Afrique
L'opposant gabonais Jean Ping estime que les violences commises avant et après l'élection présidentielle du 27 août représentent un crime contre l'humanité. Le pouvoir parle de quatre morts, l'opposition beaucoup plus. Elle affirme avoir identifié au moins 22 personnes tuées par balles après l'annonce des résultats.
La Cour pénale internationale menait déjà depuis fin septembre une enquête préliminaire sur la période électorale au Gabon, elle a maintenant de nouveaux documents sur lesquels travailler. Maître Emmanuel Altit, avocat international, a remis jeudi matin au bureau de la procureure de la CPI ce qu'il présente comme des preuves de violences commises contre des civils.
« Nous avons déposé un dossier qui est le fruit de trois mois d’enquête, mené en collaboration avec les représentants de la société civile sur place, au Gabon, dans des conditions très difficiles, puisqu’ils risquent leur sécurité et, parfois leur vie, en enquêtant. Et nous avons obtenu, grâce à eux, de très nombreuses attestations, des dizaines et des dizaines d’attestations, de très nombreux documents de preuves, qui prouvent qu’un crime contre l’humanité a eu lieu, le 31 août 2016, commis par les forces de sécurité gabonaises et dont les responsables doivent être recherchés, les responsables se trouvant dans la chaîne de commandement et ce, jusqu’au plus haut niveau ».
« Un tissu de mensonges », selon le gouvernement
Des allégations une nouvelle fois rejetées catégoriquement par les autorités. Le ministre gabonais de la Communication, Alain Claude Bilie By Nze, retourne l'accusation.
« Nous aurons enfin la possibilité de voir les charniers que monsieur Ping prétend avoir vu au Gabon. Nous pourrons enfin voir comment est-ce qu’il va documenter tout cela. Parce que tout ceci est un tissu de mensonges. Il y a eu des violences mais monsieur Jean Ping a été auteur des violences. Donc nous espérons que la période que la Cour pourrait être amenée à choisir intégrera la période pré-électorale, la période électorale et la période post-électorale, pour voir comment monsieur Jean Ping a planifié les violences au Gabon. Et son dessein a été malheureusement déjoué pour lui, parce qu’il voulait prendre le pouvoir par la rue et par la force ».
La Cour pénale internationale va donc étudier les documents présentés par Jean Ping pour décider si, oui ou non, elle ouvre une enquête. La CPI peut prendre tout le temps qu'elle souhaite, elle n'est soumise à aucun délai pour aboutir à une décision.
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L'opposant gabonais Jean Ping (ici le 27 août à Libreville).