occasion de célébrer le porte-monnaie et la beauté de ces dernières que de combattre pour leurs droits. Du moins est-ce l'impression qui se dégage en voyant quelques jeunes femmes profiter de la demi-journée de congé que leur accorde leur entreprise pour se faire plaisir et appeler leur mère.
Pour les jeunes femmes non mariées, les Chinois ont même inventé la journée de la fille, le 7 mars. Dans la classe de Fang, les étudiants ont apporté le petit-déjeuner à leurs camarades tout en brandissant une banderole leur déclarant : « Vous êtes tellement belles que nous ne regrettons pas d'être entrés en fac de sciences informatiques ». Ironique, quand le 8 mars est surtout l'occasion, d'après l'Organisation des Nations Unies « de dresser le bilan des progrès réalisés, d'appeler à des changements et de célébrer les actes de courage et de détermination accomplis par les femmes ordinaires qui ont joué un rôle extraordinaire dans l'histoire de leur pays et de leur communauté. »
Consommation
Dans la presse officielle traduite en anglais, peu d'articles font l'état des lieux des droits des femmes en Chine. Sur Internet, les rédactions préfèrent publier des diaporamas sur les travailleuses du monde entier ou des articles constatant que« le féminisme ne convient pas à la Chine ». Seul le South China Morning Post rappelle la quasi absence des femmes sur la scène politique Hongkongaise (10% des Parlementaires).
En revanche, s'il y a un domaine dans lequel elles sont sollicitées, c'est celui de la consommation, relève le quotidien dans un autre article : « En prenant 75% des décisions d'achat, les femmes ont probablement un rôle important à jouer dans la croissance de la consommation (...), en particulier dans les industries liées à la beautés, le prêt-à-porter, les loisirs et le tourisme ».
Dégradation des salaires
S'agirait-il du dévoiement consumériste d'un sujet dont l'Etat ne veut plus parler ? Pendant la révolution culturelle, de 1966 à 1976, l'égalité entre les sexes était en effet à l'honneur avec la figure de « la fille de fer ». Une décennie pendant laquelle les femmes, et surtout les plus jeunes travaillant dans les campagnes, ont pu obtenir une relative égalité en effectuant« des travaux d'hommes », explique Emily Honig, professeure à l'université Santa Cruz de Californie et spécialiste des études sur le genre en Chine*. Cependant, cette amélioration partielle du statut des femmes a été de courte durée : avec la libéralisation des années 1980, la division sexuelle du travail s'est réinstallée.
En témoigne la forte dégradation des salaires des femmes par rapport à ceux des hommes ces trente dernières années. Alors que le revenu annuel des résidentes des villes représentait 78% de celui de leurs homologues masculins en 1990, il n'atteignait que 70% en 1999 et 67% en 2010, rapporte le China Daily. La situation est encore pire dans les zones rurales avec 44 points d'écart.
Enfin, il faut mentionner les 37 millions de fillettes disparues avec la politique de l'enfant unique mise en place en 1980. Abolie en novembre dernier, les couples sont désormais autorisés à avoir un second enfant. Mais la décision d'enfanter reste encore fondamentalement dans les mains de l'Etat, arguent certaines associations.
Droit des femmes tout relatif
Et si le gouvernement a fait quelques progrès en matière de protection des femmes, en adoptant par exemple une loi condamnant tout type de violences conjugales au sein des couples mariés ou concubins, il n'hésite pas à museler certaines activistes féministes. Ainsi, le 7 mars 2015, il ordonnait l'arrestation de cinq femmes s'apprêtant à manifester pacifiquement pour leurs droits.
Plus récemment, c'est la fermeture soudaine de l'ONG fondée par Guo Jianmei pour apporter une aide juridique aux femmes en difficulté qui interroge. L'interdiction d'exercer de l'activiste, pourtant réputée modérée, illustre l'attitude très variable du gouvernement Chinois en matière de défense des droits des femmes.
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