Stop à l’exploitation illégale en RDC : l’ICCN réintroduit dans la nature une centaine de perroquets gris interceptés

Le moratoire du quota zéro d’exportation de ces oiseaux rares doit, absolument, rester d’application, martèle Cosma Wilungula. Le Directeur Général de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature "ICCN" a présidé, samedi 30 juillet dernier, une cérémonie de lâchage des perroquets gris dans la réserve de Bombo Lumene. Ce site se situe au plateau de Bateke, à près de 126 kilomètres du centre-ville de Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo. Par ce geste, le troisième du genre, il sied de le dire, l’homme compte mettre au premier plan, la lutte contre le braconnage et le trafic illicite de cette espèce. Et, de ce fait même, redorer le blason terni du pays qui se trouve être sur la liste noire des pays ayant dépassé le quota d’exportation légale fixé par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction "CITES". D’où, aux yeux de l’ICCN, il est apparu nécessaire de faire passer un moratoire pour qu’entre-temps, le Congo-Kinshasa puisse, avec élégance, satisfaire aux conditions majeures pour se conformer aux normes internationales. Ces lâchages constituent, à plus d’un titre, des signes palpables des efforts fournis par la RDC. Il pourra, assurément, s’en prévaloir lors des assises du CITES prévues en septembre prochain, en Afrique du Sud.

Le Directeur de l’ICCN a remercié vivement les services compétents pour la saisie in extremis de ces perroquets. Car, renseigne-t-il, ils étaient déjà mis dans une caisse pour être, malheureusement, en violation de la loi, être exportés vers l’Irak. Le perroquet gris, poursuit-il, est un des meilleurs, mieux, le meilleur oiseau parleur. Son commerce, quoique fort bien réglementé sur le marché international à cause de la valeur marchande d’un individu qui peut, à tout hasard, valoir jusqu’à plus de 1500 dollars, attise les envies des braconniers et autres aventuriers qui, attirés par l’appât du gain, versent, hélas, dans l’illégalité, jetant ainsi de la sorte, le discrédit sur le pays.

Quota légal d’exception

Face à la mesure d’exclusion totale quant au commerce légal du perroquet gris, la République Démocratique du Congo, via l’ICCN, a jugé nécessaire que pour se mettre en ordre, il fallait faire passer la réglementation grâce au moratoire du quota zéro. C’est-à-dire qu’aucune exportation n’ait encore lieu avant la satisfaction de trois critères qui devront, d’ailleurs, assurer le CITES du sérieux du Congo-Kinshasa. «Pendant les 5 dernières années, nous avions dépassé notre quota d’exportation. Nous étions en train d’être frappés par une mesure d’interdiction de commerce avec tous les pays du monde», indiquait Cosma Wilungula aux prises d’avec les professionnels des médias pour justifier cette mesure. Toutefois, il a été aussi renseigné que le pays peut exporter encore des perroquets. Ce cas exceptionnel ne s’applique qu’aux oiseaux qui étaient déjà à Kinshasa, lors de l’entrée en vigueur du moratoire. Et, par ailleurs, les détenteurs de ces derniers doivent être en ordre avec toutes les formalités exigées par les normes internationales et nationales. C’est ainsi que tous les maffieux ne peuvent plus désormais jouir de ce privilège. Il sied de signaler que les détenteurs légaux sont eux soumis à un quota de 1600 individus l’an pour l’ensemble du pays.

Troisième du type

Le jeudi 23 juin de l’année en cours, près de mille individus ont été lâché dans a nature toujours dans la réserve de Bombo Lumene, dans la Ville-Province de Kinshasa. La deuxième opération, rapporte l’ICCN, a eu lieu dans le chef-lieu de la province de Maniema, à Kindu, en marge de la commémoration de la fête d’indépendance de la RDC. Celle intervenue se trouve ainsi, être la troisième.0 elle n’est nullement la dernière, martèle l’ICCN. Le total lâché dépasserait aujourd’hui 1500 individus libre dans la nature.

Trois conditions

Pour se dédouaner et attester que tout a été, véritablement, remis à l’ordre en République démocratique du Congo par rapport au commerce du perroquet, trois exigences majeures doivent être remplies. En imposant un moratoire zéro, la RDC a pris le devant pour d’abord commencer par décourager les maffieux, signale monsieur Cosma mais, des dispositions sont en train d’être prises pour satisfaire auxdites exigences. Il s’agit de faire l’inventaire de la population des perroquets qui existent au pays par une ou des études fiables, d’établir un plan de gestion de cette population et, enfin, d’émettre un avis de commerce non préjudiciable sur les perroquets vendus.

Quid de la réserve de Bombo Lumene ?

Ce site géré par l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature a été créé en 1958. Il dispose d’une étendue de 3500 kilomètres carrés. Comme valeur écologique et touristique pour la faune, il y a des Buffles, des hippopotames, des singes, divers types d’oiseaux, des serpents (python), divers poissons etc. Cosma, le patron de cette entreprise, à plus d’une reprise, lors du lâchage, soutient que c’est un cadre idéal pour les perroquets gris qui peuvent y vivre en toute quiétude. Aucun quidam ne pourrait se hasarder à y faire de la chasse. Sinon, il tomberait sous les griffes de la garde paramilitaire.

Zoom sur le perroquet

Le terme perroquet est un terme du vocabulaire courant qui désigne plusieurs sortes d'oiseaux psittaciformes ayant généralement un gros bec crochu, une taille importante, des couleurs vives et qui sont doués pour l'imitation des sons ou de la parole. Ces oiseaux sont surtout connus du grand public pour leur faculté d'imitation de la voix humaine, très développée chez certains spécimens. C'est l'une des raisons qui expliquent leur adoption depuis des siècles comme animal de compagnie. Ce succès a eu des conséquences désastreuses pour de nombreux Psittacidés qui sont devenus rares à l'état sauvage. C’est justement ce que le CITES et l’ICCN redoutent pour le cas type de la RDC. C’est ainsi que des mesures drastiques sont de mise. En sus, Les perroquets comme tous les oiseaux jouent un rôle majeur au sein de la biodiversité. Consommation d’insectes nuisibles à l’agriculture, dissémination des graines pour la reforestation et pollinisation des plantes, voilà quelques arguments de plus qui poussent l’ICCN à dire, avec vigueur, halte au commerce illicite des perroquets gris.