Femme
Des milliers de femmes ont défilé mercredi de Buenos Aires à Mexico en passant par La Paz ou Madrid pour protester contre le meurtre sauvage en Argentine de Lucia Pérez, 16 ans, qui avait auparavant été droguée et violée.
A Buenos Aires, une mer de parapluies a envahi la Plaza de Mayo mercredi en fin de journée. En dessous, des centaines de femmes vêtues de noir en signe de deuil venaient de défiler en scandant "ni una menos" (pas une de moins), cri de ralliement des autres manifestations à travers le continent.
Un peu plus tôt, à 13H00 (16H00 GMT), les Argentines ont arrêté de travailler une heure pour protester.
Dans ce pays qui est l'un des plus développés d'Amérique latine, une femme est tuée sous les coups de leur compagnon toutes les 36 heures.
"Le cas de Lucia Pérez a servi de détonateur pour réclamer justice pour toutes les femmes qui souffrent de la violence machiste", a expliqué à l'AFP l'une d'elles, Gabriela Spinelli, qui avait suivi la consigne de venir habillée en noir.
A Barcelone et à Madrid, des dizaines de femmes ont manifesté en portant des pancartes où on lisait : "Combien faut-il de Lucia Pérez avant que vous arrêtiez de dire qu'on exagère?".
Plusieurs manifestations ont également eu lieu au Chili, Mexique, et en Uruguay mercredi en solidarité avec l'Argentine, a constaté l'AFP.
Après avoir réuni par le passé des centaines de milliers de personnes, le mouvement citoyen #NiUnaMenos organisait mercredi soir sa cinquième mobilisation depuis le début de l'année, cette fois après le meurtre de Lucia Pérez, survenu à Mar del Plata, grande station balnéaire et port de la côte Atlantique.
Forcée à consommer de la cocaïne, l'adolescente a été violée le 8 octobre par plusieurs hommes avant d'être empalée. La douleur lui a été si insupportable qu'elle a succombé à un arrêt cardiaque, a raconté la procureure chargée du dossier, Maria Isabel Sanchez.
Fait plutôt rare en Argentine, deux suspects de 23 et 41 ans, des dealers, ont été arrêtés.
Après le meurtre, ils auraient donné un bain à Lucia avant de l'emmener à un centre de santé où ils ont affirmé qu'elle avait été victime d'une overdose.
Barbarie
"Ce n'est pas très professionnel de le dire, mais je suis mère, dans ma carrière j'ai vu des choses horribles, mais jamais une affaire avec une conjonction de faits aussi aberrants", a dit la magistrate Maria Isabel Sanchez.
"C'est impossible de comprendre une telle barbarie", s'est insurgée Marta Montero, la mère de la victime.
Lucia "avait les narines violettes avec toute cette cocaïne qu'ils l'ont obligée à prendre", a raconté son père, Guillermo Pérez.
Malgré les détails sordides de cette affaire qui ont choqué le pays, au moins quatre autres femmes ont été tuées par leur mari ou ex-compagnon au cours des dix derniers jours en Argentine.
L'avocate et militante du réseau civil de femmes Sabrina Cartabia dresse un bilan pessimiste des mobilisations, qui selon elle n'ont pas amélioré la situation, même si elle reconnaît que les faits de violence sont dénoncés plus rapidement.
Auparavant, il fallait en moyenne six ans pour qu'une femme dénonce des maltraitances. "Aujourd'hui cela a baissé à un an en moyenne", explique-t-elle.
Selon le registre national des féminicides, établi par la Cour suprême de justice, 235 femmes en ont été victimes en 2015 en Argentine. Parmi elles, 18% des victimes avaient moins de 20 ans et dans plus de la moitié des cas, le meurtrier était le conjoint ou ex-compagnon.
Le féminicide, meurtre d'une femme motivé par le fait qu'elle est une femme, a été inscrit dans le code pénal argentin en 2012 comme circonstance aggravante d'un homicide. Alors que ce dernier est puni de 12 à 25 ans de prison, la peine encourue est élevée à la perpétuité en cas de féminicide.
Ce crime est intégré dans la législation de 15 autres pays latino-américains, dont le Chili, le Pérou, la Colombie et le Brésil.
En France, le terme est entré dans le dictionnaire Petit Robert en 2014 mais pas dans la loi. Jean-François Bouvier, père d'une des deux jeunes femmes assassinées à Salta (nord-ouest argentin) en 2011, milite pour que cette notion figure dans le code pénal, en France aussi.
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