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Infos congo - Actualités Congo - 08 Mars 2024
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Afrique

Mutinerie en Côte d'Ivoire: «Pas de risque de coup d’Etat, c’est de la boulimie», affirme un opposant

2017-02-10
10.02.2017 , Yamoussoukro, Côte d'Ivoire
2017-02-10
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http://www.mediacongo.net/dpics/filesmanager/actualite/2017-actu/02-fevrier/6-12/cote_ivoire_militaires_17_0001.jpg Yamoussoukro, Côte d'Ivoire-

Soldats des forces spéciales, le 17 janvier 2017 à Yamoussoukry

Militaires, gendarmes, forces spéciales... tous les corps de l’armée ivoirienne sont en ébullition depuis janvier 2017. A l’origine de la crise, des primes accordées par l’Etat à des milliers d’ex-rebelles ivoiriens qui se sont mutinés. Où va la Côte d’Ivoire? Géopolis a posé la question à Mamadou Koulibaly, homme politique ivoirien et opposant déclaré au président Alassane Ouattara.

Mamadou Koulibaly n’y va pas par quatre chemins. L’ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne estime que la vague de mutineries qui secoue la Côte d’Ivoire n’est qu’une suite logique des pratiques de l’homme qui a pris le pouvoir par les armes à Abidjan. En oubliant de renvoyer l’ascenseur à ceux qui l’ont installé au sommet de l’Etat, Alassane Ouattara a fait des milliers de mécontents qui le lui rappellent aujourd’hui les armes à la main, explique-il à Géopolis.

«Ils veulent leur part du gâteau. Et ça peut durer. Même ceux qui ont été démobilisés ont conservé leurs armes. Ils ne veulent pas être exclus des bénéfices ou du butin à partager. Donc, les démobilisés eux aussi attendent leur tour. Même les chasseurs traditionnels, les dozos, comme on les appelle ici, estiment qu’ils ont aussi aidé Ouattara et qu’ils ont droit aux indemnisations. On ne donnera pas douze millions aux uns et rien aux autres. Alors, ils vont venir par vagues successives.»

«Pas de contestation politique»

Cette fois, ce sont des éléments des forces spéciales qui font le coup de feu. Ils font partie d’une unité d’élite de l’armée chargée d’assurer la sécurité du président Alassane Ouattara. Depuis janvier, d’anciens rebelles intégrés dans l’armée ont paralysé plusieurs villes pour réclamer le paiement de leurs primes.

Quelques 8500 d’entre eux se sont vu attribuer d’importantes sommes d’argent au terme d’un accord financier qui a provoqué la colère de militaires et gendarmes non concernés. Ils se sont à leur tour mutinés. Mamadou Koulibaly écarte tout risque de coup d’Etat en Côte d’Ivoire. C’est de la gourmandise, analyse-t-il.

«Je ne pense pas que ceux qui organisent tous ces mouvements soient dans une optique de contestation politique, dans une optique de coup d’Etat ou de renversement du régime. C’est de la boulimie, c’est de la gourmandise. Ils ont aidé un homme à accéder au pouvoir, ils sont conscients que sans eux, ce monsieur n’aurait jamais été au pouvoir, mais en même temps ils sont aussi conscients qu’il n’y a que lui qui soit capable de détourner les deniers publics pour satisfaire leurs différentes revendications. Ils sont conscients que Ouattara est le seul à le faire parce que sans eux il se sent très affaibli.»

Mamadou Koulibaly homme politique ivoirien

Mamadou Koulibaly, professeur d'économie et homme politique ivoirien. Ancien président de l'assemblée nationale, il a crée son parti «Liberté et démocratie pour la République» (Lider). C'est un opposant déclaré au président Alassane Ouattara.  © Photo AFP/Sia Kambou

Un impact certain sur l’économie ivoirienne

Faut-il craindre un retour du pays dans l’instabilité qui l’a longtemps miné? Mamadou Koulibaly n’exclut pas que cela puisse tourner au chaos. Mais ce serait un effet pervers, inattendu, affirme-t-il. Ce qui est sûr, c’est que cette vague de mutineries qui agite le pays aura un impact considérable sur l’économie du pays.

«Bien sûr que ça va avoir un impact. Ceux que Ouattara a officiellement intégrés dans ce processus sont environ 12 à 15.000 personnes. Chacune de ces personnes demande 12 millions de francs CFA. A défaut d’obtenir cinq millions en cash et une maison, ils ont demandé 12 millions plus des grades. C’est quelque chose qui va chercher dans les 130 à 200 milliards de francs CFA qui n’étaient pas du tout prévus dans la loi de finances votée par l’Assemblée nationale. Ça aura forcément des répercussions sur le citoyen ivoirien en termes de pouvoir d’achat, d’impôts à payer et puis en termes de revendications sociales. Pourquoi on donne aux militaires et pas aux enseignants, aux médecins et aux fonctionnaires?»

«Une armée indisciplinée» difficile à gérer

La Côte d’Ivoire a lancé en 2016 une ambitieuse loi de programmation militaire jusqu’en 2020. Elle prévoit des achats d’équipements modernes pour 1,2 milliard d’euros et une refonte des effectifs de l’armée qualifiés de pléthoriques. Alassane Ouattara parviendra-t-il à se séparer d’une partie de ceux qui l’ont installé à la tête de l’Etat? Rien n’est moins sûr, estime Mamadou Koulibaly.

«Ouattara a trop besoin de ces personnes pour continuer à se faire craindre. Il ne peut donc pas y toucher maintenant. Ces personnes-là sont des jeunes de 25 à 35 ans et ne partiront à la retraite que dans 25 ou 30 ans. Ils ont exigé et obtenu des grades qui ne correspondent pas à des compétences précises. Ils ont montré par leurs revendications que la règle d’or de notre armée, ce n’est pas la discipline mais plutôt l’indiscipline. Alors, une armée indisciplinée et en grand nombre, avec des grades farfelus ne peut pas être gérée en cinq ans ou dix ans. Il faut gérer tout ce monde jusqu’à la retraite.»

Mamadou Koulibaly constate avec regret que depuis la mort du président Houphouet Boigny, personne n’a accédé au pouvoir en Côte d’Ivoire sans disposer d’une armée à sa solde. Les alliances ne peuvent être tissées que sur l’ethnie, la force des armes et l’argent, confie-t-il à Géopolis.

«Parce que ces 12 à 15.000 personnes qui ont été intégrées dans l’armée se ressemblent toutes. Elles sont de même couleur, de même origine, même niveau d’études à peu près. Elles revendiquent des grades avec l’argent qui va avec. Et des maisons pour la retraite. C’est un fonds de commerce.»

Mamadou Coulibaly appelle les acteurs politiques ivoiriens à nouer un véritable dialogue sur les questions qui préoccupent le pays. Il faut, dit-il, sortir la famille politique de la tribu et du clan. «Tant qu’on ne se parle pas, tant que chacun voudra devenir président en s’appuyant sur une ethnie, sur une armée, il y aura toujours des conflits», prévient le président de Lider.

Martin Mateso
Geopolis
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