Economie
Dans un manifeste, « John Doe » explique pourquoi il a livré les données des Panama Papers à des journalistes du monde entier.
Pour la première fois depuis les premières publications des Panama Papers il y a un mois, la source de la plus grande fuite de l’histoire a décidé de s’adresser au public personnellement. Sous son pseudonyme « John Doe », le lanceur d’alerte a transmis un manifeste de plusieurs pages à la « Süddeutsche Zeitung ». Il y détaille les motivations qui l’on poussé à envoyer aux médias les données volées à Mossack Fonseca. Mais il ne dit toujours rien de son identité.
Dans sa lettre, John Doe insiste sur le fait que l’utilisation de sociétés offshore n’a pas seulement servi à faire de la fraude fiscale, mais aussi à commettre des crimes beaucoup plus graves. « J’ai décidé de démasquer Mossack Fonseca, parce que je pense que ses fondateurs, ses employés et ses clients doivent répondre de leur rôle dans ces crimes », écrit le lanceur d’alerte. D’après lui, des années, voire des décennies, seront encore nécessaire avant de réellement connaître l’ampleur des manigances de Mossack Fonseca.
Le lanceur d’alerte regrette que les politiciens, les juges, les banques et les régulateurs n’aient jusqu’ici pas réussi à construire un système assez solide pour éviter ces crimes. « L’avocat moyen est devenu hautement corrompu », écrit John Doe. De manière générale, il déplore une « érosion totale des standards éthiques ».
La source anonyme se dit aussi déçue des médias. A l’époque de la fuite, elle n’aurait pas contacté que la Süddeutsche Zeitung. « Plusieurs autres grandes » entreprises médiatiques auraient aussi reçu les données des Panama Papers. Seulement, à l’inverse de la Süddeutsche Zeitung, les autres rédactions contactées se sont systématiquement opposées à toute publication. « La triste vérité c’est que les organisations médiatiques les plus importantes et dominantes du monde n’ont montré aucun intérêt pour cette histoire », affirme John Doe. Même Wikileaks n’aurait pas réagi aux multiples tentatives du Whisleblower d’entrer en contact avec l’organisation.
John Doe trouve alarmant qu’il y ait eu besoin d’un lanceur d’alerte pour amener les problèmes de l’industrie offshore sur le tapis. Selon lui, cela montre que la démocratie n’a pas rempli sa fonction de contrôle. Le lanceur d’alerte déclare soutenir le choix du Consortium International des Journalistes d’Investigation (ICIJ) et des médias partenaires de ne pas avoir transmis les documents aux organes de poursuites judiciaires. Lui-même se dit par contre prêt, aujourd’hui, à coopérer avec ces derniers.
Mais avant cela, il faudrait d’abord qu’une protection spéciale soit garantie aux lanceurs d’alerte. Ce qui, à son avis, n’est pas encore le cas. Il cite l’exemple d’Edouard Snowden, le whistleblower de la NSA, toujours en exil en Russie.
Le journaliste de la Süddeutsche Zeitung avec qui John Doe était en contact se dit convaincu de l’authenticité du manifeste. Bastian Obermayer est sûr qu’il provient de la même personne que celle avec qui il communique depuis plus d’un an. Il existerait des mécanismes spéciaux pour vérifier qui se trouve à l’autre bout de la conversation en ligne.
Dans son manifeste, le lanceur d’alerte ne donne pratiquement aucune information sur sa propre personne. Il affirme simplement ne pas travailler pour un Etat ou pour un service de renseignements et ne l’avoir jamais fait par le passé. Ses motifs pour agir étaient purement personnels et sont apparus lorsqu’il a réalisé l’étendue des injustices contenues dans les Panama Papers.
En lien, le manifeste du lanceur d’alerte « John Doe » en anglais. L’étude d’avocats Mossack Fonseca, qui est à l’origine de la fuite de données, a indiqué que durant ses 40 ans d’existence, aucun délit n’a été démontré. Dans sa prise de position, elle affirme que les sociétés enregistrées par ses soins ne devaient pas être surveillées par elle et qu’elle n’était dès lors pas responsable d’une quelconque activité illégale. L’étude a déposé une plainte pénale pour vol de données.
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Le siège social de la firme Mossack Fonseca, le cabinet d'avocats au centre du scandale du « Panama Papers » (© Kyodo)