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Infos congo - Actualités Congo - 08 Mars 2024
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Brexit : la démission de David Cameron laisse un système politique en lambeaux

2016-06-24
24.06.2016 , Angleterre
2016-06-24
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Le premier ministre britannique a annoncé qu'il quitterait son poste dans les trois mois. Il a clairement perdu son pari de sortir renforcé du référendum, mais son successeur devra faire face à un système politique profondément secoué par le scrutin du 23 juin.

Logiquement, David Cameron a annoncé sa démission du 10, Downing Street ce 24 juin au matin dans les trois mois. La défaite du vote pour demeurer dans l'Union européenne est, en effet, avant tout la sienne. Le premier ministre conservateur a trop présumé de lui-même et de sa stratégie. Pour asseoir sa domination sur le parti conservateur et pour réduire l'influence grandissante du parti europhobe UKIP qui grignotait l'électorat tory, David Cameron avait conçu l'idée de ce référendum. Son pari était simple : remporter le scrutin après avoir encore un peu détaché le Royaume-Uni de l'UE pour convaincre les Eurosceptiques conservateurs. Une fois le Brexit enterré, l'UKIP perdait sa raison d'être et l'opposition eurosceptique tory n'aurait plus eu qu'à rentrer dans le rang.

Le pari perdu de David Cameron

Ce pari a lamentablement échoué. L'accord de février passé avec l'UE et qui devait « empêcher la sortie du Royaume-Uni » n'a convaincu personne. A gauche, on pouvait critiquer encore le renforcement de la financiarisation de l'économie britannique par la garantie donnée à la place de Londres et la restriction des droits des migrants. A droite, on pouvait insister sur l'absence de vraies restrictions à l'immigration interne à l'UE et sur les concessions faites par David Cameron. Au final, cet accord n'a convaincu personne et les tories se sont fracturés autour de l'ambition de l'ancien maire de Londres, Boris Johnson. Un adversaire redoutable qui a réduit l'audience de David Cameron dans son propre camp.

Dès lors, la situation de David Cameron est devenue intenable : son « accord » ne pesait pas grand-chose dans l'opinion et n'a jamais pu être au centre de la campagne. Du côté de la campagne contre le Brexit, on a tenté de jouer sur les conséquences d'une sortie de l'UE. Mais le vote se jouait à gauche, auprès des régions travaillistes post-industrielles. Or, David Cameron n'a guère d'influence sur cet électorat et le Labour n'a pas réussi à convaincre et, quand il l'a fait, il l'a fait avec des arguments opposés à la politique de David Cameron (critique de l'austérité et volonté de changement de l'UE). La campagne a donc totalement échappé au Premier ministre qui aurait eu bien du mal à rester en place, même en cas de vote « Remain ». Son dernier discours, où il a cherché à établir une relation « personnelle » avec son peuple n'a pas pesé, preuve que cette relation n'existe pas.

Les Conservateurs divisés

David Cameron va donc quitter la scène et restera dans l'histoire comme un « perdant », quel que soit ses succès passés (deux élections générales et un référendum écossais gagnés). Il laisse un pays très fortement divisé et un système politique en lambeaux. Le parti conservateur, particulièrement, va inévitablement entrer en crise. L'appareil tory était majoritairement pro-UE. Se ralliera-t-il par conscience partisane au nouvel homme fort du parti qui, inévitablement, sera Boris Johnson ? Rien n'est moins sûr. Le vieux parti conservateur peut-il alors se scinder en deux ou perdre une grande partie de ses cadres qui rejoindraient les Libéraux ou créeront un autre parti ? Le système électoral britannique ne plaiderait pas pour ce scénario, mais les conservateurs pro-européens pourraient compter sur quelques bastions (l'Oxfordshire, le sud de Londres, le Hampshire) qui leur permettraient de peser au parlement. Il ne faut donc pas exclure cette possibilité.

Le choix du premier ministre par les Tories : un élément crucial

Boris Johnson sera-t-il le successeur de David Cameron? (Crédits : REUTERS/Peter Nicholls)

Le premier signe de l'avenir des Tories sera le comportement de la majorité des députés conservateurs au moment du choix du successeur de David Cameron d'ici trois mois. Si Boris Johnson n'est pas accepté par certains et s'il ne dispose plus de la majorité aux Communes (actuellement les Tories ont une majorité de 12 députés), alors il faudra en passer par de nouvelles élections et les Conservateurs risquent de se diviser profondément. Ce serait évidemment un événement majeur dans la vie politique britannique qui conduirait à rendre le pays moins gouvernable au moment où il doit négocier les termes de la sortie de l'UE. Car la tâche de Boris Johnson n'est pas plus aisée. Il pourrait certes prétendre ramener « à la maison » les électeurs UKIP, mais sera-ce suffisant pour compenser les éventuelles pertes sur son centre ? Bref, David Cameron a peut-être, avec le référendum, « travaillé pour le roi de Prusse » qui serait l'ancien maire de Londres, mais rien n'est sûr désormais.

Un Labour en difficulté

A gauche, le Labour qui s'était engagé fortement pour le « Remain » est un des perdants certains du référendum. La décision de Jeremy Corbyn, peu convaincu par l'UE, de suivre la majorité des cadres de son parti n'a pas permis de ramener dans le giron européen ses électeurs traditionnels du pays de Galles ou du nord de l'Angleterre. Le Labour n'a été écouté que par ses électeurs londoniens, à l'aise dans la mondialisation. Le parti est donc ce 24 juin plus que jamais coupé d'une partie de sa base. Que va-t-il faire alors ? Demeurer sur la même ligne et réclamer le retour dans l'UE ou accepter entièrement le Brexit pour proposer un nouveau projet de société dans un Royaume-Uni hors de l'UE ? Dans les deux cas, il risque gros tant ses deux « électorats » semblent éloignés. Si Jeremy Corbyn s'est dit prêt à de nouvelles élections, le Labour va devoir définir sa ligne. Il n'est pas certain que le Labour apparaisse réellement comme une alternative au chaos conservateur annoncé. Sans compter que Jeremy Corbyn sort très affaibli de cette affaire : sa gauche va lui reprocher son engagement pro-UE, sa droite son manque d'entrain à mener la campagne. Les couteaux sont déjà tirés et beaucoup de cadres qui n'ont pas digéré sa victoire lors de l'élection interne de l'été 2015, ne manqueront sans doute pas cette occasion. Le débat interne risque de s'ouvrir au pire moment, alors que des élections sont probables et qu'il faudra tenir une ligne d'opposition à un gouvernement très à droite.

L'avenir du UKIP est plus incertain qu'il ne le croit

Le UKIP peut être considéré comme le grand vainqueur de ce scrutin, mais la réalité est moins simple. L'aspect caricatural de sa campagne pro-Brexit a sans doute influencé celle des Conservateurs, mais se traduira-t-elle dans les urnes par une adhésion à un parti ? Rien n'est moins sûr, car avec le vote en faveur du Brexit disparaît une des principales argumentations du leader de l'UKIP Nigel Farage. Il va donc devoir renouveler son discours, en clarifiant notamment son positionnement sur les futures relations entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. Le danger serait qu'il se transforme en un parti centré sur une surenchère du rejet de l'immigration. Mais, dans ce cas, il se placerait ouvertement à l'extrême-droite et il n'est pas sûr qu'il progresserait dans l'opinion. Le vote Brexit a sans doute été aussi un vote de rejet de l'immigration venant de l'Europe centrale, mais cela ne signifie pas que l'opinion britannique va devenir immédiatement favorable à des partis xénophobes. L'UKIP pourrait donc ne pas être in fine le vainqueur du scrutin référendaire. D'autant que la figure de Boris Johnson pourrait attirer beaucoup d'électeurs UKIP vers les Tories.

Le SNP, seul vainqueur ?

La possibilité d'un second référendum d'indépendance de l’Écosse est "sur la table", a déclaré vendredi à Édimbourg Nicola Sturgeon

Finalement, les seuls vainqueurs du Brexit sur le plan politique pourraient être ses adversaires les plus déterminées : les nationalistes écossais du SNP. La victoire nette du « Remain » en Ecosse devrait renforcer clairement le positionnement de ce parti qui lutte pour une Ecosse indépendante et dans l'Union européenne. Les électeurs du Labour, inquiets par le Brexit, pourraient alors se laisser tenter par l'indépendance dont les conséquences ne seront, finalement, pas plus catastrophiques que celle du Brexit. Le SNP pourrait donc encore progresser en Ecosse sur un programme de sécession pour rester dans l'UE et capter les électeurs du « Remain » des partis « britanniques ». Même constat en Irlande du Nord où le Sinn Féin pourrait voir son discours pro-réunification devenir beaucoup audible dans la communauté catholique.

Système politique fragmenté au pire moment

In fine, le pari perdu de David Cameron lui aura coûté cher. Mais son cas personnel ne serait rien s'il ne laissait derrière lui un système politique en lambeaux. Il faut sans doute remonter à la fin des années 1920 pour voir une telle confusion au Royaume-Uni. Or, cette confusion et cette division sont particulièrement dangereuses dans un pays qui va devoir définir une voie claire hors de l'UE et où le système électoral est conçu pour le bipartisme.

Romaric Godin
La Tribune / MCN, via mediacongo.net
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