La Rumba congolaise : si les congolais étaient conscients de sa splendeur, ses effluves, ses profondeurs

Dans le cadre de la Constitution des Etats Unis d’Afrique, Le potentiel publie cet article écrit par un ivoirien pour que les artistes congolais prennent conscience. Il est possible de caresser un rêve de renaissance en faveur de l’Afrique, à partir de son génie, de ses ressources et de ses sensibilités. L’Afrique peut rêver pour elle et traduire son rêve dans la réalité, pour la pleine réalisation de ses potentialités au bénéfice de la construction d’un destin de progrès pour ses filles et fils.

Autant la Rumba fait méditer, autant elle permet le rêve. Il est, en effet, permis, au regard de sa splendeur, de ses effluves et de ses profondeurs, d’entrevoir dans la Rumba les perspectives d’un rêve en faveur de la renaissance du Bassin du Congo et de l’Afrique. Il est possible de croire en l’Afrique, en ses ressources, en son génie, en ses capacités de se définir un cadre, un espace et un mode d’organisation pour se réaliser pleinement, dans plusieurs domaines. La musique, selon les bien-pensants, pourrait n’être qu’un moyen de distraction, de divertissement, d’expression d’une conception ludique de la vie, envisagée de manière rigide et carrée.

Pourtant, le musicien est d’abord un créateur, un concepteur, un intellectuel dans le sens le plus profond du terme. L’art musical est principalement de génie, d’esprit, de spiritualisme. Concevoir des textes et les mettre en musique, les faire correspondre à un degré de beauté et de grandeur, comme les musiciens congolais le font, relève d’une élévation d’esprit à laquelle ne peut accéder que celui ou celle qui est connecté à un génie supérieur à celui du commun des mortels !

Pourquoi le Bassin du Congo, au cœur de l’Afrique, qui produit cette musique extraordinaire, sur plusieurs générations, avec une excellence jamais égalée dans le monde, ne pourrait-il pas servir d’aiguilleur à une prise de conscience de manière à impulser un élan de renaissance de cette partie du globe ? Pourquoi cette partie du monde doit-elle être à la traîne dans bien d’autres domaines, lorsqu’elle est génératrice d’une telle beauté musicale, traduction de l’effervescence de son génie artistique ? N’est-il pas possible de bâtir un pont entre l’excellence musicale congolaise et l’ignition d’une flamme de progrès et de développement au cœur de l’Afrique pour illuminer tout le continent ?

N’y a-t-il pas matière à réplication du génie musical congolais à d’autres domaines de conception, d’organisation et de gestion de ce vaste terroir en vue de la définition d’une vision, de l’engagement et de la maturation d’actions vigoureuses de développement ? Comment laisser des espaces de progrès et de développement échapper à des hommes et femmes capables du meilleur et qui le prouvent déjà à travers leur vigueur intellectuelle exprimée dans une musique de brillance ?

Qu’attendent les intellectuels africains, les hommes et femmes des lettres et des arts ? N’y a-t-il pas lieu de tirer partie de la résilience du Bassin du Congo à travers sa brillance musicale pour mettre en pensées et en actions des schémas de développement endogène ? Les musiciens congolais donnent de grandes leçons aux élites politiques et intellectuelles de nos pays. Il y a matière à réflexions et à actions dans l’exemple que nous fournissent des musiciens, une catégorie de personnes à laquelle l’élite politique dirigeante accorde peu de considération et qui, pourtant, fait étalage de la dextérité de ses membres et de leur savoir-faire à travers les œuvres qu’ils produisent !

Plus que les diplomates et les acteurs économiques, ils vendent l’excellence des peuples du Bassin du Congo partout dans le monde ! Plus que les écrivains, ils rendent compte du pittoresque et des merveilles du chant, de la musique et de la poésie congolais ! Plus que des caravaniers, ils voyagent, à travers leurs œuvres pour partager la profondeur de la musique congolaise. Par leurs voix, le maniement des instruments, ils gagnent des victoires sans livrer des combats, au profit de la grandeur de leur terroir !

L’excellence de la musique congolaise ne saurait s’arrêter à la contemplation béate ou à la délectation benoîte de nos oreilles. Elle ne saurait s’engager sans susciter des questions, des interrogations, en un mot, sans provoquer une prise de conscience pour aiguillonner la mise en mouvement des capacités des peuples africains pour qu’ils prennent en main leur destin. L’appréciation ludique de la musique s’arrête avec la fin de l’écoute d’une plage musicale ; la lecture profonde et pénétrante de la musique, au-delà des effets sensoriels, continue après l’audition d’une chanson. Bien plus, la musique ne renvoie le mélomane averti à des souvenirs, autant qu’elle le projette dans le futur, par le jeu de la méditation. En cela, la musique nous donne des clefs pour comprendre des situations et proposer des solutions pour construire un futur de paix et de progrès.