Société
Massacres en série à Beni dans le Nord-Kivu, accrochages récurrents avec mort d’hommes entre les miliciens du chef coutumier Kamuina Nsapu et les forces de l’ordre dans le Kasaï Central, échauffourées dans le Kongo central avec les adeptes de la secte politico-religieuse Bundu dia Kongo, conflits interethniques entre les Pygmées et les Bantous dans l’ex-Katanga. Hormis les diverses milices et groupes armés qui pullulent dans le Grand Kivu, la situation sécuritaire est au bord de l’explosion. Il faut craindre un effet contagion à l’échelle nationale.
Après les massacres en série de Beni qui ont occasionné, depuis octobre 2014, plus de 300 victimes, tués de la manière la plus atroce, ce phénomène est en train de gagner d’autres coins de la République démocratique du Congo. Le gouvernement ayant brillé par son incapacité à négocier avec les forces négatives qui continuent à endeuiller le territoire de Beni dans le Nord-Kivu, d’autres coins de la RDC ont pris le relais.
Depuis quelques mois, l’espace Grand Kasaï est en grande ébullition. A la base, le grand activisme du chef coutumier Kamuina Nsapu, dont les adeptes s’affrontent sans relâche contre les forces de l’ordre. A ce jour, on dénombre déjà environ 300 morts aussi dans les rangs des adeptes du chef Kamuina Nsapu que dans les forces de l’ordre. A ce jour, aucune action n’a été mise en œuvre pour s’attaquer à la racine du mal. Hésitant, le gouvernement ne sait donc pas par quel bout prendre le taureau.
En attendant, dans les deux grandes villes du Kasaï Central, Kananga et Tshimbulu, c’est la débandade. La population, presque abandonnée, n’a pour seule voie de survie que la fuite, très loin de zones d’accrochages.
Du Kasaï Central au Congo Central…
Comme si la situation au Kasaï Central n’en suffisait pas, le Kongo Central est également entré en ébullition.
Tout a commencé par des échauffourées internes qui ont opposé, dans la ville de Kimpese et la cité de Songololo, les adeptes de la secte politico-religieuse Bundu dia Kongo, avant d’obliger les forces de l’ordre et de sécurité à intervenir pour rétablir l’ordre et la sécurité. Comme dans le Kasaï, les troubles mettant en cause les adeptes de BDK se sont également soldés par la mort d’hommes, un nombre important, selon des sources concordantes.
Pire, les événements de Kongo Central se sont finalement transposés dans la ville de Kinshasa où la secte BDK compte un nombre important d’adhérents. La commune de Ngiri-Ngiri a connu une ambiance particulière dans la journée du lundi 13 février sur l’avenue Bosenge, autour d’une parcelle présentée comme appartenant au chef spirituel de BDK, le député national Ne Muanda Nsemi. Hier mardi, le quartier Ma Campagne de la commune de Ngaliema a connu une journée troublée autour de la résidence de Ne Muanda Nsemi. Jusque hier dans la soirée, des tirs isolés étaient enregistrés dans ce quartier résidentiel de la ville de Kinshasa.
Mais, bien avant les évènements du Kasaï et du Kongo Central, dans l’ex-province du Katanga, des tensions récurrentes, se soldant généralement par mort d’hommes, continuent à opposer les pygmées aux bantous. Pour le moment, on observe un calme précaire dans cette partie de l’ex-province du Katanga. Mais, les tensions latentes sont toujours perceptibles.
Un cocktail explosif
Entre Beni, le Kasaï, le Kongo Central et l’ex-Katanga, il y a un cocktail qui n’augure pas de jours apaisés en RDC. En prenant en compte la situation politique précaire, envenimée davantage par de profondes divergences autour du rapatriement de la dépouille mortelle d’Etienne Tshisekedi, il y a de bonnes raisons de s’inquiéter.
Et pendant ce temps, que fait le gouvernement ? C’est juste le décompte de morts et l’organisation d’une machine de répression que plusieurs organisations internationales ont, pour le cas du Kasaï, jugé totalement disproportionnée. Il en est également le cas dans le Kongo Central. Pareil pour l’ex-Katanga. Sans parler de Beni où le gouvernement brille non seulement par son inactivité mais surtout par son inaptitude à revenir à bout d’un ennemi pourtant connu et clairement identifié, c’est-à-dire les rebelles ougandais de l’ADF.
Contrairement au Kasaï et au Kongo central, le gouvernement ne montre pas le même empressement à déployer des gros moyens pour neutraliser la pieuvre de Beni ? Une politique de deux poids deux mesures qui intrigue.
Néanmoins, le plus important est d’étouffer la révolte de ces différents foyers, à savoir Beni, Kasaï Central, Kongo Central et ex-Katanga avant que, par effet domino, les tensions ne s’étendent dans d’autres coins de la RDC. Car, plus au Nord, notamment dans les provinces issues de l’ex-province Orientale et l’ex-Equateur, la situation sécuritaire paraît plus que fragile. Dans l’ex-Equateur, on a encore frais en mémoire l’épilogue Enyele, ce chef milicien qui a endeuillé il y a quelques années cette province. Dans l’ex-province Orientale, les éléments de la LRA disséminés dans différents coins de la province n’ont jamais été neutralisés.
Au regard de ce qui se passe dans le Kongo Central et dans le Kasaï, le gouvernement doit s’armer de courage en s’attaquant efficacement aux racines du mal. Comme l’a clairement mentionné la dernière rencontre du Conseil national de sécurité, organisée autour du chef de l’Etat, le problème du Kasaï tout comme celui du Kongo doit être saisi à trois niveaux, c’est-à-dire sécuritaire, politique et coutumier. Ces tensions récurrentes sont le fait d’un malaise. De quelle nature ? C’est ce que le gouvernement doit chercher à comprendre ?
Après toutes ces années de guerres meurtrières, la RDC ne peut plus retomber dans un nouveau cycle de violences. La situation dans le Kasaï Central, le Kongo Central, le Nord-Kivu et l’ex-Katanga est si explosive qu’il faut pour le moment mettre tout en œuvre afin d’éviter un effet contagion qui aura la lourde conséquence de déstabiliser tout le pays.
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